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‘Parc fermé’ : comment fonctionne cette règle cruciale en F1

Et au cœur de l’actualité avec le T-Tray

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« Parc fermé » : deux mots en français, non traduits, que tout le paddock utilise en F1.

Le parc fermé, c’est la forteresse invisible de la F1. Sous l’œil vigilant des commissaires et des caméras, chaque voiture est scrutée, protégée, scellée. Le but ? Garantir une compétition équitable, à partir des qualifications, et éviter le risque de surprise ou tricherie.

C’est justement ce parc fermé (et sa violation) qui sont au cœur de ‘l’affaire du T-Tray’. Red Bull est accusée d’avoir installé un dispositif permettant de modifier, depuis le cockpit, la hauteur de caisse de la voiture : or il s’agirait d’une violation manifeste du Parc Fermé si cela était fait, d’où la rage des autres équipes, à commencer par McLaren F1.

Le terme "parc fermé" désigne une série de règles qui définissent ce qu’une équipe peut et ne peut pas faire sur ses voitures pendant des périodes spécifiques avant un Grand Prix, assurant que la voiture reste dans l’état où elle a couru, prête à être inspectée (ou contestée par un concurrent).

« Le parc fermé est un concept présent dans de nombreuses disciplines du sport automobile, même s’il prend différentes formes, » explique Manuel Leal, délégué technique de la FIA.

« En WRC ou en Rallye Raid, par exemple, c’est un espace physique où les voitures sont regroupées, mais en F1, c’est à la fois un espace physique — visible en fin de séance lorsque les voitures sont stationnées dans une zone désignée de la voie des stands — et un espace virtuel, où les voitures retournent aux équipes mais où seuls certains travaux sont autorisés. »

Leal donne d’autres informations éclairantes sur cette règle, qui n’a pas que des motivations techniques, mais aussi financières.

« Essentiellement, les règles empêchent les équipes de modifier leurs voitures entre les qualifications et la course, » ajoute-t-il. « Les règlements visent à garantir une équité entre les équipes en limitant leur capacité à effectuer des modifications, et également pour des raisons de coûts, afin que les équipes ne créent pas de voitures sur mesure pour les qualifications. »

Les règles du parc fermé sont contenues dans l’Article 40 du règlement sportif de la F1, le point deux spécifiant que « chaque voiture est considérée en parc fermé à partir du moment où elle quitte la voie des stands pour la première fois pendant la séance de qualifications, jusqu’au départ de la course. Toute voiture qui ne quitte pas la voie des stands pendant la séance de qualifications est considérée en parc fermé à la fin de Q1. »

En format sprint, le parc fermé est levé entre le Sprint et les qualifications, permettant aux équipes de modifier si nécessaire les réglages, afin de rendre aussi le reste du week-end moins prévisible. Une innovation introduite cette année.

Une fois en parc fermé, quels types de travaux restent autorisés ? Leal explique que la plupart des travaux permis concernent la maintenance habituelle ou la sécurité, comme le déglaçage des freins, le réglage de l’angle des flaps de l’aileron avant, les inspections non destructives (NDT) pour vérifier d’éventuels dommages, et la réparation des éléments de carrosserie abîmés. Certains fluides peuvent être remplacés, les moteurs démarrés, et des ajustements pour le confort du pilote ou dus aux conditions météorologiques sont possibles, mais sous la surveillance constante des scrutateurs et du personnel technique de la FIA.

Tout travail non répertorié dans l’Article 40.2 ne peut être effectué qu’avec l’approbation du Délégué Technique après une demande écrite de l’équipe. Il doit être clair que toute pièce de remplacement est identique en conception, masse, inertie et fonction à l’originale. Les pièces retirées d’une voiture sont également conservées par la FIA pour d’éventuelles vérifications ultérieures.

Une armée de scrutateurs surveille de près les voitures…

Outre le personnel technique de la FIA, qui peut être appelé à effectuer des contrôles, une surveillance constante est assurée par les scrutateurs FIA, un étant assigné à chaque voiture pour toute la durée du week-end.

« Nous avons cet espace physique après une séance, où les voitures sont pesées, et l’espace virtuel, quand elles retournent aux équipes, » explique Leal. « À ce moment-là, 20 scrutateurs surveillent chaque opération réalisée sur la voiture et consignent tout pour vérification ultérieure. De plus, en début de saison, les équipes doivent soumettre une liste des opérations qu’elles effectuent normalement en parc fermé selon le règlement, que nous approuvons ou non. Chaque voiture est différente, donc elles peuvent indiquer que pour vérifier la chambre de combustion du moteur, elles doivent retirer les bougies bien sûr mais cela implique de retirer d’autres pièces. Cette liste est donnée aux scrutateurs, pour qu’ils suivent ce qui se passe. »

Après les qualifications, au moins trois voitures sont choisies pour des contrôles supplémentaires. Une fois informée, l’équipe concernée ne peut retirer la voiture du parc fermé tant que les vérifications ne sont pas terminées.

La présence des scrutateurs n’est d’ailleurs pas la seule garantie de vigilance.

« En plus, nous avons une caméra au-dessus de chaque voiture, qui surveille et enregistre, » explique Leal. « Essentiellement, c’est comme une vidéosurveillance classique. Nous surveillons en temps réel, des gens observent constamment, et nous pouvons tout voir de ce qui se passe sur la voiture. »

Toutes les opérations réalisées par une équipe doivent être terminées dans les deux heures suivant la fin des qualifications et du Sprint, puis toutes les voitures doivent être recouvertes et prêtes à recevoir les scellés de la FIA pour garantir leur sécurité jusqu’au lendemain.

« Les moteurs et boîtes de vitesses sont bien sûr scellés, » ajoute Leal. « Mais nous avons le droit de placer des scellés où nous voulons pour garder une trace. Si quelque chose nous préoccupe, que c’est critique et difficile à voir en direct, même avec les caméras, nous ajoutons un scellé. En règle générale, ce sont les boîtes de vitesses, les unités de puissance, les systèmes de récupération d’énergie, les panneaux de carrosserie, le siège du pilote, mais nous pouvons sceller où c’est nécessaire. Sur une saison, nous commandons jusqu’à 40 000 scellés, ce qui montre le niveau strict de nos contrôles. »

Comment briser le parc fermé… légalement

Que se passe-t-il si une équipe choisit de briser les règles du parc fermé pour effectuer des modifications et partir des stands ? Comment s’assurer qu’elles restent néanmoins dans la légalité sans que la vigilance ne se relâche ?

« Elles ont trois heures après les qualifications pour faire des demandes, » explique Leal. « Si elles estiment que leur réglage n’est pas efficace, souhaitent changer les spécifications de la voiture, ou pour toute autre raison, elles peuvent déclarer cela. Le délégué technique Jo Bauer rédige un rapport avec les pièces remplacées, en cas de défaillance ou de dommages, et un autre rapport sur les violations du parc fermé, détaillant ce que l’équipe a fait. Tout cela est rendu public pour garantir la transparence. »

« Le personnel de la FIA effectue généralement des vérifications de réglages et de spécifications le dimanche matin, juste pour s’assurer que rien n’a échappé aux scrutateurs, ce qui, honnêtement, est rare. Mais c’est juste un niveau supplémentaire de vigilance pour nous assurer que les équipes aient respecté les règlements, que nous avons une équité totale et que, sauf raison impérieuse, nous entamons la course avec les voitures telles qu’elles se sont qualifiées. »

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