Pour Mercedes F1, la saison 2023 a pour défi de débloquer les performances de la voiture de l’année dernière, la W13, dans le concept de la W14, qui reste très proche comme l’a admis le management de l’équipe.
Les domaines ciblés comprennent, entre autres, la réduction du poids total, la recherche pour les pilotes d’un équilibre plus cohérent de la voiture sur une plus grande plage de vitesses et une meilleure adaptation des caractéristiques aérodynamiques de la monoplace à l’effet de sol, pour éviter le marsouinage si destructeur pour Mercedes en 2022.
Le directeur technique, Mike Elliott, se félicite ainsi d’avoir "un châssis nettement plus léger, une géométrie de suspension avant révisée, des ajustements du système de refroidissement et un concept aérodynamique raffiné basé sur l’apprentissage de l’année dernière."
Comment décririez-vous l’approche de conception de la W14 ?
"L’année dernière, une fois que nous avions compris ce que nous devions faire, il nous a fallu énormément de travail pour avancer. Vers la fin de la saison, vous avez pu voir les performances s’améliorer et l’hiver a été une sorte de réinitialisation pour repartir avec tous les bons paramètres en main. Nous avons fait tout ce que nous voulions faire avec la W13 l’année dernière, mais nous n’avons pas pu en faire plus en raison de contraintes de ressources. Il faut basculer à un moment sur la nouvelle F1."
Selon vous, quels sont les principaux domaines sur lesquels vous n’avez pas pu vous concentrer l’année dernière ?
"Au milieu de l’année dernière, nous avons compris quels étaient les problèmes avec la voiture. Ce n’était pas une partie ou un concept spécifique, mais plutôt la direction générale dans laquelle nous allions. Si vous essayez de changer de direction trop rapidement, vous pouvez finir par aller trop loin dans l’autre sens, donc ce que nous devions faire était de faire un pas après l’autre, puis l’utiliser pour prouver que la direction était bonne. La conséquence est qu’il faut beaucoup de temps pour voir l’avantage de ces pas. Nous avons vu des progrès positifs vers la fin de la saison dernière. Espérons que nous continuerons sur cette voie et que l’intégration de ces apprentissages dans la nouvelle voiture apportera des dividendes."
Serait-il juste de catégoriser la W14 comme une évolution plutôt qu’une révolution ?
"De l’extérieur, après huit ans de victoires consécutives aux championnats du monde et une mauvaise année, beaucoup pourraient s’attendre à ce que nous déchirions les dessins et que nous recommencions, mais ce n’est pas le cas. Nous pensons qu’il y avait beaucoup de bonnes choses dans la W13, et bien sûr certaines choses que nous n’aimions pas. Pour la W14, il s’agit de reprendre ses forces et de les faire avancer, et de corriger les problèmes que nous avions dans la W13. À partir de là, il s’agit de faire autant de progrès que possible, aussi vite que possible, car c’est de là que viennent les vrais gains en Formule 1. Ces gains proviennent de l’apprentissage et de leur transformation en performance."
Quel effet auront les changements de réglementation pour cette année ?
"Les réglementations mises à jour, telles que la hauteur du plancher relevé, sont des modifications relativement mineures. Relever le bord du plancher a affecté l’aérodynamisme de la voiture et nous devons l’optimiser autour de cela. Il y a aussi des tests structurels de résistance que nous avons dû surmonter, mais cela entre dans le cadre du travail de conception que nous effectuons chaque année. Nous avons également de nouveaux pneus pour cette année. Cela influencera l’équilibre de la voiture, donc encore une fois, nous devrons nous adapter à cela. Dans l’ensemble cependant, ce sont de petits ajustements par rapport à l’année dernière."
La W14 frappe par son apparence avec quelques détails familiers mais aussi quelques différences par rapport à la W13. Est-ce juste ?
"Avec cette génération de voitures, la performance est dans le détail. Une grande partie de ce détail se trouve dans le plancher, il n’est donc pas très visible pour les fans. Lorsque vous regardez la W14, vous voyez l’ADN de la W13 mais aussi beaucoup d’évolutions et d’améliorations des détails. Cela peut surprendre certaines personnes, mais dans tous les tests que nous avons effectués, nous n’avons vu aucune raison de nous éloigner de notre concept. Les problèmes que nous avons rencontrés l’année dernière, notamment avec les rebonds, n’étaient pas dus à la forme de la voiture. Si nous devions expliquer tous les détails que nous avons modifiés et pourquoi nous les avons modifiés, ce que nous ne ferons pas évidemment, mais cela montrerait l’énorme quantité de travail qui a été consacrée à cette voiture."
À quel point serez-vous fier lorsque vous verrez la W14 sortir du garage pour le shakedown ?
"La voiture est une représentation du travail accompli par plus de 2 000 personnes à Brackley et Brixworth, c’est donc un moment de fierté. C’est toujours énorme de la voir fonctionner sur la piste pour la 1ère fois, avec les espoirs et les attentes de chacun qui y sont liés. Si elle est compétitive, nous serons encore plus fiers."
Quel est l’impact d’avoir seulement trois jours d’essais avant la première course de la saison ?
"Nous n’avons jamais vraiment réussi à équilibrer la voiture l’année dernière. Tout le travail normal que nous faisions au début de la saison n’a pas eu lieu à cause des problèmes que nous essayions de corriger. Avec seulement trois jours de tests cette année, cela a deux grands impacts. Le premier est la fiabilité. Si nous ne sommes pas fiables lors du test, nous aurons un kilométrage très limité pour apprendre. Nous ne pourrons pas non plus trop mesurer la fiabilité absolue de la voiture, car sur trois jours, vous n’allez pas rouler énormément. Ces voitures sont maintenant si fiables qu’il faut plus de kilométrage que trois jours pour vraiment commencer à voir certains problèmes."
"Le deuxième grand impact est que nous devons utiliser notre temps limité aussi efficacement que possible. Nous devons apprendre autant que possible, pour déterminer comment tirer le meilleur parti des performances de la voiture et ce que nous pouvons apprendre pour lancer les prochains développements."
Quelle est l’importance des outils de simulation compte tenu de ce manque de temps d’essais ?
"Au fur et à mesure que nous développons la voiture tout au long de l’hiver, nous la testons autant que possible sur des plates-formes. Sur banc dynamique ou en simulation. Nous mettons tout en œuvre pour que la voiture soit fiable et que les performances attendues soient mesurées au mieux. Lorsque nous arrivons aux tests de pré-saison, nous voulons être aussi préparés que possible, mais rien ne remplace la réalité. C’est faire rouler la voiture sur un vrai circuit en direct qui nous aide à apprendre. Bien que nous entamions les essais cette année aussi préparés que jamais, faire tout le travail dont nous avons besoin en trois jours sera toujours difficile."
Êtes-vous déjà en train de penser aux évolutions à apporter à la voiture ?
"Nous utiliserons cette voiture au shakedown et aux essais, mais nous avons déjà des développements prévus pour les premières courses. Notre grand objectif lors des tests sera de mieux comprendre la voiture et de débloquer ses performances. Il s’agit de rassembler toutes les informations, puis de déterminer comment nous pouvons apporter le plus de performances à la voiture aussi rapidement que possible au cours des prochains mois."