Après une course en août l’an dernier à cause du décalage de la saison, le Grand Prix d’Espagne retrouve sa place printanière au calendrier, en quatrième place dans la liste des courses de cette saison.
Une semaine après le GP du Portugal, Barcelone promet d’offrir un défi moins délicat que Portimão aux pilotes, avec un meilleur asphalte et possiblement moins de vent. La pluie n’est pas à exclure car elle frappera Montmelo la semaine prochaine, mais elle semble pour l’instant évitable.
Les pilotes découvriront un circuit de Barcelone au virage 10 encore revu. Celui qui était devenu une épingle au début des années 2000, après la ligne droite dans laquelle se trouve une des zones DRS, sera de nouveau une courbe, avec un freinage plus lointain mais moins important.
Le tracé
Si le Circuit de Barcelona-Catalunya est bien connu des équipes et des pilotes en raison des innombrables séances d’essais qui y sont organisées, la familiarité ne génère aucun dédain tant il y a de paramètres à prendre en compte sur 4 700 mètres.
Il mêle des courbes à hautes, moyennes et basses vitesses. Les deux premiers secteurs sont rapides avant une section finale lente où les pneus arrière commencent à surchauffer à cause de la motricité. La gestion des températures des gommes à l’arrière est la clé d’un excellent chrono. Il faut conserver assez de vie pour quitter le dernier virage le plus rapidement et se lancer dans la ligne droite d’un kilomètre à pleine vitesse.
T1-T2 – Une portion rapide et un changement de direction qui l’est tout autant pour franchir la chicane bosselée où la voiture peut être déstabilisée. Le premier virage est l’un des rares où l’on peut dépasser au freinage.
T3 – Pour faire un chrono, le pilote doit maintenir une bonne vitesse à la sortie du T2 tout en tenant la trajectoire idéale sur le long droite qu’est le T3. Les vitesses de passage imposent d’énormes pressions sur les gommes, spécialement à l’avant gauche. Les dépassements sont possibles, mais il faut être courageux et téméraire d’autant qu’il pourrait être négocié à fond.
T5-T9 – Avec son dévers au freinage, le pilote peut facilement bloquer la roue avant gauche. Les bosses contribuent d’ailleurs au piège, mais le vibreur en sortie est assez large. La traction est à l’épreuve. Les virages 7 et 8 requièrent une bonne maniabilité avant d’attaquer le T9 sans relâcher.
T10 – La dynamique issue de la précédente séquence peut permettre une tentative de dépassement dans le gauche serré de La Caixa. En sortie, la motricité est capitale avant de défier l’enchaînement des virages 11 à 15.
T13 – Il vaut mieux éviter les gros vibreurs sur cette partie plus technique en dévers sur l’avant-dernier virage à droite et la chicane finale, où un freinage très tardif peut faire gagner quelques millièmes de seconde.
T16 – Une bonne voiture est cruciale pour optimiser la longue ligne droite des stands. S’il s’avale pied au plancher en qualifications, un compromis pour la vitesse d’entrée est de rigueur en course à cause des charges d’essence et de la dégradation des pneus.
Du côté du groupe propulseur
Le Circuit de Barcelona-Catalunya se situe en milieu de tableau pour les demandes liées au groupe propulseur. Seulement 55% du circuit est à pleine charge.
Longue d’un kilomètre, la ligne droite des stands sollicite le moteur à combustion interne pendant 14 secondes, mais cette contrainte est atténuée par les faibles besoins en accélération sur le restant des 4,655 km.
L’autre période significative de pleine charge se situe entre les virages 9 et 10. Le moteur à combustion interne doit délivrer son plein potentiel pendant 6 secondes.
Au bout de ces deux lignes droites, la vitesse dépasse les 300 km/h avec le DRS fermé. La vitesse de pointe dépasse les 325 km/h, au bout de la ligne droite des stands et avec le DRS ouvert. Cette valeur dépend toutefois de la direction du vent. Avec le vent de face, la vitesse sera réduite de 1 à 4 km/h. Au dernier moment, les ingénieurs pourront atténuer cet effet en agissant sur l’aérodynamique, puisque les rapports de boîte sont figés. Dans la mesure où l’équilibre de la voiture sera modifié, un compromis devra être recherché. Il est à noter que le vent dans le dos est toujours moins préjudiciable que le vent de face.
Le réglage du turbo doit être calibré pour conserver une certaine facilité de conduite sur l’ensemble d’un tour. Le tracé du circuit « serpente » plus que les circuits modernes visités jusqu’ici. Ainsi, le virage 3 est négocié presque à fond et le pilote doit être en mesure de conserver sa vitesse tout au long de la courbe.
Négociée à 70 km/h, l’épingle 10 requiert un bon temps de réponse du turbo pour délivrer progressivement le couple et assurer une bonne sortie. En outre, la motricité à la sortie du dernier virage est plus importante que la vitesse de pointe pour tenter un dépassement. Il s’agit d’une difficulté caractéristique de ce circuit.
Le caractère vallonné du circuit catalan nécessite également une bonne réponse du turbo. Le premier secteur culmine à 15 mètres, tandis que le deuxième secteur est en descente. La puissance délivrée au sommet doit être douce, sans perdre la réactivité attendue en sortie de virage.
Ce circuit présente une variété de virages négociés à différentes vitesses. Il s’agit d’autant d’opportunités de récupérer l’énergie du freinage via le MGU-K. La première zone est constituée par les virages 1 à 3, lorsque la voiture passe de 300 à 125 km/h dans le premier virage.
Une autre bonne occasion de récupérer de l’énergie se situe au virage 5, dans le deuxième secteur. Le tracé est alors en descente – ce qui donne encore plus d’élan à la voiture – et le pilote saute sur les freins pendant environ 3 secondes. Dans cette zone de freinage, 30% de l’énergie requise pour les roues arrière est récupérée par le MGU-K.
Les autres points de freinage sont situés aux virages 10 et 13. Le T10 est une des zones les plus importantes du circuit, puisque le pilote arrive à 300 km/h. Tout en s’assurant que le MGU-K récupère autant d’énergie que possible, le Power Unit doit gérer le couple délivré dans cette portion en descente. Conserver une bonne stabilité au freinage et aider à s’extraire du virage constitue un des grands défis posés par ce circuit.
Barcelone n’est pas très exigeant pour le MGU-H, car les deux grandes lignes droites offrent suffisamment de temps pour récupérer l’énergie de l’échappement.
D’autres courtes périodes d’accélération entre les virages et les courbes rapides – comme les T6 et T9 – nécessitent un fonctionnement intermédiaire du moteur à combustion interne.
Forces en présence
Vainqueur de deux des trois premiers Grands Prix de l’année ainsi que des quatre dernières éditions du Grand Prix d’Espagne, Lewis Hamilton sera fort logiquement le favori ce week-end.
Max Verstappen, qui avait signé sur ce circuit sa première victoire en Formule 1, aura à cœur de briser la série de son rival, mais on sait que ces dernières années, Mercedes F1 brillait en Espagne.
A noter toutefois que les équipes n’auront pas autant de références qu’à l’accoutumée, puisque les essais hivernaux ne se sont pas déroulés en Espagne mais à Bahreïn.
Derrière, on peut encore s’attendre à une lutte entre McLaren et Ferrari pour la troisième place, même si Alpine F1 a arbitré ce duel au Portugal. AlphaTauri et Aston Martin chercheront également une certaine rédemption après une manche portugaise décevante.
Année | Circuit | Vainqueur | Equipe | Moteur |
---|---|---|---|---|
2020 | Catalunya | Lewis Hamilton | Mercedes | Mercedes |
2019 | Catalunya | Lewis Hamilton | Mercedes | Mercedes |
2018 | Catalunya | Lewis Hamilton | Mercedes | Mercedes |
2017 | Catalunya | Lewis Hamilton | Mercedes | Mercedes |
2016 | Catalunya | Max Verstappen | Red Bull | Renault |
2015 | Catalunya | Nico Rosberg | Mercedes | Mercedes |
2014 | Catalunya | Lewis Hamilton | Mercedes | Mercedes |
2013 | Catalunya | Fernando Alonso | Ferrari | Ferrari |
2012 | Catalunya | Pastor Maldonado | Williams | Renault |
2011 | Catalunya | Sebastian Vettel | Red Bull | Renault |
2010 | Catalunya | Mark Webber | Red Bull | Renault |
2009 | Catalunya | Jenson Button | Brawn GP | Mercedes |
2008 | Catalunya | Kimi Räikkönen | Ferrari | Ferrari |
2007 | Catalunya | Felipe Massa | Ferrari | Ferrari |
2006 | Catalunya | Fernando Alonso | Renault | Renault |
2005 | Catalunya | Kimi Räikkönen | McLaren | Mercedes |
2004 | Catalunya | Michael Schumacher | Ferrari | Ferrari |
2003 | Catalunya | Michael Schumacher | Ferrari | Ferrari |
2002 | Catalunya | Michael Schumacher | Ferrari | Ferrari |
2001 | Catalunya | Michael Schumacher | Ferrari | Ferrari |
2000 | Catalunya | Mika Häkkinen | McLaren | Mercedes |
1999 | Catalunya | Mika Häkkinen | McLaren | Mercedes |
1998 | Catalunya | Mika Häkkinen | McLaren | Mercedes |
1997 | Catalunya | Jacques Villeneuve | Williams | Renault |
1996 | Catalunya | Michael Schumacher | Ferrari | Ferrari |
1995 | Catalunya | Michael Schumacher | Benetton | Renault |
1994 | Catalunya | Damon Hill | Williams | Renault |
1993 | Catalunya | Alain Prost | Williams | Renault |
1992 | Catalunya | Nigel Mansell | Williams | Renault |
1991 | Catalunya | Nigel Mansell | Williams | Renault |
1990 | Jerez | Alain Prost | Ferrari | Ferrari |
1989 | Jerez | Ayrton Senna | McLaren | Honda |
1988 | Jerez | Alain Prost | McLaren | Honda |
1987 | Jerez | Nigel Mansell | Williams | Honda |
1986 | Jerez | Ayrton Senna | Lotus | Renault |
1981 | Jarama | Gilles Villeneuve | Ferrari | Ferrari |
1979 | Jarama | Patrick Depailler | Ligier | Ford |
1978 | Jarama | Mario Andretti | Lotus | Ford |
1977 | Jarama | Mario Andretti | Lotus | Ford |
1976 | Jarama | James Hunt | McLaren | Ford |
1975 | Montjuïc | Jochen Mass | McLaren | Ford |
1974 | Jarama | Niki Lauda | Ferrari | Ferrari |
1973 | Montjuïc | Emerson Fittipaldi | Lotus | Ford |
1972 | Jarama | Emerson Fittipaldi | Lotus | Ford |
1971 | Montjuïc | Jackie Stewart | Tyrrell | Ford |
1970 | Jarama | Jackie Stewart | March | Ford |
1969 | Montjuïc | Jackie Stewart | Matra | Ford |
1968 | Jarama | Graham Hill | Lotus | Ford |
1954 | Pedralbes | Mike Hawthorn | Ferrari | Ferrari |
1951 | Pedralbes | Juan Manuel Fangio | Alfa Romeo | Alfa Romeo |