Renault F1 a donc fait le choix de faire revenir Fernando Alonso, un pilote qui arrive sur ses 40 ans mais qui a fait l’histoire de la marque en F1 en permettant au Losange d’obtenir ses deux premiers et seuls titres constructeurs, en 2005 et en 2006.
Alors Alonso est-il un choix marketing ? Non, se justifie Alain Prost auprès de RMC Sport
"Il y avait les options de trois grands champions : Fernando Alonso, Sebastian Vettel et Valtteri Bottas. C’était un peu moins évident pour Sebastian dans le sens où sa motivation n’était pas encore très claire. C’était un peu compliqué pour nous. Valtteri, lui, a la meilleure voiture du plateau. On voulait aussi avoir quelqu’un qui ne soit pas une option de remplacement, mais quelqu’un de parfaitement motivé pour le projet, qui connaisse bien l’équipe et qui soit prêt à faire une année 2021 certainement plus compliquée," explique ainsi le directeur non exécutif de Renault F1.
Même si Prost ne nie pas "toute l’histoire derrière Fernando avec les deux titres de champion du monde obtenus avec Renault," il assure que "pour la marque, c’est très important d’avoir un pilote de ce calibre."
"Ça a été un choix presque naturel et partagé par tous les gens du groupe, dont le marketing. C’est un choix audacieux, mais qui est assumé par tout le monde dans l’entreprise. Il a une énorme expérience, il a connu des grandes équipes, avec des succès et des problèmes en même temps. C’est un bagarreur. Quand vous êtes en milieu de peloton alors que vous êtes déjà champion du monde et que vous bagarrez pour essayer de glaner un ou deux points, ça montre une force de caractère incroyable et c’est ce qui nous plaît chez lui."
"On a besoin de ça à court terme. Le plateau de la Formule 1 est très serré, ça bataille à coup de dixièmes et de centièmes. Un pilote comme lui peut nous arracher des points et nous faire progresser encore plus," ajoute Prost.
Encore une fois, le recrutement d’Alonso pose question dans le sens où c’est un pilote très "politique", capable de galvaniser une équipe comme de la détruire avec son caractère si les choses se passent mal.
"C’est un sujet que j’ai abordé avec lui. En toute franchise, c’est le côté risque qu’on pourrait retrouver. Il en parle ouvertement. Il dit qu’il a beaucoup changé, que ses années sabbatiques l’ont fait mûrir. Il a découvert d’autres choses, comme le Paris-Dakar et l’endurance. Il s’inscrit dans un projet avec des gens qu’il connaît bien. D’une certaine manière, il sait qu’il n’a pas le droit de décevoir sur ce plan."
Quant à l’âge d’Alonso, aucun souci non plus pour Prost
"Même quand il était avec McLaren à 37 ans, il a montré qu’il n’avait pas perdu sa fougue," défend le Français.
"Il a été devant Stoffel Vandoorne, qui était considéré comme l’un des pilotes du futur, pendant deux saisons à chaque course."
"C’est vrai que la tendance est d’amener des jeunes pilotes. Fernando a un avantage : il pose des centaines de questions, il est sans arrêt avec les ingénieurs. C’est un peu la méthode de l’ancienne génération, qui peut encore très bien fonctionner. Je ne me fais pas trop de soucis."
Donc le recrutement d’Alonso est loin d’être juste une histoire de marketing ?
"Faire uniquement un choix marketing serait une erreur. On a pris une décision sportive, qui est bien entendu liée à un aspect marketing. C’est très important pour une marque. Tous les constructeurs impliqués en F1 veulent réduire les coûts et mesurer l’impact qu’a la F1 dans le monde entier en termes de retombées. C’est normal qu’il y ait un aspect marketing, mais ce n’est pas la raison principale."