La liste des évolutions apportées par les équipes, à chaque Grand Prix, est désormais rendue publique en début de week-end.
À ce petit jeu, et cela semble paradoxal, c’est AlphaTauri qui a amené le plus d’évolutions (41), contre 14 pour Haas. La moyenne se situe autour des 25 (Red Bull et Ferrari sont dans ces eaux).
Mais bien sûr, la qualité l’emporte sur la quantité et cela explique pourquoi AlphaTauri est encore dernière au classement des constructeurs…
Franz Tost peut-il expliquer la stratégie de son équipe ? Pourquoi amener plus de petites évolutions, qui ne semblent finalement pas si bien fonctionner…
« Notre voiture n’était malheureusement pas assez compétitive au début de la saison, et nous devons donc pousser très, très fort pour la rattraper. Et c’est la raison pour laquelle nous apportons autant d’évolutions que possible pour prendre cette direction. Car comme vous le savez, il n’y a plus d’essais privés et pour trouver la bonne trajectoire technique la voie à suivre, il faut la tester sur la voiture. Et ensuite vous devez utiliser peut-être quelques courses ainsi que des essais pour obtenir, je l’espère, la bonne direction pour l’avenir. »
Haas a apporté peu d’évolutions en comparaison d’AlphaTauri. L’équipe arbore toutefois un nouvel aileron avant ce week-end.
Qu’attend l’équipe américaine de ses nouvelles pièces, selon son directeur d’écurie Günther Steiner ? Quelle est la philosophie de l’équipe en la matière ?
« Nous n’avons tout simplement pas trouvé de performance et nous n’avons donc pas mis plus d’évolutions, parce que mettre des évolutions pour montrer quelque chose, ça n’en vaut pas la peine, vous savez, vous devez investir votre argent là où il faut. Et donc, nous continuons à développer notre voiture cette année. »
« Ce n’est pas comme si personne ne mettait des évolutions juste pour les mettre. Il y a une raison derrière. Et si vous n’avez pas d’évolution de performance.... Si vous n’avez pas de performance, ce n’est pas la peine de mettre une évolution. »
Williams est une des équipes ayant le plus progressé cette année. James Vowles explique notamment la philosophie ayant présidé à l’introduction de grosses évolutions, au dernier Grand Prix au Canada.
« De notre point de vue, vous avez mis le doigt sur l’essentiel en disant que la quantité n’est pas nécessairement synonyme de qualité. Mais dans notre cas particulier, à Montréal, on a apporté une très grande évolution, presque toutes les surfaces de la voiture ont été changées. Vous pouvez donc soit investir dans ce type d’évolution, qui représente un changement énorme pour la voiture, soit procéder à de petites modifications sur les côtés du fond plat, sur les ailerons... sur d’autres éléments de la voiture. »
« En ce qui concerne la quantité, vous devriez constater que les différentes équipes avancent ou reculent les unes par rapport aux autres à des rythmes différents. Lorsque vous avez trouvé des performances, vous les mettez sous la forme d’une évolution et vous l’apposez sur la voiture. Ces évolutions peuvent être parfois importantes, parfois faibles, c’est l’amélioration des performances en termes de delta qui est importante. »
Ferrari a refondu sa voiture deux fois
Chez Ferrari, combien a-t-on apporté d’évolutions depuis le début d’année ?
Enrico Cardile, le patron du département châssis, n’est pas en mesure de répondre, mais fait le point sur les nouveautés majeures apportées par la Scuderia cette année. Sans réel succès pour le moment.
« Je ne sais pas comment vous mesurez le nombre d’évolutions. Je n’ai pas compté honnêtement ce que ces gars ont apporté sur la piste. Je sais ce qu’ils ont apporté, mais je ne l’ai jamais compté. Cette année, nous avons apporté beaucoup de choses et ces choses ont été apportées l’une après l’autre, parce que nous avons complètement revu la voiture en Espagne. Nous avons apporté un fond plat complètement nouveau à Miami, nous avons complètement refondu la voiture en Espagne, et nous avons apporté un autre fond plat complet au Royaume-Uni. »
« Voilà donc notre situation. Cette année, nous avons poussé beaucoup plus loin que l’année dernière. »
La qualité vaut mieux que la quantité
Red Bull a largement fait évoluer sa voiture peu avant la trêve, mais a tellement d’avance qu’elle peut voir venir. L’écart aux classements influence-t-il donc la stratégie d’évolutions à Milton Keynes ? Paul Monaghan, l’ingénieur en chef, répond.
« Je dirais que le nombre de changements n’est pas représentatif de l’ampleur du changement. Nous pouvons donc modifier un bout d’aileron et déployer un... Vous verrez ! Mais cela ne veut pas dire que le changement est important dans son ampleur. L’effet aérodynamique sur la voiture reste entre nous. »
« La course au développement tourne autour de votre chrono et votre place à l’arrivée le dimanche, pas nécessairement du nombre (d’évolutions) que nous apportons, donc je ne pense pas que ce soit aussi révélateur que vous le suggérez pour le moment. »
Enfin, Aston Martin F1 est l’équipe qui fait le plus évoluer sa voiture à Zandvoort, avec des nouveaux ailerons ou un nouveau fond plat. Tom McCullough, responsable de la performance chez Aston Martin F1, commente ces nouveautés.
« Parfois, en fait, les petites pièces qui font partie d’une autre pièce plus grande peuvent être tout à fait dominantes pour la performance et, en fin de compte, comme Paul vient de le dire, nous sommes simplement là pour faire rouler les voitures aussi vite que possible. »