La FIA est toujours en train d’examiner les budgets soumis par les équipes, afin de déterminer si oui ou non, une écurie a violé le règlement financier (sur les budgets plafonnés) l’an dernier.
Si le processus prend du temps et autorise de nombreux bruits de couloirs (démentis par la FIA), ce n’est pas surprenant. Comme l’analyse Toto Wolff, le patron de Mercedes, le processus d’évaluation est fait d’allers-retours, de jeux de questions-réponses…
Que peut-il dire de l’intérieur chez Mercedes ? A-t-il senti quelque soupçon de la part de la FIA ?
« Ils ont posé des tonnes de questions à de nombreuses équipes, ce qui montre la solidité du processus. »
« C’est une bonne chose. Des analyses solides des comptes sont bénéfiques pour la F1, car nous devons empêcher toute forme de violation involontaire ou intentionnelle du plafond des coûts : c’est comme pour les règlements techniques et sportifs. »
« Notre audit s’est achevé il y a quelques mois. Et depuis lors, nous n’avons aucune indication que nous ayons manqué à quoi que ce soit, pour autant que nous le sachions. »
La FIA a la partie d’autant moins facile, que les équipes de F1 ont souvent d’autres entités non-liées directement à la FIA. Par exemple, Red Bull a d’autres divisions autres que Red Bull Racing : Advanced Technologies, Red Bull Technology, Red Bull Powertrains… Aston Martin ou McLaren ont des structures similaires.
Ces divisions internes alimentent d’ailleurs les doutes, comme nous vous le rapportions.
Du côté de Mercedes, tout irait bien sur ce point en revanche. Toto Wolff explique pourquoi il n’est pas inquiet.
« Les grandes équipes comptent des milliers de personnes et divers projets - commerciaux et non commerciaux. Pour nous, c’est un peu plus facile parce que nous avons tout dans une seule entité. Les employés sont tous au même endroit et vous pouvez voir ce sur quoi ils travaillent. »
« Cela devient plus complexe lorsque vous avez une plus grande variété de filiales. Je n’ai jamais hésité à dire qu’avec le règlement 2026, nous devrions nous débarrasser de tout cela. »
« Dans le monde réel, c’est un véritable défi parce que nos projets d’ingénierie génèrent des revenus et de l’argent. Cela signifie que nous ne pouvons pas affecter une personne qui travaille en F1, ne serait-ce qu’une minute, à une activité qui n’est pas liée à la F1. Mais je pense que c’est la bonne chose à faire pour le sport de dire "ceci est la F1 et ceci n’est pas la F1". Dès que quelqu’un passe 10 secondes sur un projet de F1, il doit être pleinement dans la F1. C’est la voie que nous devons suivre. »
Wolff et la méritocratie de la F1
Les budgets plafonnés ont été introduits pour niveler la compétition en F1, pour rapprocher les performances entre écuries de pointe et milieu de grille.
Une manière plus simple d’y arriver serait, comme en WEC, de mettre au point une BOP (’Balance of performance’)...
Mais Toto Wolff y est radicalement opposé. Voici pourquoi.
« La raison pour laquelle j’aime ce sport est qu’il est méritocratique et que le divertissement suit le sport, et non l’inverse. Nous ne pouvons pas créer une balance des performances, une BoP, ou quoi que ce soit d’autre qui égaliserait la compétition, c’est ce que c’est. Nous avons déjà le plafond budgétaire et l’ATR [limitation des essais en soufflerie en fonction du classement des constructeurs], qui sont déjà une sorte de BoP. «
« Nous avons connu cela pendant des années avec Mercedes, où nous avons terminé à la première ou à la deuxième place de chaque course - ce qui n’était certainement pas très divertissant. C’est pourquoi nous devons travailler mieux et revenir dans la course, parce que comme beaucoup de fans, nous serons frustrés quand nous penserons que nous sommes vraiment proches de Red Bull, après les qualifications… mais que pendant la course, nous verrons une voiture disparaître au loin ! »