Felipe Massa insiste sur le fait qu’il mérite le titre mondial 2008. Quinze ans après les faits, le Brésilien explique qu’il a plusieurs arguments, outre l’interview de Bernie Ecclestone ayant dit que la F1 et la FIA savaient que Renault avait triché. Une autre interview, de l’ancien directeur de course Charlie Whiting, serait aussi un argument selon lui.
"Il y avait une règle qui disait que le trophée serait remis en décembre, ce qui arrive toujours chaque année, et qu’à partir de là, l’année suivante, le résultat ne pourrait plus être modifié" explique Massa à Globo Esporte. "Pour moi, c’était vraiment une blague qu’ils m’ont faite."
"Toute l’histoire s’est déroulée après l’interview qu’il a donnée. Et une autre chose, ce n’est pas seulement l’interview qu’il a faite. C’est ce qu’a dit Charlie Whiting dans le documentaire de Max Mosley, que nous avons retrouvée plus tard."
"Nous avons vu une interview que Whiting avait donnée avant son décès et dans laquelle il disait que, lors de la dernière course de l’année, il avait eu une conversation avec Nelson Piquet Snr, qui lui avait tout raconté."
"C’était ici à Sao Paulo, en 2008, et il semble que l’interview de Bernie soit vraiment correcte. Car non seulement il savait, mais Charlie Whiting et Max Mosley, comme il le dit dans l’interview, étaient au courant de cette manipulation qui s’est produite en 2008."
"Ils ont décidé de ne pas ouvrir le dossier parce qu’ils le voulaient. Il s’agissait donc d’un effort commun de la FIA et de la Formule 1 pour ne pas ouvrir le dossier en 2008. Pour moi, c’est quelque chose d’inacceptable."
Ce que Massa attend de Domenicali et de la FIA
Massa était dirigé chez Ferrari par Stefano Domenicali, aujourd’hui PDG de la Formule 1. Le Brésilien n’en veut pas aux dirigeants actuels de la F1 et la FIA, qui n’étaient pas les mêmes, mais compte sur Domenicali et Ben Sulayem pour se pencher sur le cas du Crashgate.
"Stefano est comme un frère pour moi. C’est une personne qui a une grande affection pour moi, et moi pour lui, une très grande relation. Logiquement, il s’agit d’une situation qui s’est produite dans le passé, dans une autre F1. Les propriétaires de la F1 d’aujourd’hui n’étaient pas là."
"La FIA est également une autre organisation aujourd’hui. À l’époque, le président était Max Mosley, aujourd’hui c’est Mohammed Ben Sulayem. Ce sont des personnes différentes et je pense que ce sont des personnes qui savent tout ce qui s’est passé à ce moment-là. J’espère qu’ils agiront de manière équitable pour le sport."
"Je pense qu’aujourd’hui la FOM et la FIA agissent d’une manière très différente, en pensant à l’équité, à l’intégrité. Je pense que c’est un point très important pour eux d’analyser la situation de la bonne manière, ce qui n’a pas été le cas à l’époque."
Massa parle d’arrêt ou d’annulation de la course dès le 14e tour, justifiant que l’arrêt que Ferrari lui a raté - et qui a été l’incident qui lui a également coûté le titre - n’aurait pas eu lieu. Il est difficile de comprendre sur quelle base réglementaire se repose le Brésilien pour justifier qu’une triche d’une équipe doive annuler une course.
"La manipulation s’est produite avant l’arrêt au stand. Beaucoup de choses se sont produites lors de cet arrêt au stand. Le tuyau et tant d’autres choses qui se sont produites n’interfèrent pas et n’ont pas d’importance, parce que tout s’est passé avant cet arrêt au stand. Cette course aurait dû être annulée ou, au pire, arrêtée au 14e tour. Cet arrêt au stand, selon les règles et les manipulations, n’a pas eu lieu."
"Je me sens champion" assure Massa
Massa réitère que selon lui, il est le champion du monde 2008 méritant : "Sans aucun doute, je me sens champion. Je crois que tous les Brésiliens qui ont souffert dans cette dernière course de l’année... sans aucun doute, je me sens champion, et cela aurait été une célébration incroyable à Interlagos, dans ce dernier moment de 2008."
"Je ne fais pas cela pour l’argent. Je le fais pour la justice du sport. Donc, tout ce que les gens essaient d’écrire à propos de l’argent est complètement faux. Les compensations existent bel et bien. Par exemple, je dépense beaucoup d’argent dans cette affaire, mais je ne le fais pas pour l’argent."
"La plupart des gens sont d’accord avec moi. La manipulation de la course a été confirmée par la FIA" poursuit-il, se reposant de nouveau sur l’interview de Whiting. "Tout ce qui s’est passé a été confirmé. Nous ne sommes pas là pour raconter une histoire que personne ne connaît."
"Ce qui s’est passé est clair : une manipulation. Et il n’y a pas eu de changement par rapport à une course volée. Bien sûr, il n’y a rien de plus à dire. Nous sommes ici pour montrer qu’ils savaient en 2008 et qu’ils n’ont rien fait."
Massa accuse Alonso d’avoir été au courant
Le vice-champion 2008 explique qu’il ne fait pas cela contre Lewis Hamilton, mais juste pour lui. En revanche, il accuse Fernando Alonso d’avoir su ce qu’il en était, puisqu’il n’a jamais réussi à parler du crashgate avec son ancien équipier.
"Lewis n’a rien à voir avec tout cela. Il n’est pas impliqué dans la manipulation. J’ai parlé à Alonso à plusieurs reprises, lorsque nous étions coéquipiers chez Ferrari. Logiquement, Fernando a toujours insinué que ce n’était pas de sa faute, mais il a toujours changé de sujet."
"Je n’ai jamais eu de conversation claire, quand une personne accepte et parle, c’est qu’elle est claire sur les choses. Quand la personne ne veut pas parler de la bonne manière, nous savons qu’il savait peut-être tout. Je suis sûr qu’il le savait."