Afin de réduire les coûts en pleine crise du coronavirus, la FIA a décidé de limiter le développement des monoplaces entre 2020 et 2021 : seuls deux jetons seront autorisés. Mais une brèche pourra être exploitée par les équipes utilisant aujourd’hui, sur leur monoplace 2020, des pièces 2019 : en effet, si, en 2021, des équipes (comme Racing Point ou AlphaTauri) souhaitent utiliser des pièces 2020 provenant d’écuries-mères (Mercedes et Red Bull), elles n’auront pas à dépenser de jetons.
Une telle règle désavantage clairement Renault, Haas ou Alfa Romeo, qui ne pourront compter sur un tel système l’an prochain. Et pourtant, les équipes avaient bien voté en connaissance de cause pour ce règlement technique : il est donc trop tard pour réagir.
C’est en substance le message adressé par Otmar Szafnauer, chez Racing Point, à ses homologues…
« Nous nous sommes tous mis d’accord, en mai dernier, sur le système de jetons qui est actuellement en place. Et pour nous, par exemple, il est bien trop tard pour revenir sur ce point. Nous avons arrêté le développement de la voiture de cette année il y a un certain temps et nous sommes en plein développement pour l’année prochaine. Et parce que nous achetons nos composants - la boîte de vitesses chez Mercedes - ce n’est pas vraiment à nous de pouvoir contrôler ce que nous achetons. Nous ne pouvons acheter que ce qu’ils nous vendent. »
McLaren est dans une position encore plus particulière, puisque l’équipe aura à changer d’unité de puissance, pour passer du Renault au Mercedes. Zak Brown s’élève donc contre les évolutions gratuites de certaines équipes, mais il est certainement trop tard...
« Tout est possible jusqu’au début de la saison 2021. Je pense qu’avec ces règlements, il y a parfois des conséquences imprévues. »
« Il semble un peu déséquilibré que nous devions utiliser nos jetons pour le changement de notre unité de puissance et que d’autres équipes ne doivent pas nécessairement dépenser des jetons - et pourtant, elles vont bénéficier d’évolutions gratuites. Je pense donc que c’est quelque chose qui doit être réexaminé, pour voir s’il est possible de tirer une conclusion plus juste à cette situation unique. »
Cyril Abiteboul est du même avis que Zak Brown : cette brèche est injuste et inéquitable. Et le directeur général de Renault assure que son équipe s’y était opposée dès les premiers instants.
« Pour être clair, le principe des jetons est juste - mais cette exception fait fausse route. Nous l’avons dit dès le premier jour. Nous l’avons dit en avril, puis de nouveau en mai. Nous votons en faveur du paquet de mesures tel qu’il a été présenté au sein du Groupe stratégique et ensuite au Conseil mondial du sport automobile, avec la mention explicite que nous n’étions pas favorables à cet élément du règlement - mais il s’agissait d’un paquet et il doit être accepté en tant que tel. »
« Je pense que depuis lors, davantage d’équipes ont réalisé les conséquences involontaires - ou peut-être étaient-elles des conséquences voulues - de cette clause et nous maintenons ce que nous avons dit en mai dernier. Depuis lors, un plus grand nombre d’équipes en ont pris conscience et ont donc exprimé leurs préoccupations. »
« Donc, oui, je pense qu’il appartiendra à la FIA de définir si c’est quelque chose qu’elle veut réexaminer. Mais si vous deviez retenir l’avis de la majorité des équipes, c’est quelque chose qui serait clairement réexaminé aujourd’hui. »