En moyenne, Lando Norris a collé un écart de quasiment trois dixièmes à Daniel Ricciardo en qualifications l’an dernier : de tels différentiels ont bien sûr convaincu McLaren d’écarter l’Australien pour 2023, pour le remplacer par un autre Australien, le prometteur Oscar Piastri.
La progression de Lando Norris a donc été fulgurante, l’an dernier plus encore, au point d’enterrer la carrière d’un multiple vainqueur de Grands Prix.
Mais d’où est venue cette progression pour Lando ? D’où vient cette confiance en lui ?
C’est à The Race que le pilote McLaren a confié quelques-unes de ses nouvelles certitudes quelques heures avant le lancement de la nouvelle MCL60 ce soir à 18 heures…
« Quand je suis arrivé en F1, je voulais faire le tour parfait tout de suite. Maintenant, je suis vraiment convaincu que je peux essayer beaucoup de choses différentes et puis je peux aller en qualifications et tout mettre ensemble. C’est quelque chose que je n’aurais pas été capable de faire la première ou la deuxième année. »
« Maintenant, je suis confiant et je peux sortir, faire un bon tour et me concentrer pour apprendre autant de choses que possible. On ne sait jamais parce que quelqu’un aurait peut-être pu faire mieux, mais il faut chercher dans soi-même pour savoir si on a trouvé la limite ou pas. »
Certains dans le paddock ont pu dire que de toute manière, la McLaren de l’an dernier convenait bien mieux au style de Lando Norris qu’à celui de Daniel Ricciardo. Mais ce n’est pas du tout vrai selon Lando !
« Ce n’est pas une voiture facile à conduire. Il y a des techniques et des caractéristiques que vous devez essayer de comprendre. Au début, mon style de pilotage de l’année dernière était à l’opposé de ce dont j’avais besoin. Donc même si c’est une McLaren et que nous avons à certains égards, des difficultés identiques d’une année sur l’autre, la façon dont vous devez conduire la voiture [en 2022 par rapport à 2021] est très différente. Par conséquent, j’ai dû réapprendre beaucoup de choses. »
« Le style de pilotage naturel de Daniel au début de l’année convenait mieux à la voiture qu’à moi et j’ai dû me forcer à conduire d’une manière différente. »
« J’ai l’impression d’avoir fait du bon travail [à cet égard], comme Carlos [chez Ferrari]. Il s’est beaucoup plaint au début de la saison et a dû faire beaucoup d’efforts pour s’adapter et tirer le meilleur parti de la voiture. C’est le travail du pilote, à la fin, quelle que soit la voiture. Que la voiture soit facile à conduire ou difficile à conduire, le travail du pilote est de s’y adapter et de comprendre comment la piloter de la manière la plus rapide. Mais cela prend du temps. C’est quelque chose qui me fait croire que j’ai fait du bon travail. »
« A chaque virage, vous devez apprendre à conduire la voiture. Ce n’est pas comme si vous arriviez sur un nouveau circuit et que vous deviez conduire la voiture comme ça, sans adaptation. Vous venez sur ce circuit, vous devez apprendre à chaque virage à conduire la voiture d’une manière différente. Et ce qui rend cela si difficile, c’est que vous ne pilotez pas une voiture sur un circuit, vous conduisez une voiture par virage. Et ce n’est pas une bonne chose pour être honnête. »
« Mais entre 2021 et 2022, c’était très différent, pas seulement à cause des caractéristiques, mais aussi de la philosophie de fonctionnement de cette F1. Il doit y avoir beaucoup de facteurs qu’il [Daniel Ricciardo] connaît et que je ne connais pas, que ce soit des choses simples comme le bruit ou les vibrations, des petites choses comme ça peuvent jouer un rôle. »
« Mais en termes d’adaptation des styles de pilotage, ce que j’ai fait en 2021 par rapport à ce que j’ai fait en 2022 est un changement assez important. Je suis sûr que cela peut être plus important, mais je n’ai pas beaucoup de réponses. C’est pourquoi il m’est difficile d’expliquer les choses. »
Lando Norris frustré par une McLaren trop imprévisible ?
On sent que Lando Norris est frustré par l’inconstance de la McLaren, une voiture bien moins facile à conduire qu’il n’y paraissait…
« Un week-end, nous avions une voiture survireuse, un autre week-end, une voiture sous-vireuse… »
« Ce n’est donc pas comme si la voiture était la même tous les week-ends et que j’étais capable de mieux la conduire. Chaque week-end, vous devez vous réadapter à la voiture, changer votre style de pilotage et la comprendre. Je suppose que c’est ce que je dois faire, ou trouver plus facile à faire. »
« Et c’est tellement impossible de faire le même virage deux tours de suite. C’est ce qui me perturbe la plupart du temps. J’arrive et mes ingénieurs me demandent ce qu’on peut faire. Et moi je dis juste, ’Je ne sais pas ce dont j’ai besoin pour aller beaucoup plus vite que ce que nous avons maintenant’. Mes commentaires vont tout à fait dans le sens de ce que dit Daniel. »
La clef du succès de Lando Norris a donc été son adaptabilité. Contre vents et marées ! Mais n’aime-t-il pas au fond briller dans des conditions difficiles ?
« Oui, il se peut que je sois plus heureux en vivant une vie un peu plus sur le fil du rasoir ! Peut-être que j’ai juste un meilleur instinct pour trouver les limites de la voiture… »
« La voiture est littéralement tellement sur le fil du rasoir que lorsque vous trouvez cette performance, nous pouvons évidemment être compétitifs. Mais dès que vous sortez de la limite, elle n’est pas pilotable. »
Tester une autre F1 que la McLaren ?
Ces expériences plutôt frustrantes avec McLaren donnent à Lando Norris une idée : et s’il conduisait une voiture différente pour comparer... ? Juste pour l’expérience et la curiosité, bien sûr !
« J’adorerais pouvoir conduire une autre voiture qu’une McLaren, juste pour me dire "OK, voilà ce que peut être la différence". »
« J’ai l’impression que 2022 par rapport à 2021 représentait une très grande différence, donc je ne sais pas à quel point conduire une autre voiture représenterait une aussi grande différence. »