Comme tout le paddock et tous les observateurs, Alain Prost a lui aussi assisté avec inquiétude à l’accident de Romain Grosjean dimanche dernier à Bahreïn. Le Français n’est jamais surpris de voir de gros accidents en F1, habitué qu’il était lorsqu’il pilotait, mais note tout de même le caractère effrayant de ce crash.
"Ça donne la chair de poule, c’est évident" admet le quadruple champion du monde. "Je l’ai vu d’une manière différente que la vôtre, en pensant à ce qu’on a vécu à mon époque. Sans être sordide, il y a eu aussi des accidents terribles dans le passé. Il est évident que la F 1 reste un sport très dangereux."
Il s’est directement rapproché de la famille du pilote français après l’accident : "J’ai appelé Marion, la femme de Romain. Je ne suis pas allé sur les réseaux sociaux, ni nulle part ailleurs. J’ai fait quelque chose de très personnel car dans ces moments-là, la réaction de chacun est très intime."
Les progrès de sécurité ont été essentiels à la survie du pilote français, à commencer par le Halo : "La sécurité en F1 s’est grandement améliorée. Nous y avons tous participé, moi comme ceux qui ont été motivés par ça pendant des années et des années."
"Le halo, je n’en étais pas un grand partisan sur le plan esthétique. Pour la sécurité, j’étais pour. Mais pour l’esthétique, ce n’était pas top. On voit pourtant comment il a sauvé la vie de Romain donc il faut toujours être ouvert à l’amélioration de la sécurité."
Cependant, malgré les progrès énormes accomplis avec le temps, d’autres problèmes viennent se poser au fil du temps, et l’accident de Romain Grosjean à Bahreïn montre justement que cette quête est infinie dans le temps, mais n’est certainement pas vaine.
"Il y a des questions qui restent en suspens : comment une voiture peut-elle brûler aussi facilement et si vite ? Comment peut-elle se couper en deux ? Il faut toujours limiter les risques au maximum et c’est ce qui est fait. Avant tout, il faut tirer notre chapeau à tous ceux qui contribuent à l’amélioration de la sécurité."
Il n’est pas étonné que les pilotes n’aient aucune difficulté à remonter dans leur monoplace après un tel accident, ni même que Grosjean veuille courir à Abu Dhabi : "C’est très dur. Mais chacun réagit à sa façon, d’une façon très personnelle. A mon époque, on savait qu’on risquait ce genre de choses régulièrement parce qu’on le voyait autour de nous."
"Nous y étions préparés, ce qui n’est plus le cas des nouvelles générations. Moi, pour vous raconter une anecdote, j’ai toujours refusé que mon fils Nicolas regarde un de mes Grands Prix en direct parce qu’il ne comprenait pas forcément les risques qu’on prenait."