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Prost : Le titre de 1993 avec Williams F1 ’était le pire’

Une mauvaise ambiance et une voiture peu agréable

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Alain Prost a remporté son quatrième titre mondial en 1993 avec Williams F1. Revenu d’une année sabbatique, il a ainsi triomphé, mais explique dans le podcast Beyond the Grid qu’il ne garde pas un excellent souvenir de cette saison.

"Excusez-moi d’être un peu brutal, c’est peut-être le pire, parce que ça reflète plus ou moins la façon dont j’ai été traité parfois" explique Prost. "Parce que 1993 était une saison très étrange. J’ai signé mon contrat avec Frank Williams très très tôt, début 1992 en fait, quand j’ai pris mon année sabbatique."

"Et nous avons commencé à nous quereller, avec Ayrton Senna qui voulait aussi conduire à mes côtés. C’était dans son plan, c’était fait dans sa tête pour lui. Alors la seule chose que j’ai dite à Frank, quand on s’est rencontré pour la première fois pour parler du contrat à Paris, c’est ’d’accord, tu me donnes l’argent que tu veux’."

"Et j’ai ajouté ’je ne veux même pas être le numéro un de l’équipe. La seule chose que je te demande, c’est que je ne veux plus être coéquipier avec Ayrton’. Et il a dit oui, qu’il comprenait. Et nous avons pu mettre une clause là-dessus. Le contrat, ça a commencé comme ça !"

"Pas une très belle saison"

Mais Renault a décidé de placer Senna dans la voiture en 1994, et Frank Williams n’était pas opposé à cette idée. Prost a ainsi vu sa place de plus en plus menacée, alors même qu’il se dirigeait vers le titre mondial.

"Ensuite toute la saison a été vraiment difficile. Quand tu gagnes une course avec la Williams de l’époque, tu sais que c’est normal, quand tu perds, tu es stupide et ce n’est pas exactement ce que veut montrer un pilote de course. Il faut avoir une vision objective et ce n’était pas une très belle saison."

"Et quand on a commencé à avoir des problèmes, c’est quand Frank est venu me voir et m’a dit ’j’ai la pression de Renault, parce qu’ils veulent que je prenne Ayrton et je sais qu’on a un contrat’. Ce n’est pas la meilleure façon de vivre une saison, j’avais un contrat de deux ans."

"Je sais que j’ai été très soutenu par Patrick Head et Adrian Newey. J’ai répété que je voulais me battre contre Ayrton, pas de problème, mais sur la piste, pas en tant que coéquipier. Et donc que je ne pouvais pas accepter cela. C’est pourquoi toute la saison 1993 à la fin n’a pas été ma meilleure, sur le plan humain."

Une adaptation difficile aux suspensions actives

Prost révèle que le plus difficile pour lui a été de s’adapter aux suspensions actives de la Williams. Il tempère les qualités de la monoplace, ainsi que la prétendue domination de sa voiture qui n’était pas un facteur de différence dans son approche de la compétition.

"Cela a changé à cause de la perception des gens à l’extérieur. Parce que pour vous, quand vous êtes un pilote de course, ça ne changerait rien. Demandez à Max, qui a une voiture dominante aujourd’hui. Il va essayer de gagner toutes les courses qu’il peut et de remporter le championnat."

"Et pour moi, c’était pareil, c’était une nouvelle technologie. C’était une nouvelle voiture, une nouvelle façon de régler la voiture ou même de travailler avec les ingénieurs. Elle n’était pas ma voiture préférée."

"J’ai l’habitude de faire plus ou moins tout par moi-même, de travailler avec les ingénieurs, mais avec la suspension active, c’était tout fait par les ingénieurs, avec le travail sur ordinateur et la programmation."

"C’était probablement le plus gros problème. Mais sinon, je n’avais pas une approche très différente. J’avais un coéquipier fantastique avec Damon Hill. Il a été très utile. Il avait plus d’expérience que moi sur la suspension active parce qu’il testait la voiture avant, donc tout était différent. Mais à la fin votre philosophie est la même."

"La seule grande différence est que nous nous battons contre Ayrton avec un très, très bon châssis. J’ai piloté ce même châssis McLaren l’année d’après, avec le moteur Peugeot. Peut-être pas un moteur très puissant au début, c’est évident."

"Mais pour moi, il avait une meilleure suspension, une meilleure électronique sur la voiture et c’est ce que nous avons vu aussi à Donington, sur le mouillé. Mais vous ne pouvez pas expliquer cela aux gens."

"Au final, vous pourriez essayer d’expliquer pourquoi vous êtes bon ou pourquoi vous n’êtes pas aussi bon. Personne ne comprend que dans cette situation, vous pouvez avoir une voiture plus faible. Notre moteur fonctionnait beaucoup plus fort, c’est vrai, mais c’était très difficile à piloter parfois, très exigeant."

Une Williams pas si supérieure à la McLaren

Le Français tempère l’avance qu’avait Williams sur McLaren. Selon lui, la FW15C avait des défauts que n’avait pas sa devancière, et était ainsi moins polyvalente. Il estime que la McLaren était proche, malgré un moteur moins performant que le V10 Renault.

"Il est évident qu’il s’agit toujours d’un ensemble. La voiture était vraiment bonne à certains endroits, beaucoup plus difficile à conduire à d’autres endroits et la position dans la voiture n’était pas aussi confortable que je le souhaitais."

"C’était une voiture difficile à conduire compte tenu de ses performances. De toute évidence, elle était très puissante. Mais lors des deux dernières courses au Japon et à Adélaïde, j’ai essayé de faire de mon mieux pour terminer avec la victoire, mais cela n’a pas été possible. La McLaren était beaucoup plus rapide."

La Williams s’exprimait particulièrement sur des tracés rapides : "Il ne fallait pas avoir trop de bosses. A Silverstone avec de longues lignes droites, vous pouviez faire en sorte que le moteur fasse de petites différences. Je me souviens que lorsque nous nous battions avec Ayrton, il y avait des endroits où j’étais beaucoup plus rapide."

"Il y avait des endroits où il était beaucoup plus rapide. On a parfois l’impression que c’était une voiture lourde et que nous avions une voiture légère, ce qui n’était pas le cas, mais nous oublions que ces deux voitures avaient des technologies très différentes."

"Il y a différentes façons de faire fonctionner une voiture active. Si je regarde la voiture de Nigel l’année précédente, que j’ai testée au Portugal, elle ressemblait plus à une voiture normale. Elle était active, mais il s’agissait plutôt d’un contrôle de la hauteur de caisse."

"La voiture de 1993 était plus une voiture active complète. Et cela rendait la voiture beaucoup plus difficile, beaucoup plus difficile à régler et à trouver le bon équilibre. Mais si vous parveniez à trouver le bon équilibre, vous obteniez une voiture fantastique."

Prost "perdait des sensations" dans la FW15C

Prost n’était pas un grand fan des nombreuses aides au pilotage de la Williams : "Mon style de conduite est très différents de ceux de beaucoup d’autres pilotes. Par exemple, avec la Williams, nous avions la possibilité d’utiliser la direction assistée et l’ABS sur les freins."

"Si je me souviens bien, je ne l’ai jamais utilisé. J’ai essayé plusieurs fois. Et peut-être une fois en course. Je ne me souviens pas où c’était. Je me demande si ce n’était pas Silverstone, nous pourrions peut-être demander à Patrick."

"Mais je n’ai pas aimé ça parce que tout d’abord, je n’avais pas le bon feeling pour régler la voiture, pas comme je le voulais. Et lorsque je mettais en place le système actif, la direction assistée ou l’ABS, je perdais encore plus de sensations. Ce n’était pas bon pour moi ni pour mon style de conduite."

Prost se souvient aussi que les pneus plus étroits introduits en 1993 changeaient la donne en matière de performance, et notamment dans les vitesses que prenaient les voitures en ligne droite, ce qui l’inquiétait en matière de sécurité.

"Au début de l’année, j’avais eu de grandes disputes avec Max Mosley parce qu’en fait, nous avions mis en place ces pneus étroits pour des raisons de sécurité. Et ce que je disais à l’époque, après mon test au Portugal, c’était pourquoi ne pas tester ces pneus avant de prendre la décision de les introduire."

"Ce n’était peut-être pas une mauvaise idée, mais au final, vous étiez plus rapide en ligne droite et pas beaucoup plus lent dans les virages. Cela n’a donc pas fait une grande différence. Normalement en course, vous pouvez adapter votre style à presque tout. Ce n’était pas un très grand changement."

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