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Pour Moss, la F1 devait rester peu sûre pour ne pas ‘mépriser le danger’

Prost et Senna ne se seraient pas mis dehors s’ils avaient risqué d’y laisser leurs vies…

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Décédé hier à l’âge de 90 ans, le Britannique Stirling Moss a couru dans une époque où les morts, en F1, étaient malheureusement légion.

« Nous perdions 3 ou 4 pilotes par année » se rappelait, lors d’un documentaire récent, le champion sans couronne, qui échappa lui-même à un accident très grave en 1962.

Pour autant, dans une interview de 1997, Moss confiait que selon lui, les F1 modernes étaient trop sûres et que le danger, et donc la mort, faisaient partie intégrante du sport auto.

« Les F1 modernes sont fantastiques. Je pense qu’elles sont trop sûres. Le grand problème avec la sécurité, c’est que l’on en vient à mépriser le danger ; et dans la course auto, vous ne voulez pas avoir ce mépris. »

« Nous avons eu une situation où nous avons eu deux pilotes luttant pour le titre, se mettre mutuellement dehors [Prost et Senna deux fois à Suzuka]. C’est épouvantable, c’est terrible. Ils ne le feraient pas si cela pouvait fracturer leurs cous. »

Moss lui-même respectait la peur, qui l’accompagnait à chaque instant dans son cockpit et le portait, logiquement, à conduire de manière plus prudente.

« Par le passé, j’étais effrayé. J’ai passé trois ou quatre ans sans faire de tête-à-queue non pas parce que j’étais génial, mais parce que je savais que si j’en faisais, il y avait un risque pour que la voiture se retourne, et je serais sérieusement blessé. »

« Il faut donc réserver une certaine place à la peur, parce que c’est une qualité importante. Contrôler votre peur, sans être terrifié, repousser vos limites : c’est ce qui fait qu’un homme est meilleur qu’un autre. Si le danger entre en jeu, si vous savez que vous risquez d’être sérieusement blessé, alors vous réfléchissez, si vous prenez des risques pour des broutilles, ce n’est rien. »

« C’est aussi regrettable que, quand il y a un virage vraiment difficile, comme la Curva Grande à Monza… ils mettent une chicane ! Ils ont donc émasculé le circuit. »

In fine, le danger était peut-être aussi une question d’orgueil pour Moss, qui se sentait appartenir à une sorte d’aristocratie du volant.

« Je pense que le sport auto doit avoir une quantité de danger, pour éviter que tout le monde ait envie de monter dans une voiture. Si vous saviez que ce serait dangereux, vous y réfléchiriez. Les pilotes automobiles doivent être différents des autres personnes. »

« Si vous devez vous montrer courageux dans une course, vous pouvez devenir stupide. La stupidité et la bravoure, c’est souvent la même chose en course auto. »

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