La pandémie de Covid-19 a totalement bouleversé le calendrier de la saison 2020 de la F1, entre reports et annulations pures et simples de Grands Prix. L’intersaison 2019-2020 sera ainsi exceptionnellement longue, et la saison 2020 devra au contraire se tenir sur un laps de temps particulièrement resserré.
Dans le même temps, l’entrée en vigueur du nouveau règlement a été reportée, de 2021 à 2022, et le plafond budgétaire va être abaissé afin de préserver la santé financière des équipes. Si la vie se fige, le sport reprendra bientôt ses droits. Il est alors légitime de se demander à qui profite (ou non) une telle situation…
Neuvième épisode de cette série avec McLaren
Les désavantages de cette situation pour McLaren
Alors que McLaren avait fini fort l’année dernière, en verrouillant assez aisément la 4e place au classement des constructeurs, et que l’équipe semblait sur une bonne lancée après les essais de Barcelone, le report généralisé du début de saison court le risque de casser quelque peu la dynamique et l’élan sur lesquels surfait Woking. Les concurrents de McLaren, Renault et Racing Point en particulier, auront ainsi plus de temps que prévu, en 2020 comme surtout en 2021, pour refaire leur retard dans le contexte de la réglementation actuelle, au sein de laquelle McLaren avait pourtant pris une longueur d’avance en milieu de grille.
Surtout, toujours à court terme, McLaren s’est certainement créé des problèmes inutiles en ne reportant pas son passage aux V6 Mercedes : l’équipe anglaise devait passer aux moteurs allemands pour le nouveau règlement, en 2021, ce qui semblait possible comme souhaitable ; mais malgré le report de l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, McLaren a décidé de s’en tenir à l’accord moteur signé et devra ainsi consacrer bien plus de ressources que ses concurrents au développement du châssis 2021.
Woking devrait d’ailleurs être la seule écurie du plateau à bénéficier d’une large dérogation pour changer l’architecture de sa monoplace, au moins au niveau de l’intégration moteur. Il aurait semblé plus logique pour McLaren de conserver le moteur Renault pour 2021, pour ainsi s’éviter d’inutiles et coûteuses dépenses, alors que l’argent serait bien mieux employé pour développer la voiture du nouveau règlement, en 2022. Mais il y a certainement des clauses contractuelles que le commun ignore…
Les opportunités de cette situation pour McLaren
Dans le même temps, le report du règlement est heureusement porteur de bonnes nouvelles pour McLaren, en particulier sur le plan du développement structurel. La nouvelle soufflerie, qui devrait être prête pour 2021, pourra ainsi servir à développer – beaucoup ou peu, la question reste ouverte – la monoplace de 2022 ; ces précieux mois vont ainsi permettre au tout nouvel outil technologique de Woking de faire son œuvre, ce qui pourrait se payer en quelques dixièmes en piste.
L’abaissement prévisible du montant du plafond budgétaire favorisera également franchement la compétitivité de McLaren, qui pourra espérer lutter, à nouveau à armes égales, avec les trois écuries de pointe, pour regagner le statut qu’elle a perdu depuis 2013. Ces dernières semaines, McLaren, surtout par la voix de Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, sont par ailleurs montées à plusieurs reprises au créneau, en étant l’une des équipes les plus actives militant pour l’abaissement des budgets plafonnés.
Zak Brown n’a pas même hésité, récemment, à accuser, sans les nommer, Red Bull et Ferrari de « jouer avec le feu » en refusant de faire des sacrifices. McLaren F1 semble avoir ainsi regagné de l’influence politique en F1, à la faveur du succès de son redressement structurel.
Enfin, et sur un plan plus commercial et marketing, notons que cette période d’interruption de la F1 est l’occasion pour Lando Norris de renforcer considérablement sa popularité, à la faveur de ses live e-sport sur Twitch. Cela peut sembler anecdotique, mais cette nouvelle popularité pourrait bien rapporter quelques millions de sponsoring à McLaren à l’avenir…