Etre directeur d’écurie chez Ferrari est une mission autant prestigieuse que difficile : Frédéric Vasseur en mesure déjà l’ampleur après le premier Grand Prix.
Quant à Stefano Domenicali, il a aussi essuyé des moments d’échec et de frustration à Maranello, notamment avec Fernando Alonso – avant de prendre du recul.
Désormais PDG de la F1, quel regard porte l’Italien sur son ancienne équipe ? Aurait-il des conseils à donner à Frédéric Vasseur ? Qu’est-ce qui fait la spécificité, mais aussi la difficulté, du job de patron de la Scuderia ?
Stefano Domenicali a été interrogé sur ces sujets par Mediaset en Italie…
« Ferrari a toujours été une référence en Italie et c’est tout ce dont nous avons besoin ! Cependant, la dimension de la Formule 1 a changé : d’autres équipes et d’autres pilotes ont grandi. Il est clair que lorsque nous parlons de Ferrari en Italie, nous parlons de.... nous parlons de l’équipe nationale que tout le monde acclame et que tout le monde doit soutenir, mais la concurrence est très forte. »
« Dire "nous sommes Ferrari" ne suffit plus. Il faut travailler sur les points faibles pour grandir - sans entrer dans la dimension typiquement italienne de l’émotivité. Seule la détermination permet de sortir des situations difficiles. »
Stefano Domenicali appelle donc les fans, la presse, mais aussi la Scuderia à garder son calme : il ne faut pas faire la révolution après chaque mauvais résultat...
« Après une seule course, vous ne pouvez pas être émotif, vous devez rester concentré et rester concentré, en essayant de résoudre les problèmes. Le bavardage, les rumeurs, tout ça ne vaut rien. »
« D’autant plus que d’après ce que j’ai vu [avant le premier Grand Prix, après les essais hivernaux], il y a toutes les raisons d’être confiant cette année. »
Max Verstappen : la recette du secret
La mission de Ferrari s’annonce cependant immensément ardue cette année : comment ce Max Verstappen actuel, au sommet de sa forme et dans une Red Bull si performante, pourrait-il être battu ?
Qu’est-ce qui fait d’ailleurs la force de Max Verstappen ? Stefano Domenicali croit savoir...
« La clé du succès de Verstappen, c’est qu’il est différent des autres et qu’il n’a pas besoin d’imiter qui que ce soit. Je me souviens de Raikkonen qui était comme ça lui-même : d’un point de vue relationnel, il n’inspirait certes pas la sympathie mais il était très populaire dans le monde entier. »
« Verstappen a une force qui lui est propre, c’est un pilote de Formule 1 et il ne pense qu’à la Formule 1. Je pense qu’il a grandi par rapport à il y a quelques années, quand il était un pilote beaucoup plus impétueux. Aujourd’hui, c’est un pilote qui commet peu d’erreurs et qui reste totalement concentré sur ce qu’il fait. »
Vettel, Hamilton : les aînés jugés par Stefano Domenicali
Comment Stefano Domenicali comparerait-il Max Verstappen à Fernando Alonso - un pilote qu’il a bien connu pour l’avoir dirigé chez Ferrari ? Est-il surpris par la forme toujours étincelante du pilote Aston Martin F1, qui a terminé sur le podium à Bahreïn ?
« Alonso n’est pas une surprise pour moi, je le connais très bien et s’il a une voiture qui lui permet de viser un bon résultat... il reste un pilote très fort. »
« C’est vraiment ce qui est le plus intéressant à voir chez lui, après la première course de l’année. »
Le deuxième pilote le plus vieux du plateau, après Fernando Alonso, est donc Lewis Hamilton... Un pilote que Stefano Domenicali a vu franchement évoluer ces dernières années.
« Si nous regardons Hamilton à l’âge de Verstappen.... il était un Lewis totalement différent de ce qu’il est aujourd’hui. Au fur et à mesure qu’il grandissait et devenait un champion de plus en plus important et performant sur la piste, il a changé en tant que personne parce qu’il a apporté dans la discussion certaines valeurs qui sont très importantes pour lui. »
À l’heure des polémiques sur la liberté d’expression des pilotes, Stefano Domenicali apprécie-t-il cette évolution plus "politique" de Lewis Hamilton ?
« La Formule 1 est déjà une plate-forme inclusive et ouverte à la discussion sur les questions et les valeurs qui sont chères à Lewis. »