L’an dernier, Red Bull avait souffert en Italie avec Max Verstappen 7e en qualifications, 6e en course : un tel fiasco peut-il se reproduire cette année ?
Les essais libres semblent dire le contraire mais le directeur d’écurie, Laurent Mekies, reste prudent.
« Nous ne sommes normalement pas en excès de confiance après les essais libres. Vous avez raison, la course fut probablement l’une des plus difficiles de la saison pour nous, ici, l’an dernier. Même si personne n’aime ce genre de course où l’on finit par sous-performer ou rencontrer des problèmes inattendus – comme nous l’avons fait ici à Monza – c’est toujours la meilleure façon de progresser. C’est toujours le meilleur moyen de débloquer plus de choses dans sa compréhension. »
« C’est donc un week-end important pour nous de voir, 12 mois plus tard, à quel point nous avons contourné les problèmes spécifiques que nous avions ici. Il est trop tôt pour y répondre après seulement les essais libres, mais nous avons bien présent à l’esprit ce qui s’est passé ici. »
Les premiers commentaires de Max Verstappen étaient-ils positifs après les essais libres ? Comment le Néerlandais voit-il le reste du week-end ?
« Vous savez, il ne ressent pas de différence fondamentale par rapport aux caractéristiques de toute l’année. Même ici, avec un niveau d’appui plus faible, il a retrouvé les mêmes caractéristiques, les mêmes limitations que nous avons plus ou moins gérées avec cette voiture cette saison. Cependant, est-ce que nous rencontrons visiblement le même genre de problèmes supplémentaires ? Cela ne semble pas être le cas, mais encore une fois, il est très tôt, avec seulement les essais libres. »
Laurent Mekies a ensuite évoqué son cas plus personnel, et son nouveau poste, à la succession de Christian Horner. Le Français a profité de l’été pour se fondre totalement dans son nouveau et prestigieux fauteuil. Peut-il raconter son adaptation et la commenter ?
« Le véritable objectif a été – premièrement, de ne pas sous-estimer le temps nécessaire pour connaître véritablement une équipe et une entreprise. Cela ne se fait pas en un ou deux mois. »
« L’objectif, comme nous l’avons déjà dit à Spa, a donc été : essayons de rencontrer le plus de gens possible. Essayons de comprendre. Bien sûr, c’est un peu mieux qu’à Spa. »
« Chaque jour, on comprend un peu mieux comment l’équipe fonctionne. Chaque jour, on rencontre plus de gens, on commence à se faire une idée des flux et de la structure. »
« Ce que nous essayons de faire avec l’équipe, c’est d’établir ensemble une feuille de route de ce que nous devons débloquer pour retrouver un scénario encore plus compétitif. C’est là que se concentre l’attention. La première phase était uniquement de l’observation ; la deuxième phase consiste à construire avec l’équipe une carte de ce que nous devons débloquer, pour débloquer plus. »
Diriger Racing Bulls et Red Bull, est-ce que cela comporte des points communs ? Ou bien tout est différent entre le milieu de grille et les écuries de pointe ?
« J’avais donné ce genre de réponse il y a quelques mois, lorsque je portais les couleurs de Visa Cash App Racing Bulls. Il est très facile de sous-estimer à quel point il faut aller à l’extrême avec la voiture – et donc avec une équipe, une entreprise – quand on recherche la performance ultime. »
« On trouve une équipe qui essaie d’extrémiser chaque aspect de la voiture et de l’entreprise pour essayer d’obtenir ce dernier dixième. Bien sûr, ce n’est pas un retour sur investissement élevé – c’est beaucoup d’efforts pour ce petit gain. Mais c’est ce qui caractérise les grandes équipes. »
« Chaque week-end de course, on a une réponse très simple : a-t-on gagné ou non ? Nous avons obtenu cette 2e place à Zandvoort. Nous avons eu de la chance – ou plutôt, Lando a été malchanceux – mais c’est la seule question que l’on se pose le lundi matin : qu’est-ce qui nous manquait ? »
« En termes de mentalité, c’est la plus grande différence entre le milieu de grille et ce qui se passe à l’avant : on vise la performance ultime. Tant qu’on ne l’atteint pas, la réponse est que l’on n’a pas fait tout ce que l’on pouvait. »
Laurent Mekies a d’autant moins de temps pour souffler qu’il doit grimper le mont Everest (pour reprendre l’expression de Toto Wolff) : gérer la conception de la toute nouvelle unité de puissance Red Bull Powertrains / Ford pour l’an prochain.
Les rumeurs disent que Red Bull est en retard, mais Laurent Mekies ne va bien sûr pas le confirmer. Cependant il reconnait que Toto Wolff et Mercedes F1 puissent apparaitre comme les favoris du prochain règlement.
« Toto a raison de dire que c’est un Everest à gravir. C’est ce que c’est. C’est aussi fou que possible de prendre la décision de faire sa propre unité de puissance, comme Red Bull l’a fait. C’est un défi incroyable auquel être associé. C’est le genre de folie que fait Red Bull – donc c’est un bon sentiment. Mais nous ne sous-estimons pas à quel point c’est fou. »
« Ces gars-là le font depuis 90 ans ou quelque chose comme ça. Il serait donc stupide de notre part de penser que nous allons arriver et, dès le départ, être au niveau de Ferrari ou de Mercedes. Ce serait stupide. »
« Mais c’est mis en place à la manière de Red Bull – au plus haut niveau possible. Nous procédons étape par étape. Nous essayons de monter en puissance aussi vite que possible – à la fois l’unité de puissance et la structure qui l’entoure : les gens, l’infrastructure. »
« Ensuite, comme je l’ai dit, nous nous attendons à une année de travail acharné, de nombreuses nuits blanches pour essayer d’atteindre le bon niveau. Mais c’est un défi qui ressemble beaucoup à un défi Red Bull, et nous aimons ça. »
Laurent Mekies n’a-t-il donc aucun indice à dévoiler sur la compétitivité du moteur Red Bull Powertrains ?
« Nous n’allons pas donner de chiffre sur où nous pensons que nous serons – parce que personne n’a de chiffre – mais nous savons que nous partons avec une montagne à gravir, comme l’a dit Toto. »