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Neutralité carbone en F1 : la logistique, sujet décisif… et casse-tête

La rationalisation du calendrier en question

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Neutralité carbone absolue en 2030 : tel est l’objectif martelé par la F1 depuis 2018.

Et cet objectif sera tenu : tel est aussi le sens des récentes annonces faites par le sport et notamment Liberty Media.

En 2018, la F1 avait calculé émettre 256 551 tonnes de CO2 par an. La majorité des émissions venait du fret et de la logistique, pas du tout du roulage des F1 en lui-même (voir notre article).

Depuis 2018, vient d’annoncer la F1, les efforts faits par le sport ont déjà permis de réduire de 17 % le total des émissions annuelles, soit 43 000 tonnes (comparaison entre 2021 et l’année 2018).

Ellen Jones, responsable de l’environnement, du social et de la gouvernance de la Formule 1, a confirmé ces progrès en marge du Grand Prix d’Espagne.

« Nous avons réduit notre empreinte carbone. »

« Notre dernière empreinte carbone date de 2021 et représente une réduction de 17 % par rapport à notre base de référence de 2018. Nos calculs sont encore en cours pour 2022. »

Comparaison n’est cependant pas raison : l’année 2021 (par rapport à 2018) comptait un Grand Prix en plus et surtout trois Grands Prix hors d’Europe en plus (or ce sont les courses polluant le plus du point de vue du fret). La performance de 2021 est donc à rehausser en comparaison.

Cela pose d’ailleurs question : en voulant organiser plus de courses, et plus de Grands Prix hors d’Europe, Liberty Media ne contrevient-elle pas à son objectif de neutralité carbone ?

Les efforts se poursuivent quoi qu’il en soit sur la logistique. DHL, le partenaire logistique de la F1, utilisera cette année (pour les courses en Europe) 18 camions roulant avec du carburant d’origine renouvelable, ce qui réduira les émissions émises de 60 %.

Mercedes a d’ailleurs adopté la même innovation pour ses camions (mais là encore, seulement en Europe).

Toutefois il faudra faire encore plus vite, et plus fort, pour tenir l’objectif de 2030 : Jones en est consciente aussi du côté de Liberty Media.

« Viser la neutralité carbone d’ici 2030 signifie devoir réduire nos émissions d’au moins 50 %. Cela veut dire que nous avons sept ans, ce qui représente beaucoup de travail à faire encore. Nous devons utiliser les technologies disponibles aujourd’hui. »

« C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement de rechercher des technologies futures – elles sont fantastiques et nous pourrions tenir une conférence de presse entière sur le potentiel des carburants durables. Mais à l’horizon 2030, il s’agit de voir comment nous pouvons modifier matériellement nos opérations pour expédier moins de matériel, parcourir des distances plus courtes, veiller à ce que les produits qui voyagent soient "allégés", revus - et pourraient-ils être d’origine locale ? »

Jones en appelle aussi à la responsabilité des équipes elles-mêmes…

« Ce sont là des actions qui ne dépendent pas du changement technologique, mais qui dépendent d’un changement de culture de la part de chaque personne ou acteur de F1. Chacun doit comprendre quel est son rôle et de quelle manière ses décisions ont un impact sur notre objectif de neutralité carbone d’ici 2030. »

Un pas en avant majeur du point de vue de la pollution logistique, serait obtenu en réorganisant de manière plus logique le calendrier. Par exemple cette année, enchaîner Bakou et Miami en une semaine semblait être une aberration.

Liberty Media en a conscience et travaille à un calendrier plus logique selon les géographies. Jones confirme que la démarche est en cours.

« Quand on parle de notre empreinte carbone, il y a trois leviers clés. »

« Le premier est la distance parcourue, le deuxième est le mode de transport et le troisième est la quantité transportée, et nous devons répondre à ces trois questions. »

« En ce qui concerne le calendrier lui-même, nous comprenons parfaitement que la rationalisation est un objectif clé. »

« C’est un objectif que Stefano, notre PDG, a défendu. C’est aussi un partenariat avec nos promoteurs. »

« Mais lorsque vous avez un calendrier et une date, cela peut être un sujet très émotif pour un promoteur de course, ils disent : ’c’est un jour férié, ça a toujours été comme ça’. Mais nous devons les emmener avec nous sur ce chemin du changement afin d’organiser des événements plus durables, de réduire notre empreinte carbone et d’équilibrer toutes ces variables. »

DHL : le partenaire-clef pour la transition verte de la F1

Paul Fowler, Directeur de DHL Motorsports Logistics, est le premier concerné par les efforts écologiques de la F1, au vu du poids de la logistique et du fret dans la pollution totale du sport. Des annonces ont été faites d’ailleurs à Barcelone.

Lui aussi se dit pleinement responsabilisé par les enjeux de l’objectif neutralité carbone pour 2030 : mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour DHL ?

« Nous considérons l’ensemble de la chaîne logistique, qu’il s’agisse du transport aérien, du transport maritime et, désormais, du transport routier. »

« Traditionnellement, le matériel était transporté dans des avions Boeing 747, mais nous nous en éloignons pour passer au 777. »

« Un 777 est environ 17 % plus efficace qu’un 747. Nous nous approvisionnons également en carburant durable pour le fret aérien ou maritime. »

« Il est évident que le calendrier pose des problèmes - les triplés de courses, etc. »

DHL a donc un casse-tête à résoudre et qui ne dépend pas de lui : l’organisation parfois chaotique du calendrier…

« Il y a beaucoup de facteurs qui déterminent le calendrier et qui sont hors de notre contrôle. Nous travaillons donc du mieux que nous pouvons dans l’environnement et le calendrier qui nous sont proposés. Vous pouvez déjà constater, avec la présence du Moyen-Orient et des États-Unis, que des groupes de courses se forment naturellement et que nous pouvons travailler dans ce cadre. »

« Le fret maritime entre les courses, cela peut être fait de la manière la plus durable possible, parce que nous avons le temps. Le fret aérien est un peu plus difficile, c’est pourquoi nous avons opté pour les 777. »

« Ce sont les questions auxquelles les équipes et chaque individu doivent répondre. Et beaucoup de questions sont à poser aux équipes de F1. Faut-il faire un aller-retour des pièces entre chaque course, vers les bases du Royaume-Uni et de l’Italie ? C’est un processus. Nous l’avons entamé et c’est évidemment une bonne chose, mais nous ne sommes certainement pas au bout de nos peines. »

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