Sauf miracle, les titres pilotes et constructeurs échapperont, une année de plus, à Ferrari. La question se pose donc avec une certaine acuité aujourd’hui : Ferrari doit-elle, d’ores et déjà, totalement abandonner le développement de la monoplace 2019, pour se concentrer sur celui de l’année prochaine ?
Mattia Binotto, le directeur d’écurie, fait face à un tel dilemme… qu’il a déjà tranché : en raison notamment de la stabilité réglementaire l’an prochain, la Scuderia ne délaissera pas de sitôt la SF90.
« Est-ce que nous devrions nous concentrer sur la voiture de l’an prochain ? Je ne le pense pas. Pas seulement parce que le règlement sera le même l’an prochain ; mais aussi parce que tout ce que nous pourrons faire cette année, profitera aussi à la voiture de l’an prochain. »
« Ce ne serait pas juste pour les gars de Maranello. Il reste encore beaucoup de courses, et Ferrari n’a pas encore gagné. Nous avons au moins un but et un objectif… Donc nous ferons tout ce que nous pourrons, même durant cette saison, pour faire de notre mieux pour l’atteindre. »
Puisque le développement se poursuivra, que devra-t-il viser en priorité ? Mattia Binotto y répond, là encore, clairement : la monoplace rouge est trop lente en virages car elle manque d’appuis ; c’est donc sur ce point qu’il faudra redoubler d’efforts. Le dernier Grand Prix, en Hongrie, sur un Hungaroring aux virages lents, a en effet illustré les faiblesses des Ferrari, qui ont terminé à plus de soixante secondes de la tête de course.
« Nous manquons d’appui maximum. Il y a des circuits où nous ne roulons pas avec l’appui maximum – donc dans ce cas, ce peut être un peu différent. »
« Nous recherchons certainement à avoir plus d’appuis, déjà avec la voiture de cette année. Durant la deuxième moitié de saison, nous essaierons de rajouter autant d’appuis que possible sur la voiture, et la voiture de l’an prochain en demandera forcément encore plus. »
« Parce que nous savons que nos compétiteurs développent leur voiture de 2020 en essayant d’y rajouter de l’appui, nous ne pouvons considérer que réduire l’écart qui existe aujourd’hui sur Mercedes doit être notre seul objectif. Il en faut plus. »
Le développement d’ici 2020 s’impose ainsi comme un désaveu de la philosophie générale de la SF90, qui cherchait initialement à favoriser une faible traînée sur l’appui maximum. Visiblement, Maranello a fait fausse route…