Bénéfices trimestriels : Ferrari surfe sur la crise
Malgré la crise profonde du coronavirus, Ferrari a maintenu une relative bonne santé financière durant le quatrième trimestre 2020. Le Cheval cabré a annoncé en effet, ce mardi, un bénéfice trimestriel meilleur que prévu.
Dans le détail, le bénéfice net a progressé à 263 millions d’euros, contre 166 millions d’euros au quatrième trimestre de 2019. Le chiffre d’affaires a lui aussi progressé de 15 % (à 1,1 milliard d’euros). Il faut dire que Ferrari a réussi l’exploit de vendre 2679 voitures, soit 13 % de plus qu’à la même période de l’an dernier.
Les résultats ont ainsi dépassé le consensus des analystes, et le bénéfice brut d’exploitation de Ferrari, en 2021, pourrait atteindre 1,5 milliard d’euros.
Il n’en demeure pas moins que Ferrari, contrairement à Renault par exemple, ou même McLaren, ne se retrouve pas en difficulté financière à cause du coronavirus – loin de là.
Du même coup, le programme sportif de Ferrari se retrouve avec des ressources à mobiliser si besoin… au moment même où les budgets vont être plafonnés en F1 !
Or avec un budget régulier tournant bien au-dessus du plafond des 145 millions de dollars, Ferrari se retrouve avec encore plus de ressources disponibles à remobiliser (et rappelons que les budgets plafonnés vont encore diminuer de 10 millions au cours des prochaines années).
De l’argent à investir, des employés à redéployer : qu’en faire ?
Que faire alors de ces ressources de côté, et de ces employés « en trop » qui ne pourront plus travailler en F1 au risque de dépasser les budgets plafonnés ?
La première solution serait plutôt cynique en période de crise, et alors que les bénéfices sont au rendez-vous : licencier ces employés pour faire encore plus de bénéfices.
Mais Mattia Binotto le rappelait à l’automne dernier : « Ferrari a une responsabilité sociale envers ses employés. Nous voulons faire en sorte qu’ils puissent avoir un domaine sur lequel travailler à l’avenir. La marque se porte bien, les ventes se maintiennent. »
Voici pourquoi Ferrari envisage – et on le comprend d’autant mieux à la lumière de ces derniers résultats financiers – de déployer plus de personnel et plus de ressources vers d’autres catégories.
La première piste mène à l’IndyCar – et justement, Ferrari cherche à renforcer son image aux États-Unis.
C’est cet intérêt que confirmait par exemple, à l’été dernier, Piero Ferrari, très attaché à l’histoire de la marque : « J’aime Indianapolis et en tant que petit garçon, j’ai vu Gianpaolo Dallara remporter sa première victoire à l’Indy 500. Ferrari a déjà participé avec Alberto Ascari à l’Indy 500, et ça pourrait être une option maintenant. »
L’autre option sérieuse est bien sûr de s’engager aux 24 Heures du Mans et au WEC, en profitant du règlement rénové qui offre plus de synergies avec les voitures de route, ainsi qu’avec l’IMSA, l’endurance américaine.
Alors PDG de Ferrari, Louis Camilleri le confirmait à l’été dernier… en évoquant aussi la piste du GT. « Une des pistes, de manière claire et très importante, est de passer les ressources du côté du GT, les voitures de route, mais aussi potentiellement l’IndyCar. Nous étudions l’Indy. Nous verrons, nous étudierons cela. Nous n’avons pas encore décidé en un sens ou en un autre, alors que Le Mans est une autre [possibilité] que nous étudions prudemment. Comme vous le savez, il y a deux catégories de LMP donc nous étudions les deux. »
Une chose est certaine : Ferrari ne basculera pas (contrairement à Mercedes ou Nissan) du côté de la Formule E.
Pourquoi ? Piero Ferrari s’en expliquait il y a quelques mois, relevant qu’on imaginerait mal une Ferrari, l’emblème de la puissance moteur, être une voiture électrique à 100 %... « Nous avons l’impression que ce n’est pas pertinent, et aussi parce que la Formule E est très standardisée. Nous aimons aller à des endroits où nous pouvons nous différencier. Il est difficile de voir où l’on peut avoir un avantage [en Formule E]. »
En somme Ferrari se retrouve dans une position préférentielle. Elle aura de l’argent à réinvestir grâce aux budgets plafonnés – et plus encore compte tenu de ses résultats financiers. Finalement, Mattia Binotto avait-il raison de hurler contre la mise en place des budgets plafonnés ? La Scuderia voit ainsi l’opportunité d’être présente, avec les mêmes budgets, sur des continents différents. Le Cheval cabré a beau souffrir sur le plan de la performance pure en F1, sur le plan de la stratégie de groupe, il continue de galoper…