La F1 était-elle un meilleur sport au « bon vieux temps » des années 60 ou 70 ? Le débat divisera toujours, et bien entendu, en ce jours où la F1 fête son 70e anniversaire (premier Grand Prix le 13 mai 1950), il n’a jamais été autant dans l’actualité.
Un des hommes les mieux placés pour y répondre est certainement Sir Jackie Stewart, triple champion du monde et ancien directeur d’écurie. Pour lui, il n’y a pas photo : la F1 contemporaine est au-dessus.
« C’est mieux aujourd’hui, le sport est merveilleux de nos jours, je l’adore. Le professionnalisme, tout cela, c’est si spectaculaire. »
Mais si le sport est meilleur, les sportifs ont-ils vraiment l’occasion de s’exprimer autant que par le passé ? Le sport n’a-t-il pas perdu en proximité avec le public ?
« Cela dit, durant les premières années de la F1, il y avait beaucoup plus d’intimité » confirme Stewart.
« Le paddock était ouvert au public, ils pouvaient payer un extra, et côtoyer, être tout près, de Graham Hill, de Jim Clark, ils pouvaient être dans les garages, dans la pitlane. »
« Ce qui était aussi formidable, c’était la camaraderie. A mon époque, Jim Clark, les François Cevert, tous les autres… nous voyagions tous les jours. Nous communiquions ensemble, dans un même avion, avec nos femmes et nos petites amies, parfois les deux en même temps ! Et elles étaient parfois sur le pitwall, c’était un peu différent. »
Est-il possible de juger les pilotes contemporains, et de les comparer à ceux des époques précédentes ? Pour Stewart, c’est un débat tout à fait possible.
« Oui, c’est exactement la même chose, je ne pense pas qu’il y ait la moindre différence entre l’époque de Lewis Hamilton, et lors de l’époque Senna, Jim Clark, Fangio… Ce sont les mêmes animaux qui existent. »
Et qui était le meilleur pilote selon Stewart ? Senna ?
« Senna, je pense qu’il surconduisait. Mais je l’appréciais beaucoup, l’homme était formidable. Quand il revenait dans la pitlane, ses pupilles étaient si ouvertes après un tour de qualifications, il conduisait jusqu’à la limite la plus absolue. »
« Le meilleur pilote contre lequel j’ai couru ? Aucun doute. Jim Clark. Il était propre, fluide, précautionneux avec la voiture. C’était mon idole. C’était celui que j’étudiais. »
« Fangio, par sa manière de piloter, de se comporter, j’y pense aussi… Il n’a jamais eu un accident, de problèmes mécaniques. Et il a aussi choisi de partir dans la bonne équipe à chaque fois au bon moment – Mercedes, Ferrari. Je pense qu’il était le meilleur pilote de tous les temps, mais pour moi, Jimmy était le meilleur pilote contre lequel j’ai couru. Fangio 1er, Jim Clark 2e. »