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Politique et petites combines en F1 : l’amertume de Liuzzi

Sur ses aventures chez Toro Rosso ou Force India

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Vitantonio Liuzzi (80 Grands Prix en carrière) était vu à son arrivée en F1 comme une future star italienne de la discipline : en effet, le pilote avait notamment, en 2004, dominé la F3000 dans l’équipe de Christian Horner (Arden), en gagnant toutes les courses sauf trois (contre des rivaux qui se nommaient Robert Doornbos ou Jose Maria Lopez à l’époque.)

C’est donc chez Red Bull, où officiait désormais Christian Horner, que Liuzzi put faire ses débuts en F1 en 2005.

Mais sous une forme particulière : il commença la saison en alternance avec Christian Klien (David Coulthard étant le titulaire permanent). Une recette qui ne marcha pas longtemps…

« Le plan était de faire quatre courses pour Klien, quatre pour moi, quatre pour lui... mais après le premier échange de volant, nous avons réalisé que ce n’était pas bon pour lui, ni pour moi. J’ai décidé de me retirer et Didi [Mateschitz] lui-même est venu me voir et m’a dit : Ne t’inquiète pas, nous prévoyons d’acheter une autre équipe, une équipe italienne, et j’aimerais faire de toi le premier pilote d’une marque entièrement italienne. Elle s’appellera Toro Rosso. »

« Didi m’a dit : Ne t’inquiète pas, nous croyons vraiment que tu peux être notre avenir, alors attends juste une année de plus et l’année prochaine tu auras une voiture complète pour une saison complète. »

Mais il y avait un hic...

« Nous ne connaissions pas le projet à l’époque : Red Bull serait l’équipe principale et Toro Rosso l’équipe B ! »

Chez Toro Rosso, en 2006 et 2007, Liuzzi déçut les grandes attentes placées en lui. C’est ainsi que dès 2008, il fut remplacé par le Français Sébastien Bourdais.

Pour expliquer son échec avec le recul, Liuzzi avant notamment les aspects politiques de la F1.

« A cette époque, c’était très difficile parce que Mateschitz avait beaucoup de gens autour de lui qui essayaient de le convaincre [que je devais être remplacé]. Il y avait [Gerhard] Berger, [Niki] Lauda - pas seulement eux, mais sept, huit personnes qui consultaient Mateschitz, donc ce n’était pas une période facile - il y avait beaucoup de politique dans l’équipe en 2006, 2007. »

« En fait, je me suis retiré de Toro Rosso à cause de Berger. En 2007, pour des raisons politiques, il m’a retiré du programme Red Bull. Sinon, j’y serais resté très longtemps. Cela a été fait de manière malveillante... Ce n’était vraiment pas une situation équitable. »

« C’est vraiment dommage… »

C’est chez Force India que Liuzzi put rebondir, en 2009 après une année sur la touche. Il était alors le coéquipier de Sutil... mais sa saison fut extrêmement difficile (il fut battu 47 points à 21 par Sutil). Là encore, l’Italien sait expliquer son échec par des raisons extérieures.

« En 2010, j’ai vécu une saison cauchemardesque, parce que c’était l’année du F-Duct, donc - pour une raison quelconque - je ne pense pas que cela ait été fait exprès, mais chaque fois que je l’utilisais, il ne fonctionnait pas, donc j’avais un manque de vitesse de pointe par rapport à mon coéquipier, pendant 13 à 16 courses. »

Puis en 2011, Liuzzi fut remplacé chez Force India par Paul di Resta, alors pilote de réserve Mercedes et soutenu par l’équipe allemande. Les raisons politiques et financières avaient une fois de plus raison des ambitions de Liuzzi...

« Mercedes a offert une réduction sur sa boîte de vitesses et son unité de puissance, et je comprends comment les choses fonctionnent. Nous y sommes habitués. Il était important pour une équipe de taille moyenne comme Force India d’avoir de l’argent et du soutien, alors j’ai dû partir ; lorsque vous êtes face à une offre de plusieurs millions d’euros, le talent ne peut pas suffire. »

« Je ne gagnais pas de courses à ce stade, M. [Vijay] Mallya [propriétaire de l’équipe] m’a beaucoup soutenu, mais contre 15 ou 20 millions, je ne me souviens plus du budget, j’aurais aussi accepté l’offre ! »

En 2011, Liuzzi trouve un nouveau refuge, chez HRT. Avec la suite qu’on connaît : les deux pilotes de l’équipe, lui et Karthikeyan, ne se qualifiaient pas dans les 107 % au premier GP à Melbourne...

« C’était assez difficile à piloter parce que le manque d’appui aérodynamique était énorme et la voiture, au début, avait beaucoup de mal. Mais nous avons quand même poussé fort. »

« Si je ne me trompe pas, ils courraient pour une saison avec 80 millions d’euros, ce qui n’est vraiment rien pour une équipe de Formule 1. Il était donc très difficile de se développer. »

Les regrets de Liuzzi

Avec le recul, Liuzzi est un homme de regrets. En particulier en se souvenant du Grand Prix d’Italie 2009 où il manqua de peu le podium avec Force India, devant son public…

« Nous aurions certainement terminé sur le podium parce que nous avions une vitesse incroyable. C’est l’une des deux courses de l’année où Force India a été très rapide. Lors de la course, nous voulions monter sur le podium, mais la boîte de vitesses s’est grippée et est tombée en panne. »

« Ce genre de course peut changer toute votre carrière - comme au Canada en 2007, j’étais en 5e position pour Toro Rosso, et la suspension a cassé dans la dernière chicane... chaque fois que j’étais en situation de podium, la voiture ne m’a pas soutenu jusqu’au drapeau à damier. »

« Je regrette peut-être aussi de n’avoir pas été assez politique, parce que j’ai toujours été une personne directe, et je pensais que seules les performances en piste comptaient - mais dans ce métier, ce n’est pas le cas. Il faut du marketing, de la politique, de la vitesse. C’est un tout, et je n’avais pas tous les atouts en main, je pense. »

C’est donc avec pas mal d’amertume que Liuzzi est parti se venger dans d’autres catégories, comme en WEC ou en Super GT au Japon...

« Je pense que j’étais peut-être saoulé par toute cette situation en F1 et j’ai commencé à participer à de nombreuses séries qui étaient peut-être inférieures... mais je voulais faire des choses que j’appréciais, des choses avec lesquelles je pouvais me détendre. »

« J’ai obtenu un package sérieux au Japon avec Honda en Super GT, mais j’étais au bon endroit au mauvais moment - en Formule 1 aussi, j’ai souvent été au bon endroit au mauvais moment. »

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