Adrian Newey est toujours fidèle au poste chez Red Bull : il n’officie plus exactement comme directeur technique, mais continue de s’impliquer dans le nouveau règlement aérodynamique de 2022.
Toutefois la carrière du plus célèbre ingénieur de la F1 aurait pu s’arrêter en 2014 : en effet à ce moment-là, le Britannique a pensé à se retirer de la F1, découragé par les performances du moteur Renault. Ou bien, à aller voir du côté de Maranello car la Scuderia le draguait depuis déjà un long moment…
Se confiant à The Race, Newey est revenu sur cette période et a confirmé qu’il avait été proche de déménager en Émilie-Romagne en 2014.
« À l’époque, j’étais assez désillusionné par tout cela, pour être honnête, dans la mesure où... évidemment, j’ai failli rejoindre Ferrari, mais je ne l’ai pas fait... mais plus que tout, même si je me sentais heureux chez Red Bull et que je ne voulais pas vraiment changer d’équipe, la seule chose qui m’avait poussé à envisager de changer d’équipe était que nous étions coincés avec un moteur non compétitif. »
« Je ne voulais pas changer d’équipe - et c’est là que le projet de voiture de route [Aston Martin Valkyrie] est intervenu. Cela m’a permis de rester motivé et occupé pendant un certain temps, puis une fois que nous avons signé l’accord avec Honda et qu’il était clair que nous avions un partenaire qui, d’accord, n’était peut-être pas encore tout à fait au point, mais qui avait la volonté et la motivation pour y arriver, cela a changé les choses. »
Si Newey a failli arrêter la F1, c’est donc en grande partie à cause du nouveau règlement moteur et surtout de la faible implication de Renault - sur qui Christian Horner tapait régulièrement aussi.
Et Newey d’adresser aussi un tacle direct au motoriste de Viry, en comparant aussi Renault avec Honda - alors que l’animosité de la période 2014-2019 ne semble toujours pas s’être refermée.
« Nous avions un fournisseur qui semblait plus intéressé par l’aspect marketing de sa présence en F1 que par sa compétitivité. »
« Si vous avez un partenaire moteur qui propose une unité de puissance inférieure à celle des concurrents, mais qui montre un réel désir et une volonté de la réparer et d’aller de l’avant, alors vous l’acceptez. Mais un partenaire qui ne reconnaît pas son retard et qui ne semble pas vouloir y remédier est beaucoup plus difficile. Cela m’a donc fait perdre ma motivation. J’aimais toujours la F1, mais pas comme ça. »
Quel avenir pour Newey ?
Désormais la question se pose : à 63 ans, Newey va-t-il continuer à s’impliquer en F1 pendant encore quelques années ? Pense-t-il déjà à la retraite ? Plus tôt que prévu ?
« C’est une bonne question. J’aime le design. Le design combiné à la compétition a été ma carrière et je l’ai énormément appréciée, mais cela apporte ses propres pressions, bien sûr. J’ai 63 ans et je m’ennuierais si je m’arrêtais et ne faisais absolument rien. J’ai toujours pensé que je ferais un hobby plus tard - reconstruire des motos, ce genre de choses. Je pense que cela m’occuperait un peu, mais je finirais par m’en lasser aussi. »
« Alors peut-être que j’essaierai de me mettre dans une position où je pourrai être impliqué en tant qu’expert, quelqu’un qui supervise un travail général - ce que fait Rory [Byrne] chez Ferrari maintenant - ce qui est très agréable à vivre. Tant que vous pouvez contribuer de manière positive. Je détesterais être une distraction. "Oh, Adrian arrive aujourd’hui". Cela signifie qu’il faut passer les rênes à quelqu’un qui est responsable et je ne serais qu’un simple contributeur tant qu’il trouve cela utile. »
Newey aimerait aussi s’éloigner du sport en général pour contribuer à développer des voitures de route plus efficientes... On n’en prend pas la direction aujourd’hui pour lui !
« Ça, c’est du côté de la compétition. Mais j’aimerais aussi développer le côté voiture de route. J’ai l’impression que je pourrais offrir quelque chose dans ce domaine. C’est un domaine difficile, incroyablement compétitif. Mais j’ai le sentiment que l’automobile semble aller dans la mauvaise direction. Les constructeurs répondent à la demande des acheteurs, mais les voitures deviennent de plus en plus grandes et lourdes. »
« Nous avons maintenant des SUV électriques - d’énormes 4x4 électriques ! C’est fou. Cela n’a aucun sens. Ce serait bien de voir les voitures devenir un peu plus efficaces - quelle que soit l’unité de propulsion, mais en termes d’aérodynamisme, de poids, de taille du moteur. Toutes ces organisations gouvernementales se félicitent de l’amélioration des règles de sécurité, mais comme en F1, cela rend la voiture très lourde. Les régulateurs ne semblent pas penser à cela. Ils veulent une utopie, une voiture sans émissions et très efficace. »