L’affaire du « baquet tordu » de Mick Schumacher chez Haas a fait quelque peu parler cette année. Pour mémoire, le pilote Haas a couru toute la première moitié d’année avec un baquet de travers et en décalage, ce dont l’équipe ne s’était pas rendu compte ; il a fallu entendre la perspicacité de Sebastian Vettel, le « mentor » de Mick Schumacher en F1, pour que le problème soit décelé et pour que la construction d’un nouveau baquet soit lancé.
Revenant sur ce problème, Mick Schumacher admettait l’existence d’une gêne, qu’il voulait dédramatiser en juin dernier (peut-être pour ne pas accabler son équipe technique ?) : « Concrètement, je suis assis de travers depuis le début de la saison, le baquet est central mais je ne suis pas droit. Ce n’est pas si terrible que vous pourriez le penser. C’est un petit décalage, j’y étais habitué dans la plupart des catégories inférieures et pour être honnête, ça ne me perturbe pas. »
Le problème avait été donc décelé par Vettel après le Grand Prix de France, lorsqu’il était allé voir la Haas F1 dans le parc fermé. « La clé est facile à trouver » raconte le pilote Aston Martin F1. « J’ai passé tellement de temps à courir, et nous avons parlé du baquet durant la semaine précédente, il y a toujours des choses que l’on peut améliorer et je voulais voir cela, donc nous nous sommes penchés dessus. »
Le baquet, un sujet aussi crucial cette année chez McLaren F1
Cet épisode a mis en lumière l’importance des baquets en F1 : car si un pilote est mal installé, comment pourrait-il être performant en piste ?
Le problème était au centre des attentions chez McLaren F1, qui a renouvelé la construction de ses deux baquets cette année. Le but principal était d’introduire le premier baquet en fibre d’origine naturelle – une grande première en F1, que Lando Norris a pu tester au Grand Prix de Silverstone, avec un certain succès puisque sa performance pure n’avait pas été affectée.
Il ne fallait pas se louper sur le sujet car comme le rappelle Scott Bain, ingénieur responsable du design, le baquet est un élément central dans la performance générale d’un pilote de F1.
« Si le pilote n’est pas à l’aise, cela peut affecter sa confiance, ce qui, en fin de compte, entrave sa capacité à tirer le maximum de performance de lui-même et de la voiture. C’est quelque chose dont nous sommes très conscients, surtout avec Lando qui est aussi performant qu’il l’a été. Nous ne voulions rien changer qui puisse le déstabiliser. »
Et l’expérience fut un succès puisque Lando Norris ne fit aucun commentaire particulier sur son changement de baquet ! Scott Bain a ainsi pu souffler…
« Lando n’avait pas de commentaires sur le baquet, mais il était content de continuer à l’utiliser pour le reste de la saison. »
« Le manque de temps vous force à vous engager à rouler avec quelque chose comme un nouveau baquet, dès le début d’un week-end, parce que la dernière chose que vous voulez, c’est de perdre une heure d’une séance d’essais libres en jouant avec le baquet. »
« Cela peut paraître étrange mais, dans ce cas, l’absence de retour est en fait une bonne chose. En ce qui concerne Lando, rien n’a changé du tout, c’est comme s’il utilisait toujours le même vieux baquet en fibre de carbone. Mais, comme nous le savons tous, le baquet qu’il utilise maintenant est très différent si l’on considère le matériau dont il est fait et les avantages en termes de coût et d’environnement que cela apporte. »
McLaren a aussi développé un nouveau baquet pour Daniel Ricciardo – mais pas à 100 % en fibre naturelle, car le pilote, étant nouveau dans l’équipe, avait des besoins précis que McLaren ne connaissait pas encore, ce qui a conduit l’équipe à ne prendre aucun risque.
Toutefois, toujours dans sa démarche durable, McLaren a introduit de la fibre de lin, en partie, dans le baquet de Daniel Ricciardo, afin de réduire là encore les émissions de carbone. Et comme le raconte Bain, si on ne lui avait pas dit cela, Daniel Ricciardo n’aurait rien repéré du tout !
« En fait, même après avoir conduit la voiture, Daniel ne s’est pas rendu compte qu’il y avait du lin dans son baquet jusqu’à ce que nous le lui disions ; cela n’affecte pas le confort et la confiance du pilote, c’est un gros point positif. Cela nous a également confirmé qu’une construction hybride était un moyen d’incorporer des composites en fibres naturelles dans les composants structurels de la voiture. »
En somme le baquet en F1 est comme beaucoup d’éléments dans le sport : quand tout va bien, on n’en parle pas. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles…