Quel dimanche ! En l’espace de quelques heures, Esteban Ocon a réalisé une superbe qualification (4e temps) et une course exceptionnelle au Brésil (2e place) hier. Il ne s’attendait certainement pas à monter sur le podium d’Interlagos mais une fois de plus, a fait parler sa maîtrise des conditions humides.
Même le Normand n’en revenait toujours pas hier soir, en conférence de presse !
« Je ne suis même pas sûr que ce soit la réalité ou un rêve. Mais je sens l’odeur du champagne, donc je pense que c’est bien réel. C’était une journée incroyable. »
« Qui aurait cru qu’on se qualifierait 4e ? Dès que ces conditions humides se sont installées, ça a vraiment nivelé le niveau des voitures. Et ça fait du bien de pouvoir lutter contre d’autres voitures, contre les leaders aussi. Cela montre que nous sommes toujours là, prêts à saisir les opportunités quand elles se présentent. »
Esteban Ocon a mené une partie de la course et avant la voiture de sécurité et le drapeau rouge, il reprenait même du temps sur Max Verstappen en intermédiaires usés. Pensait-il la victoire possible ?
« Nous avons même mené la course un moment, c’était spécial. Je m’éloignais de Max lors du premier restart, ça se passait super bien. Malheureusement, la réalité est revenue, et Max a été meilleur. »
« Mais ça fait vraiment du bien, d’autant plus que nous avons eu quelques courses difficiles où rien ne fonctionnait comme on le voulait. »
Ocon en profite pour rappeler à tous son talent personnel, qui n’a pas été mis en valeur par le niveau de l’Alpine F1 cette année…
« Cela prouve que nous sommes là quand tout ne dépend pas uniquement de la voiture, mais aussi du pilote. »
Est-ce le tracé ou surtout la pluie qui a profité à Alpine F1 et Ocon ?
« Nous sommes en général meilleurs sous la pluie. C’est difficile de faire pire que nos performances en conditions sèches ces derniers temps, surtout récemment. Ne riez pas, s’il vous plaît ! Mais c’est fantastique d’avoir pu mener une course comme celle-ci. L’équipe a été parfaite dans les choix stratégiques et de pneus. Quand tout le monde est sur un pied d’égalité, on peut jouer et aujourd’hui, c’était le cas pour nous. »
« Max était clairement plus rapide dans le second relais, donc il n’y avait pas moyen de lutter. Il a pris de l’avance très rapidement, comme je m’y attendais. »
Ocon n’a pas fermé la porte à Max Verstappen, quand ce dernier l’a dépassé au restart au premier virage (et le Néerlandais a d’ailleurs salué son fair-play).
« J’ai dit à Max après la course que j’étais vraiment impressionné par sa capacité à freiner aussi tard à l’intérieur sans bloquer les roues avant. C’est ce qui est arrivé à beaucoup de pilotes, moi inclus en qualifications, où 90 % de mes tours, je bloquais les roues avant au virage 1. Mais il a fait un beau dépassement. »
Même avant ce Grand Prix fou, Esteban Ocon était amoureux du Brésil et les Brésiliens étaient amoureux de lui, raconte-t-il.
« Le soutien qu’on reçoit ici est incroyable. Ce matin, je suis arrivé vers 5 heures, et il y avait déjà des gens qui attendaient, en file devant le circuit. Je n’en revenais pas de voir à quel point les gens sont passionnés par la F1, par le sport automobile. Depuis mes débuts, certains m’appellent « Oconzinho », ce qui est assez drôle, je trouve. Mais du jour où on arrive jusqu’au jour où on repart, c’est incroyable. J’aimerais vraiment passer plus de temps au Brésil, visiter différents endroits, mais l’atmosphère d’Interlagos ne déçoit jamais. C’est tout simplement fantastique. »
Une belle histoire gravée pour toujours avec Pierre Gasly
Sauf surprise, ce podium restera comme le dernier d’Esteban Ocon avec Alpine F1, l’équipe qui lui a donné sa première victoire dans le sport. Ce Grand Prix restera forcément dans ses mémoires…
« Eh bien, ce n’est pas encore fini ! Il reste trois courses. Mais si ça, c’est la récompense, alors je suis très content de l’accepter comme telle. Ça a été cinq années de bons moments, d’autres plus difficiles bien sûr. »
Esteban Ocon et Pierre Gasly ont eu une accolade assez émouvante après l’arrivée : finalement, ces deux pilotes qui devaient toujours se rentrer dedans, ont surtout prouvé leur talent de pilotage. Tout est bien qui finit bien… Il n’y pas eu trop d’étincelles mais le premier double podium français depuis 1997 pour finir !
« Je suis extrêmement heureux et fier, et honnêtement fier aussi de Pierre » conclut Ocon.
« On a eu nos histoires, mais faire ce dernier tour de parade ensemble, ça m’a rappelé beaucoup de souvenirs, de quand on courait en karting sous la pluie, même sur la neige avec des pneus slicks, tous les deux, en attendant de monter sur le podium ou de remporter une victoire. Ça a un peu ce goût-là. C’est une belle histoire, quand on pense d’où on vient. Et celle-ci restera gravée pour toujours. »