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Mosley-Ecclestone, un duumvirat entre amitié et regrets unique dans l’histoire de la F1

Retour sur l’entente entre Bernie et son meilleur ami-allié

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C’est auprès de lui que la BBC a obtenu confirmation de la nouvelle de la mort de Max Mosley : Bernie Ecclestone. Et que l’ancien Grand argentier de la F1 ait en effet si bien placé pour confirmer la disparition de l’ancien président de la FIA n’a rien d’étonnant, tant la complicité entre les deux hommes était forte et solide.

‘Comme des frères’

« Vraiment, d’une manière amusante, nous étions comme des frères. Nous nous sommes fait confiance » déclarait Bernie Ecclestone sur la disparition de son ami. « Mais à part ça, nous n’avons jamais eu de guerre des mots ou quoi que ce soit. Nous étions amis pendant de nombreuses années. Nous venions de différents milieux, nous avons eu des éducations différentes, mais nous nous entendions bien de manière étonnante. Nous nous sommes fait confiance, ce qui est le plus important, et nous pouvions nous parler si l’un de nous avait une idée ou voulait faire quelque chose, pour ne pas contrarier l’autre. Nous avons fini par faire tellement de choses pour la F1, et nous avons tous les deux fait les choses de différentes manières. »

Il est vrai que le duumvirat Mosley-Ecclestone a régné sur la F1 dans les années 1990 et 2000 avec une osmose souvent présente. Au point que l’on parlait à l’époque de dictature Mosley-Ecclestone, ou que l’on soupçonnait l’ancien directeur d’écurie (Mosley) faire trop de concessions à son ancien collège…

Plus tôt cette année pour le podcast "Beyond the Grid", Bernie Ecclestone avait évoqué dans les mêmes termes élogieux cette entente qui le reliait à Mosley : « Nous nous faisions totalement confiance. Max m’aidait à faire certaines choses parfois. C’était un gars super, un gars qui me guidait si nécessaire dans la bonne direction. Nous étions vraiment ensemble, nous n’avons jamais eu une dispute. Nous avions les mêmes idées. Max, c’était le racer. »

Quand Ecclestone regrettait que Todt ait remplacé Mosley… et quand Mosley regrettait Ecclestone en taclant Carey

L’entente était telle entre les deux hommes que vers la fin de son règne, Bernie Ecclestone n’a jamais caché qu’il regrettait la retraite de Mosley, et l’arrivée de Todt, sans doute au plus grand plaisir du Français.

« Je suppose que je regrette qu’on ait perdu Max » déclarait-il ainsi en septembre 2015. « Il n’y a rien de mal avec M. Todt parce que, en toute honnêteté, il ne fait rien en Formule 1, il n’interfère pas. Il ne cause pas de problèmes. »

Forcément Mosley rendait souvent la pareille à Bernie Ecclestone. Ainsi en 2017, après l’arrivée de Chase Carey et la mise au placard par Liberty Media de Bernie Ecclestone comme président d’honneur de la F1 (« J’ai une position tellement élevée que de là où je suis, je ne vois rien » déclara avec humour Ecclestone), Mosley regretta publiquement le départ de son ami – là encore pour le grand plaisir de Carey.

« Je pense que cela peut être assez difficile pour Liberty Media. Selon moi, Ecclestone a été brillant en affaires avec les promoteurs et les organisateurs, pour donner une vraie structure au championnat. Pour quelqu’un de nouveau, arriver comme ça sans toutes les relations personnelles et l’aide de Bernie, ça peut être difficile. Si j’avais été à leur place, je l’aurais gardé pour faire les choses où il était manifestement très bon et concentré mes efforts sur ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent, comme la télévision interactive, la réalité virtuelle, les médias sociaux, Internet et tout le reste. Tout cela a été un peu négligé en Formule 1 et c’est le genre de domaines dans lesquels Liberty sera probablement très bon » soulignait-il ainsi.

Ecclestone appréciait Mosley au point d’avoir même suggéré son nom à Margaret Thatcher, dans les années 90, pour le nommer ministre ! Car Bernie Ecclestone voyait un plus grand destin à Max « Max aurait dû être premier ministre, il aurait fait un bon premier ministre. J’en ai parlé à Margaret Thatcher, je lui ai dit qu’il devrait jouer un rôle dans le gouvernement. »

Mais le passé familial de Mosley (son père Oswald fut le fondateur de la British Union of Fascists en 1932) avait finalement mis fin avant l’heure à la carrière politique de Mosley. « Nous étions passés outre. Peu de monde se souciaient de cette histoire » déclarait à ce sujet Bernie Ecclestone…

Entre regrets et lâcheté…

Cependant Bernie Ecclestone n’a pas toujours été tendre avec Mosley. Il l’a ainsi laissé tomber au pire moment de sa vie peut-être, lors du scandale de 2008. Une lâcheté que Bernie Ecclestone regrettait encore après la mort de Mosley, et même des années auparavant (en 2011 par exemple) : « L’une des pires choses que j’ai faites dans ma vie, et j’en ai honte, c’est de ne pas avoir défendu Max Mosley lorsqu’il a eu de gros problèmes. Je n’ai aucune excuse valable, J’ai fait cette erreur, car de nombreuses personnes, celles qui prennent des décisions dans les grandes sociétés et les banques, m’ont convaincu que Max devait s’en aller étant donné les circonstances. Mais je n’ai pas été très inspiré en ne prenant pas sa défense. J’ai présenté mes excuses à Max, personnellement et publiquement, avant le Conseil mondial de la F1. ».

Un autre point de dissension fut l’arrivée des petites équipes en 2010 (Lotus et surtout HRT et Marussia) alors que la règle des budgets plafonnés n’avait finalement pu être mise en place par Mosley. Bernie Ecclestone regrettait alors l’arrivée des petits poucets… en taclant Mosley (nous étions en décembre 2010) : « Pour être correct, je dois dire que les nouvelles équipes ne sont pas responsables des problèmes qu’elles ont. C’est de la faute de Max Mosley qui leur a fait croire qu’elles pouvaient venir et être compétitives avec un budget de 30 millions de livres ».

Un dernier dissensus fut la non-annulation du Grand Prix des États-Unis 2005, dans les circonstances que l’on sait, et qui donna lieu à un triste spectacle in fine pour l’image de la F1. « C’était la décision de Max, et je pense que ce fût la mauvaise – je pense qu’il s’est un peu trompé sur sa gestion générale de l’évènement. On ne s’est jamais disputé, mais on aurait pu faire différemment. Mais quand Max pense que quelque chose est la bonne chose à faire, il ne fera pas demi-tour » soulignait dans le podcast "Beyond the Grid" Ecclestone sur ce sujet.

En somme le duo Mosley-Ecclestone a marqué, et à raison, au moins deux décennies en F1. Aujourd’hui, la distance entre Stefano Domenicali et Jean Todt est plus prononcée, même si les deux hommes ont officié chez Ferrari. Une génération les sépare et du reste Todt partira bientôt. Reverra-t-on jamais cette complicité, cette amitié au plus haut niveau de la F1 ? Sans doute crierait-on alors au conflit d’intérêts. Une autre époque, pour sûr !

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