A Austin, jamais Pirelli n’avait attendu une séance d’EL2 avec autant d’impatience cette année : car durant ces 90 minutes (pour une séance rallongée), les équipes devaient tester les prototypes de pneus pour l’an prochain.
C’était un test crucial pour Pirelli, après la séance de tests pluvieuse de Suzuka au dernier Grand Prix, et alors qu’il y a si peu d’essais privés en cours d’année - pour développer un produit pourtant crucial et parfois durement jugé.
Quel bilan alors peut-on tirer de ces essais ? Le prototype est-il prometteur ? Mario Isola, le responsable de Pirelli pour la F1, a livré quelques premières réponses.
« C’était un bon test, l’équivalent de 10 Grands Prix parcourus (2823 kilomètres) en une séance. C’est la première fois que nous profitions de cette opportunité pour tester les pneus lors d’une séance dédiée pendant un week-end. On en a beaucoup discuté avec les équipes, parce qu’en regardant la saison, cette deuxième moitié d’année, avec tous les circuits hors d’Europe, il était difficile de trouver de la place pour les essais après les épreuves - comme nous le faisons habituellement le mardi et le mercredi, lorsque nous restons sur le circuit. Mais nous ne voulons pas surcharger le personnel de l’équipe avec des jours supplémentaires à l’étranger. »
« Et certaines équipes ont proposé cette solution. C’était un bon test. Toutes les voitures, plus ou moins toutes les voitures ont rempli le plan. Nous étions concentrés sur les composés les plus durs de la gamme. Et nous n’avons eu qu’un seul pneu C5 pour Haas... Je plaisante, évidemment ! »
« Nous avons beaucoup de données. Nous ne savions pas à quoi nous attendre. Parce que lorsque vous avez du trafic, vous pouvez avoir des drapeaux rouges, ou la piste peut ne pas être en bon état. Malheureusement, à Suzuka, il n’a pas été possible de faire des essais. Cette séance à Austin était, je ne veux pas dire idéale, mais c’était une bonne opportunité. Et si cela fonctionne bien, et nous le verrons aussi au Mexique, nous pourrons utiliser cette méthode de tests [en essais libres] également l’année prochaine dans quelques événements. »
Les commentaires des pilotes sont pour le moment assez prudents, mais rien de négatif n’est sorti. Mario Isola a-t-il pu échanger avec les pilotes ? Que lui ont-ils dit ?
« Ils testaient une spécification en aveugle. Donc, en fait, ils ne savaient pas ce qu’ils testaient. Ils avaient le pneu de base et un prototype. »
« Nous avons eu de bons retours. Je crois que les pilotes se plaignaient un peu de la phase de chauffe, parce que nous faisions déjà à Austin des essais avec 50 degrés de température de couverture chauffante, c’est-à-dire 20 degrés de moins par rapport à cette année [ce sera le règlement l’an prochain]. Et évidemment dans ce cas, la différence est clairement ressentie par les pilotes. »
« Mais pour le reste, j’ai eu des retours positifs. La nouvelle construction était, comme je l’ai dit, la construction de 2023. L’objectif est de réduire le sous-virage dans les virages à basse vitesse. Et pour le reste, nous devons affiner certains des composés. »
A Austin, les pilotes testaient les pneus les plus durs de la gamme 2023. A Mexico, le week-end prochain, où un autre test est prévu, les pneus tendres seront logiquement retenus. Il y a d’ailleurs une logique à cela, explique Isola.
« Le Mexique est un circuit complètement différent, où vous avez besoin de l’adhérence du pneu. Donc on prend les pneus les plus tendres. »
« Avec ce dernier test, nous sommes en mesure de définir les cinq composés que nous voulons homologuer pour l’année prochaine. Et le plan est de fournir les pneus 2023 dans leur version finale à Abu Dhabi lors du test d’après-saison, à la fois pour les voitures qui testent nos pneus avec les pilotes de course titulaires et aussi pour les voitures qui utilisent de jeunes pilotes. »
Mario Isola ne regrette-t-il pas d’ailleurs, avec le recul, d’avoir choisi le Grand Prix du Japon pour faire des tests initialement ? Connaissant le risque de pluie et sachant aussi que Suzuka est un des tracés les plus agressifs, pour les pneumatiques, du calendrier.
« Oui, pour faire un bon plan d’essais, nous devons sélectionner des sessions pendant l’année parce que nous devons tester, collecter des données, analyser les données, préparer des prototypes et c’est le processus. Cela signifie que nous avons commencé le plus tôt possible au début de la saison, en utilisant l’option du mardi et du mercredi après les événements européens. Il est clair que lorsque vous avez, par exemple, deux Grands Prix d’affilée - Barcelone/Monaco - nous ne pouvons pas faire de tests à Barcelone. Aussi, nous avions Silverstone/Autriche, si je ne me trompe pas, et il n’était pas possible de faire des tests à Silverstone. »
« Donc dans certains cas, même si un circuit est idéal pour les essais, nous ne pouvons pas le faire à cause du calendrier. »
« Pour la deuxième partie de la saison, il était vraiment, vraiment difficile de trouver de la place pour les essais. Nous avions prévu de rester à Suzuka pendant quelques jours - quelques jours signifient que, d’accord, vous avez peut-être un jour de pluie, mais vous avez peut-être aussi un jour de bonnes conditions météorologiques et vous pouvez vraiment faire vos essais correctement. Avec une heure ou une heure et demie d’essais, vous devez être assez chanceux pour trouver le bon temps dans cet endroit idéal pour tester les pneus. »
« C’est pourquoi, lorsque nous avons discuté de la possibilité d’effectuer des essais à Suzuka, nous avons également proposé d’organiser un événement de secours au Mexique, car nous nous attendions à des problèmes à Suzuka. C’est ce qui s’est passé. »
Vers deux arrêts aux stands à Austin
Avant de préparer le moyen terme, il y a aussi le très court terme et la course de ce soir.
Quelle stratégie pneumatique prévoit ainsi Mario Isola ce dimanche à Austin ?
« Je crois que nous serons sur une course à deux arrêts aux stands. Ce circuit est assez sévère pour les pneus. Nous avons vu une forte dégradation en essais libres. Nous devons vérifier à nouveau car vous avez beaucoup d’évolution de la piste. Mais avec notre outil de stratégie pour le moment, la stratégie la plus rapide est sur un parcours à deux arrêts aux stands. »