C’est une charge claire et nette qu’a adressée Adrian Newey, en marge de sa signature chez Aston Martin F1.
Une charge envers qui ? La couverture télévision « nationaliste » de la Sky au Royaume-Uni, qui aurait eu pour conséquence de « démonétiser » Max Verstappen, dans ses duels face à Lewis Hamilton ou Lando Norris (deux Britanniques).
Les accusations de Red Bull envers la Sky ne sont pas neuves : l’équipe de Milton Keynes était allée jusqu’à boycotter le Grand Prix du Mexique en 2022 (ne répondant pas au micro de la Sky) pour cette raison. L’héritage de 2021, où Lewis Hamilton avait pu être « volé » de son titre mondial selon un chroniqueur de la chaîne, se fait toujours bien présent.
Pour le nouvel homme (très) fort de l’équipe Aston Martin F1, Max Verstappen n’est pas apprécié à sa juste valeur dans le paddock – à l’image de Sebastian Vettel par le passé. Et c’est donc à cause notamment de la Sky, qui diffuse la F1 au Royaume-Uni.
« De l’extérieur, je ne suis pas sûr que les gens apprécient et comprennent pleinement Max, tout comme ils ne l’ont pas fait avec Sebastian. »
« Parce que tout d’abord, il y a une sorte de diabolisation dont ils ont tous les deux souffert à certains moments et que je trouve très injuste. Peut-être que c’est aussi un peu le fait des médias britanniques, si je suis honnête, Sky a une énorme influence dans le monde entier, leur audience est vraiment internationale. Mais leur couverture est assez nationaliste, si j’ose dire, et cela peut avoir une influence. »
« On a presque l’impression que Verstappen peut conduire la voiture automatiquement. Ce n’est pas le cas, bien sûr, mais il peut conduire la voiture avec tellement de technique qu’il peut alors beaucoup mieux réfléchir à la façon dont il conduit la voiture, à la façon dont il prend soin des pneus, à ce qu’il pourrait avoir besoin de faire dans les réglages ou, s’il n’est pas sûr, demander [à son ingénieur de course] à la radio ce qu’il devrait faire, mais en mettant en évidence les problèmes ».
Dans son éloge de Max Verstappen, Adrian Newey n’a bien sûr pas oublié de dire un mot gentil pour son nouveau « top-pilote », Fernando Alonso.
« La lecture de la course me fascine toujours - Fernando est un autre qui peut le faire, il semble être capable de lire la course. Et pourtant les pilotes n’ont pas tous les éléments en face d’eux ».
Newey apporte un regard plus nuancé sur 2021
Mais Newey n’a pas été non plus aveuglé par les colères et les comportements agressifs en piste de Max Verstappen, notamment en 2021. Il admet ainsi que Verstappen avait dépassé les bornes au Brésil.
« Après Silverstone, sur la piste, entre Lewis et Max, c’est devenu si intense… je pense que Max avait des sentiments très forts sur cet accident de Silverstone. »
« Et Mercedes a réussi à trouver beaucoup plus de rythme avec cette voiture vers la fin de la saison. C’est toujours plus facile pour le chasseur que pour le chassé et Max commençait à ressentir la pression d’être chassé. »
« En réalité, il a probablement eu de la chance de ne pas être pénalisé pour son pilotage au Brésil [défense agressive sur Lewis Hamilton, ndlr]. En Arabie Saoudite, ils ont eu une sorte d’effet-accordéon… qui était un peu plus - je pense que ce n’était pas clair, mais Max est allé trop loin au Brésil en vérité. »
« Je pense donc qu’il sentait un peu la pression. Et en effet, Checo [Perez]… c’est la chose habituelle, si le coéquipier que vous battez normalement commence soudainement à se rapprocher, ce n’est pas que soudainement le coéquipier est devenu meilleur. C’était la même chose avec Fernando et Felipe Massa vers la fin de l’année 2010, ils se rapprochent soudainement parce que le pilote de tête ressent la pression. »
Et même sur l’incident de Silverstone, le fameux crash entre Lewis Hamilton et Max Verstappen à Copse, Adrian Newey admet avoir changé d’avis.
« A l’époque, j’étais absolument incandescent avec Lewis parce que j’estimais qu’il avait commis une faute professionnelle délibérée. »
« Je pense aujourd’hui, avec le recul et le temps, qu’ils s’étaient déjà fait malmener tout au long du tour jusqu’à ce virage. Lewis a saisi une opportunité qu’il pensait être là, l’a mal jugée, et ce qui s’est passé, s’est passé. »
« Nous avons eu de la chance que Max ne soit pas gravement blessé. Je comprends donc mieux maintenant ce qui s’est passé et j’ai probablement été un peu dur - j’ai été trop dur avec Lewis à l’époque. C’est peut-être l’un des aspects de la Formule 1, vous vous retrouvez très facilement dans la peau de l’ennemi des autres. »
« La course de Max à Silverstone est la dernière où nous nous sommes demandés s’il allait bien, s’il était gravement blessé... Puis, quand il a parlé à la radio, il a grogné parce qu’il était très essoufflé. Et vous ne savez pas ce que cela signifie. Il était très endolori, il avait une commotion cérébrale assez grave, il a été très endolori pendant une semaine, mais il allait bien. »