McLaren F1 a recollé au peloton de tête de manière spectaculaire au cours de la saison 2023, au point d’être assez souvent la 2e force du plateau, sur certaines courses, lors de la fin de l’année.
Mais pour la 1ère place, occupée par Red Bull, il reste encore une grosse marche à franchir. Est-ce possible de le faire pendant un hiver ? Au cours de la saison 2024 ? Andrea Stella, directeur de l’équipe fait le point à quelques semaines des premières présentations.
D’après ses calculs, à quelle distance étaient-ils de Red Bull en début et en fin de saison ?
"Dans certaines qualifications, nous étions très proches, voire plus rapides, comme au Qatar ou au Brésil. En course, Red Bull nous échappe, surtout dans la seconde moitié des relais. Ils ont deux à quatre dixièmes d’avance sur nous. Nous devons rattraper ce retard pendant l’hiver. Au début de la saison, nous étions une seconde plus lents en qualifications et une seconde et demie plus lents en course."
En moyenne, Red Bull était une demi-seconde par tour plus rapide qu’en 2022. S’attend-il à une progression plus faible des performances et y a-t-il alors une chance de rattraper Red Bull ?
"Nous n’en sommes pas encore au stade où la courbe de développement s’aplatit avec ces F1 à effet de sol. Je pense que nous assisterons à un autre bond en avant en 2024. Peut-être qu’il n’y en aura pas autant dans la seconde moitié de la saison. Avec le recul, ces règles nous ont donné de nombreuses géométries et directions de développement différentes. Avant 2022, la plupart des gens nous disaient que les voitures se ressembleraient toutes. Cette prévision était fausse. Je vois encore des opportunités de trouver du temps au tour."
Red Bull a une longueur d’avance sur la concurrence grâce à une architecture de châssis et de transmission spéciale. Est-ce plus dur à copier ?
"Ces fonctionnalités ne permettent pas de réaliser de meilleurs temps au tour. Elles vous donnent plus de marge sur les volumes de la carrosserie, ce qui vous permet de jouer davantage avec l’aérodynamisme. Encore faut-il faire un bon développement aérodynamique. Red Bull a eu la prévoyance de concevoir la configuration de la voiture pour en tirer le meilleur parti. Mais il serait injuste à leur égard de croire que ce sont là les seuls atouts de leur succès. Ils sont rapides parce qu’ils ont fait un meilleur travail que quiconque dans la conception globale, tant sur le plan aérodynamique que mécanique."
Cela a été souvent souligné en 2023 : McLaren a progressé en performance mais les points faibles de la voiture sont restés les mêmes. Est-ce difficile de les éliminer avec cette génération de F1 ?
"Nous n’avons pas explicitement travaillé sur les faiblesses de la voiture, nous avons simplement essayé d’améliorer son efficacité aérodynamique. C’est pourquoi nos pilotes se plaignent toujours des mêmes choses. Elle était toujours aussi difficile à piloter qu’en début de saison. Nous sommes simplement devenus plus rapides. Plus vous trouverez d’adhérence, meilleur sera l’équilibre du véhicule. Nous nous concentrerons spécifiquement uniquement sur nos faiblesses en 2024. Nous n’avons pas pu résoudre ce problème en 2023 car cela nous aurait obligé à modifier certaines zones de la voiture qui ne pouvaient pas être modifiées. C’est ce qui est prévu sur notre nouvelle F1."
"Nous avons donc trouvé plus d’adhérence avec l’ensemble du package. Cela a eu un impact plus important sur les pneus usés que sur les pneus neufs. Par rapport au début, la voiture gérait mieux les virages lents avec des pneus usés qu’avec des pneus neufs. Nous avons plus rattrapé Red Bull en course qu’en qualifications. Au Brésil par exemple, nous avons encore perdu beaucoup de temps sur eux dans les virages 8, 9 et 10. Moins en course. Mais ce n’est pas le résultat d’un développement particulier, mais simplement du fait que nous avons trouvé plus d’adhérence."