Chez Ferrari, lorsqu’il y travaillait, James Allison avait pu expérimenter une toute autre ambiance de travail que chez Mercedes, celle qu’il connaît aujourd’hui : car à Maranello, la pression est plus ardue, la presse et les fans ne sont jamais loin, et à la moindre erreur, des têtes sont demandées à la guillotine d’Émilie-Romagne, ou presque.
C’est cette culture de l’instabilité qu’essaie de dépasser la nouvelle équipe dirigeante, emmenée par Mattia Binotto – ce qui n’est pas facile en pleines turbulences.
Pour The Race, James Allison a décrit la culture qui prévaut au contraire chez Mercedes – une culture non du blâme, mais de la confiance, de l’ouverture et de la transparence. Alors qu’il est très difficile parfois de subir la pression chez Ferrari, travailler à Brackley serait au contraire beaucoup plus motivant et apaisant.
« Pointer du doigt les gens et dire qu’ils sont responsables de quelque chose n’est vraiment pas de notre monde. »
« L’équipe est un environnement de travail extraordinairement agréable. L’équipe se soutient beaucoup, elle est très ouverte, et considère l’échec comme une opportunité de s’améliorer. »
Andy Cowell, l’ancien patron des moteurs chez Mercedes, qui a quitté aujourd’hui ses fonctions, confirme les déclarations générales sur cet état d’esprit : Mercedes n’est pas une machine à gagner, mais une équipe qui reste humaine malgré les succès.
« Nous ne sommes pas des robots, nous avons cet ordinateur chimique [le corps] et un cœur. »
« Il y a ce côté pervers de notre compétitivité, il y a un élément de la nature humaine qui veut critiquer les autres pour les faire tomber afin de faire mieux paraître la personne qui lance la critique. »
« Si nous sommes bien motivés, si nous sommes encouragés à essayer de nouvelles choses… le genre humain a fait preuve d’une incroyable ingéniosité au cours des derniers siècles. Nous avons une agitation naturelle et un désir naturel de remettre en question ce que nous venons de faire parce que nous pouvons constater des améliorations, et un désir naturel de faire œuvre de pionnier, ce qui signifie faire des choses nouvelles. »
« Et si c’est vraiment nouveau, ça va mal tourner. Parce que vous n’aurez pas pensé à tout. »
C’est grâce à cette culture de la confiance que Mercedes peut ainsi avoir une culture du risque, poursuit Cowell. Ce qui peut expliquer les progrès déments de l’unité de puissance allemande en 2020, par exemple.
« Et nous encourageons les gens à essayer, nous encourageons les gens à essayer quelque chose de nouveau, nous encourageons les gens à mettre un turbocompresseur divisé en deux dans un moteur par exemple. »
« Et pour continuer à avoir la faim de faire cela, il faut un bon environnement. Vous avez besoin d’un environnement qui ne vous énerve pas dès que vous entrez dans le parking. Vous avez besoin d’un environnement dans lequel vous vous asseyez et vous voulez juste travailler. Et vous avez besoin de départements adjacents à vous, où vous allez les regarder, et où vous vous dites : "Oui, c’est impressionnant". »