La pandémie de Covid-19 a totalement bouleversé le calendrier de la saison 2020 de la F1, entre reports et annulations pures et simples de Grands Prix. L’intersaison 2019-2020 sera ainsi exceptionnellement longue, et la saison 2020 devra au contraire se tenir sur un laps de temps particulièrement resserré. Dans le même temps, l’entrée en vigueur du nouveau règlement a été reportée, de 2021 à 2022, et le plafond budgétaire pourrait être abaissé afin de préserver la santé financière des équipes. Si la vie se fige, le sport reprendra bientôt ses droits. Il est alors légitime de se demander à qui profite (ou non) une telle situation…
Dixième et dernier épisode de cette série avec AlphaTauri
Les désavantages de cette situation pour AlphaTauri
AlphaTauri ne disputera ainsi pas le premier Grand Prix de son histoire (même si évidemment, la structure est la même que l’ancienne équipe Toro Rosso) avant l’été. L’opération de rebaptisation de l’équipe avait été menée dans un seul but par la maison-mère, Red Bull : une opération marketing. Il s’agissait en effet de valoriser la marque de vêtements branchés AlphaTauri, appartenant à Red Bull. Ce qui nous avait d’ailleurs valu un lancement assez roboratif de l’AT01, à cause d’un défilé de mode interminable… En tout état de cause, ce plan marketing fondé sur le nom de l’équipe a pris du plomb dans l’aile.
Sur le plan sanitaire, sportif et opérationnel, le report du début de saison est aussi une rude nouvelle pour AlphaTauri, dont l’usine, située à Faenza, en Italie, subit en première ligne le contrechoc de la crise sanitaire. Avec Ferrari, AlphaTauri risque ainsi d’être la plus affectée par les mesures sanitaires et de quarantaine, plus en tout cas que les équipes basées au Royaume-Uni qui ont jusqu’à présent encaissé un choc violent certes, mais moins brutal. Les mesures de surveillance à l’encontre des Italiens risquent aussi, dans les mois suivants, d’être plus restrictifs par rapport aux mesures visant les Britanniques, ce qui pourrait poser quelques problèmes supplémentaires aux mécaniciens italiens se rendant dans d’autres pays (plus de contrôles, éventuelles mesures de quarantaine…)
Les opportunités de cette situation pour AlphaTauri
Pourtant, AlphaTauri peut s’estimer relativement heureuse : alors que la plupart de ses concurrents, en milieu de grille, luttent désormais pour leur survie (Haas, Williams…), AlphaTauri n’a pas de telles préoccupations. En effet, le soutien de la maison-mère Red Bull ne place pas AlphaTauri face à une crise existentielle. Un véritable luxe dans cette période… Du même coup, alors que Haas ou Williams pourraient prendre dans les prochains mois de drastiques mesures d’économie, AlphaTauri ne devrait pas avoir à tailler dans ses effectifs.
Dans le prolongement de la crise, et pour faire économiser davantage d’argent aux écuries, le modèle des équipes-clientes (sur le modèle Haas-Ferrari ou bien sûr Red Bull-AlphaTauri) pourrait se développer. Or plusieurs équipes de milieu de grille (Williams, Alfa Romeo Racing) n’ont pas poussé aussi loin un tel modèle et devront construire une toute nouvelle relation. Au contraire, dans une perspective de F1 à deux vitesses, avec équipes A et équipes B, AlphaTauri a une longueur d’avance historique grâce à sa collaboration avec Red Bull.
Sur le plan des pilotes enfin, le report généralisé de la saison, qui devrait entraîner une prolongation des contrats de Pierre Gasly et Daniil Kvyat, soulage AlphaTauri et Helmut Marko : en effet, alors qu’il n’existe aucun candidat crédible aujourd’hui à un volant AlphaTauri dans la filière Red Bull (Juri Vips ne courra qu’en F2 et n’est pas encore mûr), ce report permet à la filière Red Bull de gagner du temps pour se reconstruire, et faire éclore un nouveau Sebastian Vettel ou Daniel Ricciardo.