Le prochain règlement, financier mais aussi sportif et technique, entrera en vigueur en 2021. A chaque grand changement réglementaire, ou presque, une nouvelle équipe a dominé : c’est ainsi que Mercedes avait pris l’ascendant à partir de 2014.
Quelle équipe pourrait donc être la « nouvelle Mercedes » en 2021 ? Mercedes elle-même ? Ferrari ?
Interrogés au Paul Ricard, plusieurs directeurs d’écurie se sont hasardés aux pronostics… ou pas, tant ils sont demeurés prudent dans leurs estimations.
« Chaque fois que vous avez un changement substantiel de règlement, cela peut amener des surprises » a commencé par réagir Zak Brown pour McLaren. « Une équipe un peu en dedans peut se reprendre d’une année à l’autre, tandis qu’une équipe qui pourrait mener le peloton pourrait un peu se tromper. Mais c’est moins probable parce qu’une telle équipe aurait la capacité de se rétablir rapidement. Oui, c’est excitant d’avoir bientôt de nouvelles règles : les voitures auront un look différent, la course devrait être meilleure… Donc j’espère qu’il n’y aura pas seulement une seule grosse surprise, j’espère que cela rapprochera beaucoup plus tout le peloton, pour que chaque course soit bien moins prévisible. »
Le directeur de Renaul F1, Cyril Abiteboul, demeure lui plus sceptique : il ne s’attend pas à une révolution de palais dans deux ans.
« Les changements sur le plan financier et sur le plan commercial seront les mesures ayant, de loin, les plus grandes conséquences. Franchement, le règlement technique et sportif peut avoir un impact, mais pas vraiment sur la hiérarchie, sur la compétitivité, parce que Mercedes et Ferrari pourront toujours tirer avantage de tout règlement, étant donné l’avance qu’ils ont aujourd’hui d’un point de vue financier. C’est pourquoi nous sommes si attachés à sécuriser une distribution des revenus et des budgets plafonnés équitables. Ce sont ces deux choses qui, sur le moyen-long terme, vont vraiment faire progresser la F1 du point de vue de la compétitivité de la grille. »
Frédéric Vasseur s’inscrit dans la lignée de son homologue de Renault, et ancien collègue de travail…
« Honnêtement, je pense que l’objectif du règlement est plus de rapprocher les écarts entre les écuries de pointe, plus que tout autre chose. Les grosses écuries garderont un avantage sur les petites. En tant que petite équipe, chez Alfa Romeo, le plus important, c’est d’avoir de la constance dans les nouvelles règles, de les garder pour une certaine période. Si nous changeons les règlements tous les deux ans, ce sera de plus en plus difficile pour nous de regagner du terrain. Je soutiens pleinement le nouveau règlement, mais je pense que nous devrons le garder pour au moins cinq ans. »
Qui dominera le plateau en 2021 ? La question est bien sûr lointaine pour Claire Williams !
« Pour une équipe dans la position comme la nôtre aujourd’hui, avoir un changement de règlement est utile. Cela signifie que nous pourrons capitaliser dessus. C’est notre plus grande opportunité. Si nous avions un règlement stable pour les cinq ou dix prochaines années, ce serait beaucoup plus difficile pour nous aujourd’hui. Mais il faut en arriver à la finalisation de ce règlement, le signer pour de bon. Il faut nous assurer que, avant octobre, le règlement financier qui est sur la table aujourd’hui demeure inchangé. Ce n’est pas exactement ce que nous voudrions, et je pense au montant des budgets plafonnés, avec toutes les exceptions ; cela permettra aux écuries de pointe de dépenser plus que ce que nous pourrons être en mesure de dépenser dans le cadre de ce nouveau règlement. »