En raison de la pandémie de Covid-19, la saison de F1 ne devrait pas commencer avant juin. L’intersaison 2019-2020 sera ainsi exceptionnellement longue, et la saison 2020 devra au contraire se tenir sur un laps de temps particulièrement resserré. Dans le même temps, l’entrée en vigueur du nouveau règlement a été reportée, de 2021 à 2022. Si la vie se fige, le sport reprendra bientôt ses droits. Il est alors légitime de se demander à qui profite (ou non) un tel report…
Troisième épisode de cette série avec Racing Point.
Les désavantages du report pour Racing Point
Avec Mercedes, Racing Point fut certainement l’équipe ayant fait parler le plus d’elle aux essais de Barcelone. En effet, la monoplace de l’équipe a rapidement été surnommée la « Mercedes rose » puisqu’elle s’inspirait largement – mais dans les limites du règlement semble-t-il – de la Mercedes de l’an dernier. Grâce à ce gain de temps efficace et judicieux, Racing Point s’est ainsi affirmée comme la référence du milieu de grille selon plusieurs observations croisées ; Mattia Binotto a même estimé que Ferrari était désormais menacée par Racing Point…
En tout état de cause, Racing Point aurait pu commencer la saison de manière très solide à Melbourne. Ainsi que l’a rappelé Sergio Pérez, Racing Point dispose « définitivement d’une bonne voiture » qui aurait permis de « réduire l’écart sur les écuries de pointe. » Le report du début de saison est ainsi un désavantage apparent, puisqu’il laissera plus de temps (après la réouverture des usines) aux autres équipes de milieu de grille pour rattraper leur retard. Autre équipe motorisée par Mercedes, Williams pourrait aussi s’inspirer de l’approche Racing Point, mais Claire Williams a déjà écarté cette hypothèse pour préserver l’indépendance de son équipe en termes d’ingénierie. Renault et McLaren, les véritables menaces de Racing Point, devraient en revanche redoubler d’efforts pour contrer la menace Racing Point.
Les autres équipes de milieu de grille pourraient également mettre à profit ce délai pour examiner plus en profondeur la légalité de la Racing Point. Cyril Abiteboul a déjà émis quelques doutes au sujet de la légalité de cette « Mercedes rose » : il soupçonne en effet à mots couverts Mercedes d’avoir fourni « plus que des photos » à sa partenaire moteur. Contester la légalité de la Racing Point dès Melbourne aurait été difficile en raison des délais serrés ; mais avec ces mois de report, qui sait ce que Renault pourra trouver…
Les opportunités du report pour Racing Point
Cependant ce report constitue aussi une opportunité pour Racing Point. Si l’avantage de l’équipe perdure à la reprise de la saison, vers le mois de juin, les autres écuries du milieu de grille auront tout intérêt à sacrifier rapidement cette saison 2020 (pour se concentrer sur 2021 voire pour la saison du nouveau règlement, en 2022). L’avantage de Racing Point serait ainsi conservé pour un bon semestre au moins.
Du reste, cet avantage sur le plan aérodynamique pourrait se creuser et non se réduire : en effet, Racing Point pourrait continuer d’adopter la même philosophie, la pousser plus loin, en s’inspirant davantage de la Mercedes de 2020 (déjà aperçue aux essais de Barcelone et à Melbourne) pour faire progresser la Racing Point de 2020. Autant capitaliser sur ce qui semble déjà bien fonctionner…
Enfin, la pandémie du coronavirus, si elle reporte l’entrée en vigueur du nouveau règlement en 2022, pourrait être une dernière bonne nouvelle pour Racing Point : car l’équipe anglaise, depuis son rachat par Lawrence Strroll, bénéficie d’un afflux de capitaux, qui lui permet d’engager des ingénieurs, de moderniser ses machines, de construire de nouveaux bâtiments. Plus le temps passe avant l’entrée en vigueur du nouveau règlement, plus Racing Point aura eu le temps d’y consacrer ses nouvelles ressources.