En cette année 2020, la F1 vivra certainement une baisse voire un effondrement de ses revenus, mais à plus moyen terme, le sport compte largement sur le digital et les réseaux sociaux pour booster sa trésorerie. Liberty Media a en effet adopté une approche agressive sur le digital, pour rattraper la frilosité caractéristique de l’ère Bernie Ecclestone.
Chacun connaît le partenariat avec Netflix, mais la F1 a également dopé sa présence sur YouTube ou conclu un accord avec Amazon Web Services.
Mais la F1 ne pourrait-elle pas aussi choisir la voie de l’indépendance et ne s’appuyer que sur F1 TV, le service de diffusion lancé par Liberty Media ? Greg Maffei, le PDG de Liberty Media et ainsi supérieur de Chase Carey, ne le croit pas du tout…
« Je ne pense pas que F1 TV sera une source de revenus massive pour nous, ce sera probablement une plus-value pour les fans vraiment engagés dans le sport, ou potentiellement un moyen d’engager nos fans plus étroitement. »
« Quand vous n’avez que 21 ou 22 courses, il n’y a pas beaucoup de contenu que nous pouvons mobiliser par rapport à d’autres sports. »
« Le WWE [catch] est un bon exemple, ils ont peut-être la moitié de leurs évènements qui ne sont disponibles que sur leur propre plateforme. Nous n’avons pas assez de contenu pour faire cela. Nous avons un tas de programmes annexes [émissions pré et post Grand Prix], nous avons un tas d’angles de caméra disponibles, nous avons un tas d’archives, mais c’est pour les fans vraiment engagés. »
Le digital peut être mobilisé autrement : Greg Maffei croit pouvoir s’appuyer sur lui pour faire progresser la principale source de revenus de la F1, celle des droits TV, en faisant jouer la concurrence entre les nouveaux diffuseurs et les traditionnels…
« Plus il y a de diffuseurs qui participent aux enchères pour les droits TV, plus il y a un sentiment d’urgence, plus vous pouvez jouer l’un contre l’autre. Je suis très confiant quant à notre position sur ce point. À plus long terme, l’un des meilleurs avantages de ce secteur est l’arrivée de nouveaux acteurs numériques plus importants qui peuvent se lancer et se porter candidats, et ce n’est que positif pour nous. »
« Nous ne sommes pas vraiment dépendants d’un seul accord. Il y en a qui sont plus importants que d’autres. Nous sommes en train de conclure un accord [droits TV] en Allemagne, par exemple, et je suis optimiste à ce sujet. »
« Je pense qu’en général, le niveau général des promoteurs a augmenté, parce qu’il y a un intérêt accru pour le sport. Mais ce qui nous pousse à obtenir les meilleurs contrats de diffusion [les droits TV les plus onéreux] en plus de l’intérêt pour le sport, c’est la concurrence entre les diffuseurs. »
Il faudra cependant que la F1 ne choisisse pas que des diffuseurs payants, au risque de voir les audiences et ainsi les revenus de sponsoring s’effondrer, rappelle Maffei…
« Nous avons un business puissant avec trois grandes sources de revenus. Une vient des droits TV, une autre des sponsors, une dernière des promoteurs. Et il y a des tensions entre les trois. »
« Si nous misons tout sur la télévision gratuite, nous pouvons probablement augmenter nos revenus de sponsoring plus rapidement, parce que nous mettons à la disposition plus de spectateurs aux sponsors. Inversement, si nous misons tout sur une plateforme payante, nous augmenterons probablement de façon spectaculaire nos revenus de diffusion, mais nous menacerons nos revenus de sponsoring. »