Il est sans doute trompeur de parler de ‘moteurs’ dans la réglementation actuelle en F1 : mieux vaut parler d’unité de puissance.
Une unité de puissance est en effet composée de plusieurs éléments, allant au-delà du "moteur’ proprement dit. Ces différents éléments sont :
• Moteur à combustion interne (ICE)
• Turbocompresseur (TC)
• MGU-H (qui récupère l’énergie générée par la chaleur)
• MGU-K (qui récupère l’énergie générée par le freinage)
• Batterie (ES)
• Unité de contrôle électronique (CE)
• Système d’échappement (EX), en réalité composé de quatre éléments distincts.
Le nombre d’éléments utilisables par saison est ainsi limité : pour chaque voiture, il ne faudra pas utiliser plus de 3 moteurs à combustion interne, MGU-H, MGU-K, Turbocompresseur.
Et pas plus de 2 batteries et d’unités de contrôle électronique. Le nombre de systèmes d’échappements est limité à 8.
Un élément est considéré comme ‘utilisé’ si le capteur de la FIA confirme qu’une voiture a bien quitté les stands avec l’élément en question. Pour tout changement d’élément d’unité de puissance ou de boîte de vitesses, il faut aussi que les équipes avertissent la FIA.
Un point sur la réforme des pénalités
Que se passe-t-il si un pilote dépasse ce quota ? Il peut bien sûr toujours courir en Grand Prix : mais alors une pénalité sur la grille lui est imposée au premier événement de course où le total est dépassé.
La première fois que le quota de l’un des sept éléments est dépassée une pénalité de grille de 10 places sera appliquée. Tout autre dépassement sur le même Grand Prix rajoute une pénalité de cinq places, chaque pénalité s’appliquant de manière cumulative.
Si un pilote encourt une pénalité supérieure à 15 places sur la grille, il devra prendre le départ de la course automatiquement en fond de grille.
Mais que se passe-t-il si plusieurs pilotes sont lourdement pénalisés en même temps et renvoyés en fond de grille ?
Après la confusion régnant au Grand Prix d’Italie l’an dernier, la FIA a clarifié les pénalités si plusieurs pilotes venaient à changer d’éléments.
La réponse est simple : ce seront les qualifications qui décideront quel pilote pénalisé de plus de 15 places partira en toute dernière place. Les qualifications retrouvent ainsi un petit enjeu pour tous les pilotes renvoyés en fond de grille : le mieux classé ne partira plus 20e.
Le règlement précise donc désormais : « les pilotes classés qui ont cumulé plus de 15 pénalités de position sur la grille cumulées, ou qui ont été pénalisés pour partir en fond de grille, partiront derrière tout autre pilote classé. Leur position relative sera déterminée en fonction de leur classement en qualifications. »
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la FIA avait dû clarifier le règlement lors du Grand Prix d’Italie l’an dernier : c’est usuellement en deuxième moitié de saison, dans des circuits qui demandent une grande puissance de V6, que les équipes décident de changer des éléments (et sur des tracés où il est plus facile de doubler).
Et si un pilote en remplace un autre en cours année ? Il ne repartira pas avec un quota tout frais d’éléments moteurs bien sûr, mais héritera du quota précédent.
Le nombre de boîte de vitesses aussi limité
Le nombre de systèmes de boîte de vitesses est également limité à 4 durant l’année. En cas de dépassement de quota, une pénalité de 5 places est appliquée sur la grille.
Il ne faut pas obligatoirement utiliser une boîte de vitesses sur un même nombre de Grands Prix consécutifs, contrairement au règlement précédent : les boîtes peuvent être changées d’une course à l’autre sans limitation dans le pool de départ.
Gel des V6, gel de la boîte de vitesses : une question d’économies…
A quoi bon ces limitations, pour un sport au pinacle du sport auto ? La réponse est simple : il s’agit de réduire les coûts… et l’empreinte écologique de la F1.
Par le passé, plusieurs moteurs pouvaient être changés durant le même week-end de Grand Prix.
La réglementation actuelle conduit aussi les motoristes à développer des moteurs plus fiables et donc aussi, plus rentables et plus écologiques.
Toujours pour réduire les coûts, un gel moteur a été introduit en 2022, en deux étapes (1er mars et 1er septembre 2022). Et même durant cette période, les équipes ne pouvaient modifier que marginalement leur V6, pour les éléments seulement liés à la « fiabilité, la sécurité et l’économie de coûts » et autres « changements mineurs secondaires » comme le positionnement des composants.
Pour ce faire, les motoristes devaient écrire au département technique de la FIA en fournissant toutes les informations nécessaires, pour montrer qu’était bien corrigé un problème de fiabilité par exemple. Chose intéressante, tous les autres motoristes avaient accès à ces informations et pouvaient donc potentiellement contester ce changement.
Ce gel moteur a été introduit pour permettre aux motoristes de concentrer leurs budgets sur le développement de la nouvelle unité de puissance 2026, qui utilisera à 100 % des carburants renouvelables.
Un même gel a été introduit d’ailleurs pour la boîte de vitesses, bien que des modifications pourraient avoir lieu dans le cas où « des matériaux, des processus ou des pièces propriétaires deviennent indisponibles » ; ou de même, pour résoudre des problèmes de fiabilité ou pour réduire les coûts.