Après avoir racheté Williams F1, les investisseurs de Dorilton Capital, qui ont une certaine connaissance du sport automobile, ont pris une décision marquante : remplacer Claire Williams par Simon Roberts, de manière temporaire puis finalement permanente. Le PDG de Williams a été aussi remplacé : Jost Capito est arrivé pour exercer ses nouvelles fonctions.
Capito est un nom connu de la F1 : il a exercé les mêmes fonctions de PDG chez McLaren, mais pour une très courte période (septembre-décembre 2016 seulement). L’expérience n’avait visiblement pas marché. C’est pourtant Capito qui, après avoir réussi un lent et minutieux processus de recrutement, a été choisi.
Pourquoi alors Capito ? Williams en vérité voudrait faire de lui un autre Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1 : arrivé à Woking pour remettre de l’ordre et relancer la machine, l’ancien de Porsche a été un des artisans-clefs du redressement des orange.
Car l’expérience de Capito ne se limite pas à ce court passage chez McLaren, et heureusement : derrière lui, il a quatre décennies dans le sport auto, chez Porsche (comme Seidl...) ou Ford. Mais son plus grand succès est en WRC : il a remporté 4 titres d’affilée chez les constructeurs avec Volkswagen.
Capito a aussi une petite expérience de la F1 : il a travaillé chez Sauber au milieu des années 90 (en plus de son court passage chez McLaren).
C’est donc bien sûr sur l’expérience WRC que Williams s’est fondée. Capito y aurait fait preuve des qualités idoines pour un poste aujourd’hui chez Williams, une équipe en difficulté : à savoir galvaniser l’équipe, la redresser moralement et structurellement, améliorer les processus – et le retard semble toujours immense dans ce domaine chez Williams, le point d’orgue ayant été les essais de Barcelone ratés en 2019.
Capito a aussi fait preuve (chez Volkswagen tout du moins) de profondes qualités de leadership et de management : très visible dans l’équipe, il était particulièrement soutenu par les employés, son management étant à l’époque très humain et proche des gens.
Mais l’expérience de McLaren ne peut-elle pas refroidir Williams ? Il faut revenir sur les raisons de l’échec de Woking pour Capito. Il avait été recruté par Ron Dennis (qui lui n’a pas de grandes qualités humaines…). L’objectif était de restructurer l’équipe et surtout d’huiler les processus avec Honda, qui souffrait tant à l’époque.
Mais on connaît la suite : le moteur 2017 fut une catastrophe et la confiance avec Honda fut rompue ; Ron Dennis, celui qui avait recruté Capito, fut aussi amené à partir.
McLaren voulut alors repartir sur de nouvelles bases : et cela signifiait l’arrivée de Zak Brown et le départ de Capito. Seidl finirait par boucler le processus de redressement de McLaren, conclu avec succès.
Williams se fonde alors sur un paradoxe : l’équipe veut se redresser comme McLaren, en choisissant l’homme écarté par Woking à l’époque.
Mais Grove a aussi considéré la complémentarité de Capito avec Simon Roberts : ce dernier, dans son nouveau rôle, se chargera plus de la gestion au jour le jour de l’équipe, de l’opérationnel. Capito étudiera plus une nouvelle vision stratégique pour l’équipe, de moyen terme. D’autres renforts pourraient d’ailleurs venir compléter son équipe.
En définitive le tandem Roberts-Capito symbolise la nouvelle gestion de moyen terme voulue par Dorilton Capital : avec une structure plus claire, avec des hommes neufs, avec de l’argent frais bien sûr, Dorilton veut imiter McLaren dans son redressement. Les budgets plafonnés et le règlement 2022 donnent une nouvelle opportunité à Grove : l’espoir est de retour, la solidité aussi…