Au cours de sa longue carrière en F1, Riccardo Patrese a affronté bien des coéquipiers redoutables, dont plusieurs champions du monde. Parmi ceux-ci, quel était le plus compétitif ?
Comme il l’a confié pour le podcast "Beyond the Grid", l’Italien n’hésite pas tellement pour répondre à cette question et désigne celui qui l’avait platement battu chez Benetton, en 1993…
« Le coéquipier le plus rapide que j’ai jamais eu était Michael. Alan Jones était un champion du monde. Fantastique. Nelson (Piquet) était un champion du monde. Fantastique. Nigel (Mansell) aussi. Mais celui dont la vitesse était vraiment exceptionnelle, et qui pouvait faire des choses incroyables, c’était Michael. »
« Il est le seul pilote, peut-être à part Senna, qui pouvait gagner des courses avec une voiture de qualité inférieure et même se battre pour le championnat du monde. Les deux pouvaient faire cette petite mais subtile différence avec une voiture qui n’était pas vraiment une voiture gagnante. »
« Michael était plus rapide que moi. Mais il est également vrai que je n’étais pas plus motivé. Avec le même enthousiasme qu’au début de ma carrière, j’aurais pu être plus proche. »
Cette cohabitation avec un quasi-rookie si talentueux n’a pas été facile pour Patrese, dont la réputation fut grandement écornée par cette année 1993…
« Il était jeune et très talentueux. Briatore a dit un jour : Ah, Riccardo n’est même pas aussi bon que ce jeune homme, bien qu’il soit vice-champion du monde. »
« Michael n’était pas à l’époque du Schumacher que nous connaissons aujourd’hui. C’était un jeune homme, et il n’avait toujours pas de victoires et pas sept titres mondiaux. Il m’a rendu la vie très difficile, parce que Briatore a dit que je devais être aussi rapide que Schumacher. »
« L’ambiance dans l’équipe n’était pas bonne pour mon moral. Ce n’était certainement pas ma meilleure saison sur le plan de ma vitesse pure, j’avais été beaucoup plus rapide d’autres années. »
Patrese, habitué aux voitures qui ne ressemblaient pas à des ordinateurs, avait aussi du mal à apprivoiser la Benetton bardée d’électronique de l’époque…
« En 1992 je venais d’avoir une voiture parfaite avec la Williams. »
« Michael se concentrait entièrement pour trouver comment conduire le plus rapidement possible. Le comportement de sa voiture ne changeait pas, il demeurait le même. Quand je me plaignais, je pensais que toute l’équipe estimait que je cherchais des excuses. »