A partir de 2030 dans l’Union européenne, la vente des voitures thermiques risque bien d’approcher de l’interdiction – ce qui veut dire une transition à marche rapide vers l’électrique.
Forcément, dans ce contexte, la F1 ne devra-t-elle pas passer, elle aussi, au 100 % électrique ? Ce n’est pas la direction prise pour le moment : la réglementation de l’unité de puissance 2026 devrait conserver des V6 hybrides, certes avec un carburant durable et développé pour être appliqué aussi aux voitures de série.
Pour Alejandro Agag, qui promeut la Formule E, c’est là peut-être une opportunité pour sauver sa série du déclin.
Selon lui, la F1 n’aura « pas d’autre option » que de passer à l’électrique à terme. Et Agag veut que la Formule E se développe en parallèle (ou en concurrence) de la F1, pour apparaître comme une alternative crédible.
« Nous avons, en Formule E, une licence exclusive pour le championnat. Nous aurons une licence exclusive pour l’hydrogène. »
« Donc, pour le moment, la Formule 1 arrive avec des solutions pour les sciences des biocarburants, les carburants synthétiques, c’est en quelque sorte l’avenir, c’est une autre de ces technologies qui pourrait compter. »
Comment donc Agag compte-t-il positionner la Formule E par rapport à la F1 dans cette période de transition ?
« La manière spécifique dont cela pourrait se produire… Je vais dire que je ne sais pas. »
« J’y travaille sans grand succès pour le moment, mais c’est un de mes vrais objectifs, trouver un moyen où la Formule 1 et la Formule E puissent exister en parallèle de manière très coordonnée. Alors, voyons si nous pouvons y arriver. »
« La Formule 1 a une histoire qui est celle du sport automobile. Ces moments de gloire, c’est-à-dire, c’est impossible à "saisir" et à faire vôtre tout de suite [avec un nouveau championnat] ; vous créez un nouveau championnat, vous ne pouvez pas simplement revenir soixante-dix ou quatre-vingts ans en arrière. L’histoire est très importante. »
Une F1 électrique ne serait-elle pourtant pas bien trop lente ? Agag estime que tout est possible…
« En développant la technologie des batteries dans les voitures électriques, nous irons plus vite un jour. Nous pourrions aller plus vite aujourd’hui ; la seule chose est que nous n’aurions pas d’énergie dans la batterie. Mais en termes de propulsion, on pourrait mettre quatre moteurs, un sur chaque roue, et aller plus vite qu’en Formule 1 pendant 10 minutes. »
« Mais cela viendra ; la quantité d’énergie que la batterie peut stocker augmentera, la batterie sera plus légère. Déjà la progression que nous avons eue en Formule E à travers Gen1, Gen2, Gen 3... C’est ainsi que je le vois, ça progresse. »
Rosberg pense aussi que la F1 devra faire sa transition
Le champion du monde 2016, Nico Rosberg, aujourd’hui reconverti comme entrepreneur notamment dans les mobilités durables, est du même avis qu’Agag : l’effort de la F1 pour 2026 avec les biocarburants risque d’être insuffisant. A terme, un passage à l’électrique est incontournable.
« Je vois qu’ils [F1] arrivent avec des carburants synthétiques, ce qui pour la mobilité en tant que telle ne sera pas la meilleure solution. »
« Mais les carburants synthétiques sont très pertinents pour d’autres secteurs de la mobilité, qu’il s’agisse d’avions, de porte-conteneurs, de camions ou autre. »
« La Formule 1 va donc emprunter cette voie et jouera un rôle clé dans le développement de ces e-carburants. »
« Espérons que cela profitera à tous ces autres secteurs de la mobilité. Mais est-ce suffisant pour que la F1 soit pertinente ? Eh bien, c’est un peu un point d’interrogation pour le long terme. Peut-être, comme le dit Alejandro, devront-ils passer à l’électrique. »
Rosberg pense que la Formule E a un autre atout : celui de pouvoir courir en centre-ville. Oubliant que de plus en plus, la F1 multiplie les circuits urbains, comme à Miami récemment ou à Las Vegas l’an prochain.
« La Formule E, je vois vraiment pour elle l’opportunité de coexister avec la F1 car il y a beaucoup de grandes différences - je veux dire, la Formule E court dans les centres-villes. »
« Ce point seul est déjà une attraction si puissante parce que la F1 n’a pas ce privilège de courir au centre de Londres, au centre de Paris, au centre de Hong Kong, et c’est incroyable. »
« Ceci est tout à fait unique à la Formule E. Il en résulte également une facilité d’accès pour toutes les personnes qui se trouvent dans la ville. Donc, je pense qu’avec le temps, la série va continuer à grandir et avoir cette coexistence naturelle [avec la F1]. »