Le plafond budgétaire n’est pas une solution miraculeuse pour apporter une équité entre les équipes, et il faudra plusieurs années pour niveler entièrement le peloton, avec l’aide de l’ATR, le système de handicap de développement. La raison à cela est qu’il existe des inégalités dans le plafond budgétaire, comme l’explique Otmar Szafnauer.
"Il y a quelques domaines auxquels je peux penser" note l’ancien dirigeant d’Alpine et Force India. "L’un d’entre eux, que j’ai connu, est que certaines équipes ont fait un meilleur travail sur la structure du plafond bugétaire."
"Elles peuvent dépenser 10 à 15 millions de dollars de plus que d’autres, et il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la marge de performance. Ces 15 millions de dollars de plus, grâce à la façon dont vous vous êtes organisés, vous permettent d’acheter plus de talents ou de faire d’autres expériences que les autres ne peuvent pas faire."
"De plus, bien qu’il y ait un plafond pour les dépenses de fonctionnement (OpEx) et un plafond pour les dépenses d’investissement (CapEx), je pense qu’en ce qui concerne les dépenses d’investissement, nous avons par inadvertance gelé certaines inégalités."
"Il y a des outils que les plus grandes équipes possèdent et que les plus petites essaient maintenant de rattraper et d’acquérir. Et cela prend du temps, car il s’agissait de 36 millions de dollars sur quatre ans ou quelque chose comme ça."
"Je me souviens que nous avons été confrontés à cette situation chez Alpine. Nous ne pouvions pas acheter ce que nous voulions, nous devions le faire au fur et à mesure. Et les grandes équipes, lorsqu’elles ont su que le plafonnement des coûts allait arriver, parce qu’elles avaient l’argent, ont acheté tout ce qu’il fallait."
Le déséquilibre date aussi d’avant le plafond budgétaire, certaines équipes ayant du matériel supérieur pour le développement : "Je vais vous donner un exemple. Certaines équipes ont des planchers transparents, ce qui permet de voir le flux, alors que d’autres n’en ont pas."
"Elles ont acheté ce matériel avant. Par exemple, lorsque j’ai discuté avec mes aérodynamiciens, ils m’ont dit ’nous avons besoin d’un plancher transparent, pour que je puisse vraiment voir le flux. D’autres l’ont déjà fait !’"
Szafnauer pense aussi que le facteur qui ne changera pas est celui des meilleurs pilotes, qui se dirigent vers les équipes les plus cotées et les plus en réussite : "Toto [Wolff] le dit toujours, mais les meilleurs pilotes veulent être dans les meilleures équipes. Cela ajoute donc un peu de poids, car les meilleurs pilotes sont toujours dans les meilleures équipes."