En l’espace de quelques jours, Mohammed Ben Sulayem a déclenché une fronde du GPDA (sur l’affaire du ‘mot en F’ qui a été banni) et a licencié à la fois le directeur de course de la FIA, Niels Wittich, et Paolo Basarri - le responsable de la conformité au sein de la FIA.
Mohammed Ben Sulayem n’aurait d’ailleurs pas demandé l’aval du Sénat de la FIA pour ce dernier licenciement, ce qui serait contraire aux statuts de la Fédération.
La liste des déboires de Mohammed Ben Sulayem est donc longue comme le palmarès de Michael Schumacher – nous vous en rappelions ici les principaux faits d’armes (voir notre article).
Guenther Steiner, ancien directeur de l’écurie Haas F1, a dit tout haut ce que beaucoup de pilotes et patrons d’équipe doivent penser tout bas.
Pour Steiner, Mohammed Ben Sulayem est l’anti Jean Todt, et ce n’est bien sûr pas un compliment !
« J’avais une bonne relation avec Jean, et beaucoup de respect pour cet homme, et pour ce qu’il a accompli dans sa vie. »
« Il a remporté beaucoup de championnats, puis il a été un bon président de la FIA – et ce n’est pas facile à faire. »
À propos de Mohammed Ben Sulayem, Steiner a précisé cependant que ses critiques portaient sur le président de la FIA, pas sur l’homme.
« Je connais Mohammed depuis longtemps. Il vient du rallye, et moi aussi. J’ai passé beaucoup de temps avec lui. »
« En tant que personne, j’ai toujours apprécié Mohammed. C’est un bon personnage. »
« En tant que président ? Parfois, il s’implique trop dans le sport. »
« Cela ne lui rend pas service. »
« Vous devez avoir des personnes qui dirigent l’organisation, parce que c’est un travail énorme d’être président d’une fédération comme la FIA. Si vous vous impliquez dans la gestion quotidienne, je ne pense pas qu’il y ait le temps de le faire au niveau requis. »
« Il devrait avoir de bonnes personnes autour de lui. Il s’implique, et parfois il est critiqué. »
Steiner estime que Mohammed Ben Sulayem devrait être entouré de bonnes personnes… mais il vire ces dernières chaque jour ou presque !
Le président de la FIA aurait par exemple renvoyé son responsable de la conformité, car celui-ci aurait, selon la BBC, refusé d’avaliser certains de ses ordres. Ce serait symptomatique d’une personnalité difficile selon Günther Steiner.
« Dans cette position, il faut s’habituer à être critiqué. Ce ne peut pas toujours être des éloges. »
« Si vous recevez des compliments, vous recevrez aussi des critiques. Quand vous êtes une figure publique, cela fait partie du jeu. »
« Vous ne pouvez pas être l’ami de tout le monde. Cela n’arrivera pas. »
Ce n’est pas Steiner qui aurait interdit le mot en F...
Sur la fameuse interdiction des jurons, qui a déclenché la fronde de la GPDA, que pense Günther Steine, pour qui chaque virgule était un ’F...’ ? N’est-ce pas là aussi une autre crise d’autorité un peu puérile de Mohammed Ben Sulayem ?
« Pourquoi mettre cela sur la table maintenant ? Nous discutons de quelque chose qui ne vaut pas la peine d’être discuté. »
« Max a fait un commentaire sur sa voiture. Est-ce bien ? Non. Est-ce mal ? Non. »
« Plus on en parle, plus cela crée de la controverse. »
« Si vous ne voulez pas que cela arrive ? Lors d’une réunion des pilotes, dites : “les gars, aidez-moi, est-ce qu’on peut limiter les jurons, s’il vous plaît ?” »
Steiner prend le parti des pilotes, qui ont du mal pour contrôler leurs émotions.
« C’est difficile pour un pilote qui roule à 360 km/h, et qu’un autre lui coupe la route. Vous dites “f***** idiot” mais vous ne le pensez pas. »
« La télévision censure de toute façon ! »
« Nous sommes des personnes émotionnelles. »
« Cela définit un sport. Nous avons besoin d’émotions dans le sport. Sinon, pourquoi serait-il intéressant ? »
« On en a trop fait. Quelqu’un a utilisé le mot “F” ? D’accord, ne le refaites pas, et passez à autre chose… »