Laurent Mekies, directeur sportif de Ferrari et ancien responsable technique à la FIA, est-il l’un des principaux artisans derrière le redressement, spectaculaire, de la Scuderia, en ce début de deuxième moitié de saison ? Les évolutions apportées à Singapour ont fait énormément progresser la SF90 dans les virages, alors qu’il s’agissait de la faille principale de la monoplace…
« Nous avons amené beaucoup de nouvelles pièces à Singapour » a confirmé Mekies en conférence de presse, dans le paddock de Sotchi. « Et vous espérez toujours qu’elles performeront à leur meilleur niveau. »
« Oui, nous avons été un peu surpris de pouvoir combler l’écart autant que nous l’avions fait. Néanmoins, nous sommes conscients que les écarts demeurent faibles. Mercedes ou Red Bull auraient pu tout autant gagner le Grand Prix à Singapour, donc c’était juste bon d’être revenus dans la lutte. Et la Russie nous donnera aussi un autre bon point de référence pour comprendre si la performance se reproduira partout, ou si bien plus de travail est encore requis. »
Quatre victoires d’affilées, ce serait du jamais vu pour Ferrari dans l’ère hybride…
« Singapour était un bon résultat, comme Spa et Monza » poursuit le Français. « Mais si on regarde les choses avec attention, c’était extrêmement serré à Spa, c’est la réalité. Et ça l’était aussi à Monza – Mercedes était juste derrière nous pendant 50 tours. C’était mieux que prévu à Singapour, mais Singapour est aussi très particulier. »
« Donc Sotchi nous livrera, je pense, une véritable réponse au sujet de ce qui sera notre rythme d’ici la fin de saison. »
Les évolutions majeures reçues à Singapour seront-elles les dernières de l’année ? L’attention est-elle déjà portée entièrement sur l’an prochain, voire 2021, à Maranello ?
« C’est le moment de l’année où nous tournons tous notre attention vers 2020, donc j’imagine qu’il n’y aura rien de significatif d’ici la fin de la saison. Et oui, il faut commencer à penser à ce qui arrivera par la suite, notamment 2021. Donc la réponse courte est la suivante : il n’y aura plus rien de significatif d’ici la fin de la saison. »
La victoire de Singapour fut certes obtenue grâce aux évolutions, mais encore grâce au coup de maître stratégique – l’undercut de Sebastian Vettel sur Charles Leclerc et Lewis Hamilton. Cette décision avait logiquement déplu cependant à Charles Leclerc…
« Du point de vue stratégique » se justifie Mekies, « il était clair qu’il fallait arrêter Seb, et c’est pourquoi le choix fait fut le bon. Bien sûr, ce qui a surpris tout le monde, c’est que l’undercut était très, très puissant, dans la mesure où Seb est ressorti non seulement devant Lewis Hamilton, mais aussi devant Charles. L’important, c’est que nos deux voitures soient ressorties devant. »
Charles Leclerc est la réussite la plus exemplaire de la Ferrari Driver Academy. Outre Mick Schumacher, un autre pilote doit être aujourd’hui suivi de près, Robert Shwartzman, qui pourrait devenir bientôt champion de Formule 3. Ces efforts viennent-ils valider les lourds investissements consentis dans la FDA ?
« La réponse est dans la question. Le fait d’avoir Charles dans la voiture aujourd’hui, est pour nous la réponse la plus évidente. Il est avec nous depuis des années, c’était incroyable de l’avoir vu grandir au sein de cette académie. Nous avons 7 pilotes, de 15 à 19 ans, qui sont dans l’académie. Robert Shwartzman a une bonne chance de remporter le titre en F3 ce week-end, donc cela signifie que la prochaine génération pousse déjà ; et pour nous, c’est totalement décisif pour préparer la période post-2021. Et certainement, c’est un point central de notre stratégie. »