C’était un final de fou auquel a assisté Alain Prost à Abu Dhabi, comme l’ensemble du paddock et des spectateurs.
Mais quelle leçon le « Professeur » pourrait-il tirer de ce dernier tour, et de la relance de la course controversée sous voiture de sécurité ? Prost comprend-il la réaction de Mercedes, qui a fait appel ? Il se confiait à Canal.
« Je comprends très bien Mercedes. Comme d’habitude, il y a beaucoup à dire dans cette saison. D’abord il y a une domination de Lewis incroyable pendant tout ce Grand Prix, on s’attendait peut-être à mieux de la part de Max, le championnat était presque joué. »
« C’est vrai, il y a la décision des commissaires au niveau de la voiture de sécurité. D’habitude on attend que toutes les voitures reprennent leur position, etc. Là on a relancé la course un tour avant la fin pour ne pas finir sous voiture de sécurité. »
« J’ai parlé à M. Kallenius, le président de Mercedes. C’est vrai qu’on donne le championnat en fin de compte à Max car il est en pneus tendres, et Lewis a des pneus de 45 tours. C’est ça la controverse. On s’attendait à une controverse mais pas à celle-là. »
Prost ne pense cependant pas que le titre revienne finalement à Lewis Hamilton sur tapis vert.
« Le problème c’est qu’on proteste contre une décision des commissaires, sur la manière de faire sur la voiture de sécurité. Je ne vois pas comment on peut changer les choses, ce n’est pas une faute de Max Verstappen, ni de l’équipe. Ça devient une polémique supplémentaire. On n’en avait pas besoin, c’est un championnat magnifique. Déclasser pour un championnat, après une faute plutôt commise par le pouvoir sportif, ça devient compliqué. »
A l’heure h, c’est donc bien sûr Max Verstappen qui est champion du monde. Un beau champion pour Prost ?
« L’un comme l’autre méritaient d’être champion cette année. Si on fait le scénario de toutes les courses, il y a toujours un truc à dire. Pour moi Silverstone c’est le tournant du championnat. »
« Max fait un championnat incroyable, il fait moins de fautes qu’avant. »
« On sait qu’il ose tout, je ne dirais pas la phrase d’Audiard, ce n’est pas du tout ça (les cons ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît, ndlr) ! Mais c’est vraiment incroyable. »
« Lewis a aussi le niveau cette année. Grâce à Max, il était en train de faire taire tous les détracteurs – avec la voiture supérieure, etc. On a deux pilotes exceptionnels, d’une mentalité, d’une éducation différentes, avec deux styles, deux équipes différentes. C’est magnifique. Cette saison était incroyable, avec un aspect sportif, technique, beaucoup de polémiques OK. »
« Mais on a eu une audience incroyable, une génération regarde la F1 alors qu’elle ne la regardait pas avant, aussi peut-être à cause, ou grâce, à Max Verstappen. Et donc, c’est peut-être la plus belle saison de F1 depuis toujours. »
Prost a des mots forts : cela veut-il dire que l’affrontement Senna-Prost était même en dessous du duel entre Lewis Hamilton et Max Verstappen ?
« Il y a beaucoup de différences. Nous, on était des intuitifs. On suivait les règles… on était presque des enfants de chœur par rapport à eux. Mais ce qui change le plus c’est que les pilotes sont devenus des machines, le simulateur, etc. »
« Et à cause de ça, ils sont peut-être plus smart, ils savent ce qu’il faut faire, pas faire, ils sont un peu plus ‘vicieux’. On a des pistes totalement différentes, beaucoup plus larges. Il y aura toujours une polémique à cause de ça. Il y a manière à gratter, et c’est une difficulté supplémentaire pour les commissaires. Quand on ne règle pas bien quelque chose, il y aura toujours une polémique. Et comme les pilotes sont smart, ils se disent je peux faire telle ou telle chose dans ce virage parce que etc. »
Prost lance donc un appel au calme, notamment en direction des fans mais aussi des équipes.
« Il va falloir que les choses se calment un peu, que ça s’arrête, il va falloir trouver une solution. »
« Mais je me suis régalé, c’est un beau champion, on aurait fêté de la même manière (si Lewis avait été champion). »