Les Accords Concorde pour les saisons post-2026 sont actuellement en cours de négociation.
Un point central de cette négociation porte sur les budgets plafonnés. Actuellement, le règlement financier prévoit un plafond à 135 millions de dollars sur la base de 20 courses (et 1,2 million en plus par course supplémentaire).
Les exceptions sont cependant nombreuses : budget marketing, salaires des pilotes et de trois hauts dirigeants, dépenses de bien-être pour les employés… Il existe aussi un plafond pour les dépenses d’investissement séparé, dont le montant a été aussi revu récemment à la hausse.
Dans le cadre des futures négociations, la FOM et la FIA entendent faire un geste aux écuries de pointe et relever le plafond à 220 millions de dollars (aussi pour tenir compte de l’inflation).
Mais en échange… la F1 entend réduire les exemptions aux plafonds. Les budgets investissements y seraient inclus, ce qui représente un gros coup de canif dans la liberté budgétaire, notamment des petites équipes.
De plus – et c’est un vrai point d’inquiétude pour l’égalité femmes-hommes en F1 – des dépenses de personnel annexes ont bien failli sortir des exceptions des budgets. Par exemple, les congés maternité.
Or cela poserait problème : les équipes ne risquent-elles pas d’engager moins de femmes, par ‘peur’ qu’elles ne deviennent mères ? Ce serait la conséquence regrettable mais hélas logique d’une telle décision.
Autre coup dur potentiel pour les employés qui était en discussion : les fêtes du personnel, comme les fêtes de Noël, auraient pu rentrer dans les plafonds. Dès lors, fini les ‘Secret Santa’ et les fêtes diverses pour les employés… Il ne fait pas bon travailler en F1 !
Dès lors, où en sont les négociations ?
Une équipe de pointe comme Red Bull, qui a beaucoup d’investissements à consentir, soutient-elle l’augmentation du plafond en échange de la réduction des exceptions ? Christian Horner s’est exprimé sur ce sujet décisif en conférence de presse à Monaco.
« Il s’agit de trouver un équilibre » commente Christian Horner. « Les budgets plafonnés ont permis d’apprendre énormément de choses. Et le plus important pour 2026, c’est que les employés ne fassent pas les frais de ces changements. »
« Il y a donc une discussion raisonnable sur ce qui est inclus, ce qui doit rester exclu et ce qui est réellement pertinent pour créer de la performance. Par exemple, une fête de Noël fait-elle rouler votre voiture plus vite ? Si cela doit être inclus dans le plafond, chaque directeur technique voudra bien sûr un aileron avant plutôt qu’une fête de Noël. Il s’agit donc de trouver un équilibre. Je ne dis pas que notre directeur technique n’aime pas les fêtes de Noël, mais il aime les ailerons avant. Il s’agit donc de trouver un équilibre qui permette aux employés de ne pas faire les frais de cette situation. »
« Mais je pense que, dans l’ensemble, la discussion a été très productive et sensée. Il s’agit de trouver un équilibre entre ce qui est exclu et ce qui est inclus dans ce montant plus élevé des budgets plafonnés. »
Bruno Famin, pour Alpine F1, n’est cependant pas contre, lui, une certaine simplification. Trop d’exemptions tuerait le principe même des budgets plafonnés...
« L’autre idée est peut-être aussi d’essayer de simplifier le processus. C’est un processus très compliqué, le règlement financier, et si nous pouvons le gérer un peu différemment sur certains points, il sera un peu plus facile, un peu plus simple à gérer aussi. »
Alessandro Alunni Bravi, le représentant de l’équipe Stake F1, est dans une position particulière. Certes Stake est une petite équipe, mais Audi va procéder, et procède déjà, à de très lourds investissements... Comment trouver le bon équilibre pour lui ?
« Au cours des trois ou quatre dernières années de mise en œuvre des budgets plafonnés, nous avons beaucoup appris, vous savez. Nous avons aussi appris comment cela s’applique dans différents domaines. Et l’objectif est d’éviter les domaines susceptibles d’être interprétés différemment par les équipes, en particulier la définition des activités F1 et non F1, qui est judicieuse. L’objectif est que l’on joue plus à égalité, en particulier dans les départements relatif au développement de la voiture. »
Un traitement différencié pour la Suisse et Audi/Sauber ?
Bravi soulève un autre point : les salaires et le coût de la vie en général sont, en Suisse, bien plus élevés qu’en Italie par exemple. Là aussi, il faut davantage en tenir compte.
« C’est une opportunité pour nous tous d’avoir un cadre clair. Et pour des équipes comme la nôtre, il sera important d’introduire un élément qui puisse, je dirais, égaliser les différences en termes de coût de la vie, parce qu’il y a bien sûr une sorte d’écart entre le coût en Suisse et dans d’autres pays. »
« Nous devrions mettre toutes les équipes au même niveau, au moins comme point de départ, et ainsi la différence sera la capacité des personnes et la qualité du travail, et non d’autres facteurs qui peuvent affecter négativement ce point de départ. »