Andrea Stella a expliqué pourquoi les équipes ne peuvent pas se copier aussi facilement que sur les générations précédentes de monoplaces. Le directeur de McLaren F1 révèle notamment que l’effet de sol empêche de simplement recopier certaines solutions, en particulier sur tout ce qui est lié à l’appui généré sous la voiture.
"Sur cette génération de voitures, une grande partie de ce qui contribue à la performance est ce que l’on ne voit pas, c’est sous la voiture" a expliqué Stella. "C’est très différent de la génération précédente de voitures, où la géométrie était prescrite comme étant plate. Aujourd’hui, il n’y a plus de prescription."
"Si vous regardez en dessous, vous verrez les canaux qui jouent un rôle assez important, et vous verrez les dérives verticales. Les canaux et les dérives travaillent ensemble, il ne s’agit donc pas de se dire ’j’ai vu des canaux différents sur une autre voiture, je peux les copier’. C’est un flux très tridimensionnel."
L’avant du plancher travaille donc avec le dessous de la voiture, et avec le diffuseur et l’aileron arrière. Toute modification doit donc prendre en compte le fonctionnement de chaque élément.
"C’est aussi la raison pour laquelle il faut non seulement maîtriser les concepts de base, ce que nous n’avons pas fait depuis le début de la saison, mais aussi commencer à jouer au millimètre, ici et là. Par exemple, toutes ces géométries s’adaptent aux vortex et les millimètres font la différence."
"Ils font la différence pour nos vortex stables lorsqu’ils se déplacent et ils font également la différence pour le marsouinage. Pour obtenir un flux correct, il est donc essentiel de comprendre quels sont les concepts sur lesquels il faut concentrer le développement. Ensuite, c’est un véritable jeu de millimètres."
McLaren espère d’autres modifications sur le plancher
McLaren a aussi changé le beam wing, l’ailette à la base de l’aileron arrière, qui travaille de concert avec l’aileron et le diffuseur : "Nos améliorations modifient également le concept du beam wing. La configuration de cet aileron est maintenant divisée et est globalement plus efficace."
"Nous prévoyons de continuer à développer cette partie de la voiture pour le reste de la saison. En ce qui concerne le plancher, j’espère que nous aurons encore quelques développements au moins au cours de cette saison."
Compte tenu des effets sur l’ensemble de la monoplace, du fait que McLaren ne maîtrise pas parfaitement le concept de sa voiture, et du délai de production, les modifications sur le plancher seront limitées en nombre.
"Comme je l’ai déjà dit, ça se joue aux millimètres. Si vous changez les dérives verticales, vous devez adapter quelque chose d’autre car tout est lié. Il est difficile de trouver un détail qui fonctionne de manière isolée, c’est pourquoi je dis que j’espère qu’il y aura encore quelques développements."
"Car la réalité est que nous avons un plancher entièrement nouveau. Et la production prend du temps. Entre le moment où vous communiquez la géométrie à la production et celui où vous posez le plancher sur la piste, il peut s’écouler près de deux mois."
Une meilleure corrélation avec les monoplaces 2023
Avec moins d’appui généré par des dérives et ailettes, comme c’était le cas sur les monoplaces précédentes, McLaren F1 voit en revanche une amélioration de la corrélation entre les données à l’usine et les résultats en piste.
"Cette génération de voitures est globalement mieux corrélée, du moins chez McLaren, sachant que nous avons certaines limites avec la soufflerie. Je pense que les limites de la soufflerie avec la génération précédente de voitures étaient très restrictives."
"Pas seulement pour la logistique et toutes les choses que nous disons tout le temps, c’était même restrictif pour la corrélation aérodynamique, en général. Sur ces voitures, beaucoup de choses se passent sous le plancher où, dans l’ensemble, la corrélation est meilleure pour une raison ou une autre."
"Avec la génération précédente, il y avait beaucoup de vortex qui volaient dans l’air libre, générés par les bargeboards, par exemple, ou l’aileron avant. Cette zone était donc toujours un peu plus délicate."
"L’aileron avant fonctionne plus loin du sol, c’est plus simple. Même le plancher, pour une quelconque raison, est mieux corrélé. Dans l’ensemble, je pense que cela est davantage lié à la génération de voitures et à l’aérodynamique."