Lando Norris n’avait jamais été autant attristé par une 7e place avec un meilleur tour : en Russie dimanche dernier, le Britannique de McLaren tenait Lewis Hamilton en respect avant que la pluie ne remette tout en jeu.
Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, compatit avec le sort du pilote McLaren et il va même jusqu’à employer des mots très (trop ?) forts pour qualifier la perte de sa victoire sur le fil, à la suite d’un pari manqué sur l’intensité de la pluie.
« Lando est mon pilote du jour. En l’écoutant à la radio quand l’équipe lui parlait, son sang-froid était impressionnant. Il a fait des bonds en avant ces deux dernières années. »
« Lando doit avoir mal en ce moment. Nous avons tous ressenti sa douleur lorsqu’il a glissé hors de la piste. C’était une tragédie. »
En tant que directeur d’écurie, Ross Brawn a eu à affronter ce type de dilemme : rentrer ou ne pas rentrer ? Comment s’y prendre dans ces cas-là ?
« J’ai été dans cette situation - quand vous devez faire un grand choix de stratégie. J’ai gagné des courses en m’accrochant à un pari, et j’ai perdu d’autres en faisant la même chose. Un bon exemple est lorsque Rubens Barrichello a gagné le Grand Prix d’Allemagne en 2000 pour Ferrari. Nous avons insisté pour qu’il vienne aux stands et il a dit "pas question" - et il s’est accroché et a gagné la course. »
« Ces scénarios sont si difficiles et à Sotchi, c’était particulièrement délicat car seulement la moitié de la piste était mouillée. Même avec les radars, personne ne peut savoir avec certitude si la piste sera mouillée. Et si vous êtes en tête d’une course, vous ne voulez pas l’abandonner. Quand vous êtes en tête, le gars en deuxième position a une décision beaucoup plus facile à prendre car il n’a rien à perdre. Soit il reste à l’écart et fait ce que le gars devant fait, soit il prend un risque et il est peu probable qu’il soit moins bien loti qu’il ne l’était au départ. »
« Ce sentiment d’effondrement qu’éprouve un pilote ou une équipe lorsqu’ils réalisent qu’ils ont fait le mauvais choix, et que la tête de la course s’évapore sous leurs yeux, est horrible. Ils ont toute ma sympathie, mais ce genre de drame est ce qui rend la F1 si fantastique. »
A qui la faute ? L’inexpérience de Norris ou McLaren ?
A qui revient la faute in fine de cette fin de course en puzzle ? Pour Ross Brawn, confirmant les propos de Lando Norris, le muret des stands McLaren est de manière prédominante en tort.
« On peut se demander si son équipe McLaren aurait dû prendre les devants et insister auprès de lui pour rentrer… alors que Lando avait dit qu’il ne voulait pas ? Un pilote est dans une bulle. Il ne voit pas ce qui se passe. Dans ce cas, je dirais que c’est une balance 60/40 en faveur de l’équipe qui prend la décision, mais c’est tellement difficile parce que vous ne voulez pas abandonner la tête de la course. »
Mais le manager des sports mécaniques pour Liberty Media note aussi l’inexpérience de Lando, qui a joué face à la vista de Lewis Hamilton…
« Nous l’avons vu l’année dernière en Turquie, où les conditions étaient délicates, que l’expérience comptait et il en a été de même en Russie. Des pilotes comme Lewis et Max sont arrivés et ont pris les premières places et l’inexpérience de Lando s’est un peu manifestée. Mais il prendra une meilleure décision la prochaine fois qu’il sera dans ce scénario. Les autres avaient été dans cette situation, et ils pouvaient faire appel à cette expérience. »
Pour Ross Brawn, il est donc clair que malgré toute la déception, Lando Norris sortira plus grand de cette épreuve. Une leçon par l’avenir en somme.
« Lando va s’en sortir et devenir un pilote plus fort. Tant de choses ont dû le tourmenter, y compris le fait qu’il a réussi à s’en sortir lors des qualifications mieux que quiconque. Je comprends pourquoi il a insisté auprès de son équipe. »