Avec la percée qu’effectue la F1 depuis le rachat par Liberty Media, les programmes sur la catégorie reine du sport automobile se multiplient sur diverses plateformes. Après Drive to Survive, qui a mené la popularisation de la Formule 1, et Grand Prix Driver, une mini-série sur McLaren diffusée par Prime Video, Disney+ propose désormais son programme.
Il s’agit de ’Brawn GP : la course impossible’, une mini-série de 4 épisodes que nous avons pu voir en avant-première, et qui retrace l’histoire exceptionnelle de l’équipe n’ayant couru qu’une saison, pour remporter les deux titres mondiaux, pilotes et constructeurs.
La série est narrée et menée par Keanu Reeves, qui a effectué un grand nombre d’interviews filmées pour plonger au cœur de cette histoire. Au fil des 4 épisodes, la série revient sur l’abandon du projet Honda F1 dans le cadre de la crise de 2008, et sur toute la phase Brawn GP jusqu’à la cession du team à Mercedes.
Keanu Reeves, qui est évidemment connu pour ses rôles dans les sagas Matrix et John Wick, et dans les films Speed, L’associé du diable, ou encore Point Break, a mené ce projet car il avait été fasciné par l’épopée de l’équipe de Ross Brawn.
Une approche bien plus pragmatique que Netflix
Est-ce parce que la série raconte une histoire épique qu’elle n’a pas eu besoin de trop en faire ? On pouvait évidemment craindre que la réalité soit romancée dans cette série, mais il n’en est rien, et bien que certains effets de réalisation et de montage renforcent le suspense, on ne voit aucune tromperie sur le déroulé des faits.
Le reproche qui est souvent fait à Drive to Survive est en effet un montage très peu fidèle à la réalité, pour pouvoir rendre plus impressionnantes des séquences qui ne l’étaient pas forcément. Ici, les séquences d’archives collent parfaitement à la voix off ou aux interviews alors en cours.
Grâce à cela, on retrouve une série plus authentique, et l’on s’immerge sans mal dans la vie de cette petite équipe aux résultats inespérés. Parmi les personnes interviewées, on trouve évidemment Ross Brawn, ses pilotes Jenson Button et Rubens Barrichello, ou encore des ingénieurs comme James Vowles (aujourd’hui directeur de Williams) et Andrew Shovlin.
Mais on trouve également des interviews de l’ancien directeur de chez Honda, ainsi que des rivaux de Brawn GP, en l’occurrence les patrons de Red Bull et Ferrari, Christian Horner et Luca di Montezemolo. Bernie Ecclestone est également interviewé, ainsi que des témoins extérieurs liés à certains faits particuliers, comme Felipe Massa ou Anthony Hamilton, le père de Lewis.
Mais surtout, on peut saluer la présence parmi les intervenants des personnes responsables de la création de la BGP 001, les aérodynamiciens de Honda, ainsi que d’employés de chez Brawn GP ayant eu à travailler sur cette monoplace. Détail amusant, nombre d’entre eux portent d’ailleurs encore les couleurs de Mercedes.
Attention spoiler : que comportent les quatre épisodes ?
Nous avons été raisonnables dans les spoilers (ou le divulgâchis pour les francophones les plus affirmés d’entre vous) lors de la présentation de la série, mais si vous ne voulez rien savoir sur le contenu de la série, c’est maintenant que vous devez passer au chapitre de conclusion.
Les quatre épisodes d’une heure se répartissent de manière plutôt équilibrée. Tout d’abord, on découvre la saison 2008 de Honda et les principaux protagonistes que sont les pilotes, Ross Brawn mais aussi Nick Fry, alors leader de Honda F1.
Ensuite, le premier épisode nous fait vivre les difficultés financières consécutives à la crise, et le départ de Honda. La phase de négociations avec divers acheteurs potentiels est ensuite abordée, avant que l’on apprenne comment Brawn a finalement racheté l’équipe pour une livre symbolique.
On découvre que l’ancien directeur du programme de Honda possède toujours cette livre Sterling aujourd’hui. L’épisode 1 se termine par le triomphe de Melbourne, et le doublé signé par Button et Barrichello.
Dans l’épisode 2, on suit notamment la série de victoires en début de saison et le débat autour du double diffuseur, déjà entamé dans l’épisode 1. En dépit des succès, l’équipe est confrontée aux problèmes financiers qui l’obligent à se séparer de la moitié de son personnel. Un autre arc narratif est la frustration de Barrichello, dans l’ombre de Button.
Par la suite, on voit aussi que les difficultés financières de Brawn GP poussent ses dirigeants à signer des Accords Concorde voulus par Bernie Ecclestone, quelque peu à la hâte et quitte à se mettre le reste du peloton à dos. Ce sont ces accords qui ont notamment rendu caduque le schéma financier des équipes Marussia, Caterham et HRT.
D’autres sujets parallèles sont abordés, comme l’accident de Felipe Massa causé par la voiture de Rubens Barrichello, et la rédemption de ce dernier à Valence puis Monza. Le rachat par Mercedes est également un sujet traité, avant un dernier chapitre qui se concentre sur les tensions lorsque l’équipe voit Red Bull et Sebastian Vettel revenir jouer le titre en fin d’année.
En conclusion : qu’a-t-on pensé de cette série sur Brawn GP ?
En laissant de longues séquences d’interview et en faisant se recouper de nombreux témoignages sur une année complète, les producteurs de la série évitent de tomber dans le piège que se sont tendu Netflix et Box to Box Films avec Drive to Survive.
Ainsi, les propos se rejoignent, les histoires se complètent, les commentaires s’additionnent, et l’on découvre au final un récit complet d’une année totalement hors du commun. Les émotions ne sont pas surjouées, et les anecdotes s’enchaînent assez vite pour que l’on découvre des choses de manière régulière.
Les personnes ne connaissant pas l’histoire découvriront une destinée exceptionnelle et apprendront beaucoup de choses, tandis que les personnes ayant déjà des connaissances sur le sujet (notamment via les livres de Jenson Button sortis en France) pourront tout de même découvrir quelques anecdotes amusantes.
On salue enfin une belle exploitation des images d’archives, le travail de recherche que Keanu Reeves et ses équipes ont effectué pour poser des questions intéressantes aux protagonistes, et le peu de langue de bois qu’il y a dans ce documentaire, sans pour autant forcer le trait et tomber dans la recherche de punchline permanente.
La série sera disponible à partir du 15 novembre sur Disney+, et en voici la bande-annonce :