Si Red Bull et Ferrari poussent pour que le montant des budgets plafonnés ne soit pas abaissé, c’est non seulement parce qu’elles ont tout intérêt à ce que les budgets ne convergent pas, mais aussi – et c’est un point peu souvent soulevé – parce que leurs actionnaires principaux ne sont pas réticents à dépenser, chaque année, des centaines de millions de dollars.
Il faut dire que pour les écuries de pointe en particulier, un investissement en F1, tout aussi coûteux qu’il soit, demeure rentable du point de vue du marketing.
C’est ce qu’a voulu rappeler Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, qui lutte dans le même temps pour réduire ces dépenses.
L’exemple de Mercedes le démontre selon lui : la F1 est rentable à l’échelle d’un groupe, pas d’une écurie…
« Le paradoxe de la F1 est que le succès nourrit ces budgets énormes. »
« Si vous êtes une marque comme Mercedes, les récompenses qui découlent du succès en F1 sont tellement importantes qu’elles sont bien supérieures à ce que vous dépensez. »
« Donc, bien que le budget de Mercedes soit élevé, les retours qu’ils en obtiennent sont encore plus importants. Et donc ils peuvent justifier de dépenser un peu plus chaque année. Nous nous souvenons tous de l’époque où on pensait que les Mercedes, c’étaient des voitures pour les vieux. »
« Et maintenant, ce n’est plus le cas, ce sont des voitures branchées. Ils ont changé la perception de Mercedes. Et ils l’ont beaucoup fait grâce à la F1. C’est donc extrêmement précieux. »
« Donc, paradoxalement, le succès de la F1 a ensuite permis à certaines écuries de justifier leurs budgets. »
Après Mercedes, Ross Brawn prend l’exemple de Red Bull pour soutenir sa démonstration…
« C’est la même chose pour Red Bull. Red Bull est capable de montrer que ce qu’ils dépensent en F1 profite d’un retour sur investissement au multiple, pour leur image de marque. »
Cette situation serait-elle ainsi sans fin selon Ross Brawn ?
« Nous sommes un sport qui a beaucoup de succès, à bien des égards, et notamment sur le plan commercial. Donc, pour ceux qui peuvent le justifier, cela continue à faire grimper les budgets et crée un fossé entre les équipes qui n’ont pas cette opportunité, ou qui n’ont pas cette situation, et les équipes qui l’ont. »
Se perçoit alors le risque d’un creusement des inégalités… et ainsi tout l’intérêt des budgets plafonnés, que Liberty Media et la FOM ont dès l’origine porté.