Il est peut-être en tête du classement pour sa troisième saison de Formule 2, alors qu’il joue le titre en ce moment même à Abu Dhabi, mais Théo Pourchaire admet qu’il n’a toujours aucun projet en course en vue pour 2024.
Le Français de 20 ans est pilote de réserve de Sauber depuis un certain temps, mais son aventure en F2 touche définitivement à sa fin - et aucun baquet ne lui a été proposé en F1.
Il s’est confié à Abu Dhabi sur sa saison et son avenir, au micro de RMC.
"Je n’ai aucun regret d’avoir refait de la F2 cette année. Pour moi, c’est une troisième saison de F2 et beaucoup pensent que trois saisons c’est énorme. Mais ce n’est pas ce que je ressens. Il faut regarder ce que vaut le pilote et me concernant, je suis encore très jeune. C’est pour ça que je pense que c’était une bonne chose de rester en F2 et d’être présent sur les week-ends de F1. Sauber m’a beaucoup aidé, ils voulaient que je fasse de la F2 et c’est financé à 100% de leur part. C’est exceptionnel. Cette saison, j’ai beaucoup appris."
Troisième pilote de F1 pour Alfa Roméo / Sauber, il a également dû gérer ce rôle cette saison.
"Ce sont d’énormes responsabilités car si un pilote ne peut pas rouler sur un Grand Prix c’est moi qui le remplace, donc je dois être prêt à tout moment. Mais en même temps, je n’ai roulé que trois fois en F1 en essais libres. On n’a pas le droit de faire plus d’essais et je fais beaucoup de simulateur pour Alfa Romeo mais ça n’a rien à voir avec la course, donc c’est beaucoup de pression aussi. Je dois toujours me tenir prêt et si cette opportunité arrive un jour, je la saisirai et je donnerai tout. Mais ce n’est pas simple, j’étais aussi focus sur la Formule 2 cette année, qui était mon objectif principal et ça l’est toujours car la saison n’est pas finie. Et j’espère atteindre mon rêve d’être champion de F2."
Lorsqu’on lui dit que cela lui a permis de s’immiscer dans le monde de la F1, il répond : "et c’est complètement différent d’une équipe de F2 !"
"Il y a beaucoup plus de personnes. Dans une équipe de F1, je pense qu’on s’approche des 80 personnes sur un week-end de course. En F2, on est une quinzaine, vingtaine maximum. Ça change beaucoup. Il y a beaucoup plus d’ingénieurs, de choses à faire, plus de responsabilités. Pour un jeune pilote c’est aussi beaucoup d’interviews, de travail avec les sponsors, de travail avec les ingénieurs, les mécaniciens. Il y a beaucoup de personnes à connaître. C’est un autre environnement mais j’apprends beaucoup et ça me permet de grandir plus vite."
"C’est prenant mais je suis content d’être là. Mon rêve c’est d’être pilote de F1 et champion du monde un jour, je donnerai tout pour ça. C’est sûr qu’être pilote de réserve n’est pas la meilleure position car on ne fait pas grand-chose, on attend beaucoup. On est prêts mais ce n’est pas une position simple."
En 2024, toujours pas de baquet en F1... que va-t-il faire ?
"On se projette déjà avec mon entourage. Je serai encore pilote de réserve pour Alfa Romeo. C’est bien mais pour moi ce n’est pas suffisant, je leur ai déjà dit. Je veux rouler, je suis jeune, je sais que j’ai les capacités pour aller plus loin dans ce sport. Rester sur le côté pendant un an à faire des simulateurs et quelques essais en F1, je pense que ce n’est pas assez. Il faut que j’entretienne ma condition physique et mes qualités de pilote : la gestion du stress, la gestion d’un week-end… C’est un sport tellement technique et compliqué que j’ai envie de continuer à le faire au plus haut niveau. Il y a des championnats dans lesquels je pourrais le faire, on est en discussion. J’espère avoir l’opportunité de rouler, cette sensation de faire une saison et me battre pour quelque chose."
La Super Formula, l’IndyCar ou le WEC sont des options selon les rumeurs...
"L’endurance est un très beau championnat, mais pour moi ce n’est pas l’objectif parce que ce n’est pas quelque chose qui me rapprocherait de la F1. J’aimerais faire quelque chose qui me prépare à aller en Formule 1 en 2025, parce que je pense en avoir les capacités et je pense mériter ma chance. Je vais tout faire pour essayer de me créer cette opportunité. Je pense que la Super Formula est un bon championnat car la voiture est très rapide, le niveau est très élevé. Ce n’est pas très bien médiatisé mais le plus important pour moi est que ça soit regardé par des équipes de Formule 1. Il y a aussi l’IndyCar qui est plus médiatisée mais un peu différent… On verra selon les opportunités. Le calendrier de la Super Formula colle très bien avec celui de troisième pilote de F1. C’est un compromis qui me semble bien mais j’aimerais y concourir dans une bonne équipe si j’y vais pour performer et ne pas me faire oublier."
Pourchaire va toutefois tenter de garder la patience nécessaire pour obtenir sa place en F1. N’est-ce pas un peu frustrant alors qu’il a vite gravi tous les échelons ?
"C’est naturel, c’est venu comme ça. J’ai performé très rapidement dans chaque catégorie. C’est top d’être là aujourd’hui à mon âge. Il faut être patient, c’est très important et je pense que c’est une des choses que j’arrive le moins à maîtriser parce que je suis proche de la F1. C’est mon rêve mais je dois attendre. Je sais que l’opportunité viendra un jour mais bien sûr que j’aurais aimé qu’elle vienne l’an dernier… Cette année elle n’est toujours pas là, j’espère l’an prochain mais je crois en moi et il faut être patient."