Gwen Lagrue est le ‘Helmut Marko’ de Mercedes F1, les polémiques et les dérapages en moins.
C’est ainsi lui qui a accompagné les carrières de George Russell ou d’Esteban Ocon vers la F1, comme aussi celle d’Alexander Albon, ce que l’on sait moins.
Il est donc un des meilleurs spécialistes mondiaux du développement de jeunes talents en sport automobile.
Mais on le sait, en sport automobile, il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus. Et il faut donc que les jeunes pilotes préparent aussi leurs arrières, en suivant des cours scolaires classiques.
Pour autant, comment faire lorsque des jeunes pilotes passent autant de temps sur les pistes et moins à l’école ? Mercedes fait-elle aussi classe en compensation ?
« C’est une très bonne question, et on se soucie vraiment de ça » a confié Lagrue au podcast "Beyond the Grid".
« Les résultats scolaires font partie de ce que nous contrôlons. C’est très important, car lorsque nous engageons un pilote, nous prenons la responsabilité non seulement d’un projet sportif, mais aussi d’un projet de vie. Si vous n’atteignez pas le plus haut niveau ou si vous ne devenez pas un pilote professionnel, vous devez quand même travailler. »
« L’éducation est très importante et c’est quelque chose que nous soutenons beaucoup. Bien sûr, en karting, les pilotes passent environ 250 jours sur la piste. C’est complètement fou. Ils roulent sans arrêt de la mi-janvier à la mi-décembre, nous devons donc adapter un programme scolaire à chaque pilote. Nous communiquons avec la famille pour nous assurer que tout soit parfaitement organisé avec l’école. »
250 jours de roulage par an ! Voici qui ferait rêver Stefano Domenicali et la FOM, qui souhaitent étendre le calendrier F1...
Mais plus sérieusement, Lagrue cherche-t-il aussi à préparer les jeunes pilotes, qui sont d’abord de jeunes sportifs, à d’autres sports ? En ont-ils le droit ?
« Oui, sans aucun doute. Ce n’est pas facile quand on se consacre au karting et à la course, mais on voit bien que tous les enfants jouent au football ou au tennis. Cela doit faire partie de leur éducation physique et de leur développement. Beaucoup d’entre eux pratiquent un autre sport, mais plus pour s’amuser que pour se développer professionnellement. »
Quelle est également la relation qu’entretient la filière jeune de Mercedes avec les parents des jeunes pilotes ? Eux qui ont déjà sans doute dépensé des fortunes pour soutenir la carrière de leurs progénitures...
« Nous essayons de les impliquer dans un projet global afin qu’ils fassent partie du processus de décision, et nous avons besoin qu’ils soient à bord avec nous. Ils doivent faire partie du projet. On ne peut pas prendre de décisions pour les enfants sans que les parents soient d’accord avec ce que l’on fait avec eux. Il est très important de s’assurer que les parents soient satisfaits du projet que vous leur présentez et de ce que vous voulez faire avec leurs enfants. »
On imagine enfin que tout devient plus facile quand le père (ou la mère) d’un pilote a aussi pratiqué du karting voire du sport automobile à haut niveau par le passé... Mais ce n’est pas ce que pense Lagrue !
« C’est certainement plus difficile parce qu’ils (les parents) se réfèrent toujours à leur temps et à l’époque où ils faisaient ceci ou cela. La plupart du temps, ils n’ont pas atteint le niveau que leurs enfants atteignent, donc ce n’est pas toujours facile, mais il faut respecter cela et prendre en compte la passion qu’ils ont pour le sport. Il faut trouver une solution pour chacun d’entre eux. »