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Merci Liberty : posséder une équipe de F1 n’a jamais été aussi rentable

Les sponsors de la tech ont bien remplacé les cigarettiers

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L’échec du rachat de Sauber-Alfa Romeo par Andretti l’illustre : les équipes de F1 n’ont jamais été aussi bien valorisées et donc chères.

Elles sont en effet à la fois plus génératrices de chiffre d’affaires, avec la croissance du sport aux USA et chez les femmes et les jeunes ; et moins coûteuses, grâce aux budgets plafonnés. En bref, c’est le cocktail parfait pour la rentabilité et donc la valorisation d’une équipe.

Ce bilan, c’est en grande partie celui de Liberty Media qui a efficacement repris la F1 après l’ère de Bernie Ecclestone. En marge du Grand Prix de Monaco, c’est donc à un numéro d’autosatisfecit, mais certes ô combien justifié, que s’est livré Greg Maffei, le PDG de Liberty Media et supérieur de Stefano Domenicali.

« La F1 n’a jamais été aussi saine, selon toutes les indications. L’intérêt des fans est incroyablement élevé. Nous avons une compétition formidable sur la piste et nous avons aidé les équipes. Lorsque nous sommes arrivés, Manor, la 11e équipe venait d’être vendue pour une livre après son redressement judiciaire. Et aujourd’hui, je ne pense pas que vous puissiez acheter une équipe pour moins de 500 millions de dollars, peut-être 700 millions. »

« Vous pouvez essayer. Mais ça va être difficile. C’est une augmentation étonnante de la valeur. »

« C’est parce que ce qui a été mis en place pour essayer de créer plus de concurrence sur la piste [comme les budgets plafonnés], renforce également la santé de ces équipes. Il faut un écosystème d’équipes sain pour que ça marche. »

Cet intérêt pour la F1, Maffei le perçoit aussi dans la diversification des sponsors du sport.

« Sur les sponsors, il n’y a plus beaucoup de place sur les F1 pour mettre un autre logo. La technologie a joué un rôle important, notamment dans les entreprises de la Silicon Valley - regardez combien de voitures ont maintenant un sponsor technologique, voire plusieurs. »

« Ensuite, il y a la jeunesse croissante de nos fans. Selon un sondage, l’âge moyen a baissé de quatre ans. Cela a ouvert la voie à tout un tas de produits de consommation et à tout un tas d’autres types de marques qui trouvent cela attrayant. Nous avons donc eu la chance d’avoir toutes sortes de sponsors intéressés. »

Stefano Domenicali, s’exprimant lui aussi sur le bilan de Liberty Media, note à quel point il s’est éloigné de l’ère de Bernie Ecclestone, qui en effet avait plongé le sport dans un déclin notamment sur le digital et les jeunes.

« La vision que Greg avait, avec Chase (Carey), et que nous devons grandement saluer, était la nécessité d’une discontinuité par rapport à ce qui s’était passé auparavant. Et la discontinuité signifie avoir une manière différente de gérer avec professionnalisme ce sport-business. L’idée était de rendre la Formule 1 viable d’un point de vue financier. »

« Nous pouvons parler de revenus qui pourraient être plus élevés, mais le coût est quelque chose que vous maîtriser à coup sûr. La seule façon de s’assurer que le bénéfice soit plus important est de contrôler ce que l’on dépense. C’était une étape très importante, les budgets plafonnés, qui a complètement changé la vision du sport et donne de la crédibilité au système. Un business durable signifie que les équipes peuvent investir et se développer. Tous les éléments sont maintenant sûrs et financièrement solides. »

« Je ne pense pas qu’il y ait jamais eu un tel afflux de nouveaux sponsors dans le sport depuis l’interdiction de la publicité pour le tabac au milieu des années 2000. Presque toutes les équipes de F1 auxquelles vous parlez, refusent presque tous les sponsors maintenant. »

L’électrification, un objectif irréaliste ?

Mais l’avenir sera-t-il aussi rose pour la F1 ? En particulier se pose la question de la pertinence de la prochaine unité de puissance, face à l’électrification croissante du marché automobile.

La F1 parie sur une unité de puissance hybride avec des bio-carburants pour la prochaine génération d’unité de puissance en 2026... mais pourquoi ne pas aller davantage vers l’électrique ?

Stefano Domenicali s’est ainsi justifié...

« Nous voulons être réalistes. Nous voulons que les choses se passent tout de suite. Et nous pensons que c’est une option [la voie explorée par la F1] qui permettra aux constructeurs d’être crédibles dans une dimension qui sera également rentable pour eux. Avec tout le respect que je vous dois, penser que l’électrification va toucher le monde entier en deux ans… nous savons que ce n’est pas possible. »

« Par conséquent, d’un point de vue technique également, nous pensons que le choix stratégique de rechercher la durabilité avec des moteurs hybrides est le bon. Et c’est la raison pour laquelle d’autres constructeurs sont très intéressés à nous rejoindre. »

Greg Maffei a pris l’exemple du pays qu’il connaît le mieux et où il veut voir la F1 le plus grandir, c’est-à-dire les États-Unis, pour étayer ce propos.

« Dans le cas des États-Unis, je sais très bien qu’il y a 250 millions de voitures aux États-Unis, dont 200 millions fonctionnent. Elles durent en moyenne 11 ans, et les gens achètent des voitures d’occasion. Au mieux, nous avons 15 à 17 millions de nouvelles voitures par an. Si vous faites le calcul, même si un tiers ou la moitié des voitures sont électriques, il faudra beaucoup de temps avant de pouvoir nettoyer le parc automobile existant de 200 millions de voitures. En réalité, si nous voulons vraiment nous attaquer au carbone, la meilleure solution consiste à trouver d’autres moyens d’alimenter les 200 millions de voitures existantes. »

« Je ne dis pas que nous allons remédier à tout cela. Mais si nous pouvons contribuer à cette connaissance, si nous pouvons contribuer avec notre travail sur les carburants durables, je pense que c’est positif. »

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