Au début de son aventure en F1, Red Bull, à défaut d’être une écurie de pointe, détonnait par sa communication détendue et relâchée.
Depuis, l’équipe de Milton Keynes est devenue multiple championne du monde et a changé de statut… comme de communication.
Le ton a donc évolué chez Red Bull, et ce n’est pas un hasard : Christian Horner a estimé qu’en se présentant trop comme une équipe ‘cool’ et audacieuse, Milton Keynes n’était pas aussi prise au sérieux par les autres concurrents. D’où ce changement de stratégie marketing qu’il explique ainsi aujourd’hui.
« Lorsque nous sommes arrivés en 2005, nous avons mis la musique à fond, nous avons ouvert une hospitalité que nous avons appelée "Energy Station" et qui ne ressemblait à aucune autre. »
« L’entrée était gratuite pour tout le monde, il n’y avait pas besoin de 200 pass pour franchir la porte d’entrée. »
« Les choses étaient différentes, très différentes à propos de Red Bull, et les gens pensaient que ces gens-là de Red Bull n’étaient pas sérieux, qu’ils n’étaient pas là pour gagner, qu’ils étaient là pour s’amuser et qu’ils n’avaient aucune aspiration. Mais c’était très, très différent de cela parce qu’en fait, nous étions tout aussi déterminés que n’importe quelle autre équipe à gagner. »
Red Bull est-elle donc devenue une équipe sérieuse, voire rasoir aujourd’hui ? Pas le moins du monde pour Christian Horner.
« C’est juste que nous n’avions pas peur de nous amuser un peu en cours de route et de nous exprimer différemment. Cela n’a pas changé, nous sommes toujours l’équipe qui met la musique le plus fort – nous sommes vraiment des casse-c… pour celui qui est à côté de nous dans le paddock, parce que, c’est sûr, le choix de la musique de certains mécaniciens est un peu douteux de nos jours ! »
Mais Christian Horner le reconnaît, Red Bull a tout de même changé d’approche.
« Nous sommes très, très différents. »
« En tant qu’équipe, nous avons la mentalité du "tout est possible", aucun défi n’est trop grand. Si c’était le cas, nous ne fabriquerions jamais notre propre moteur et nous n’aurions jamais accompli tout ce que nous avons fait en Formule 1. »
« Nous avons un vrai esprit d’équipe, tout le monde travaille pour les autres. Il n’y a pas de numéro 1 dans une équipe - il s’agit d’un effort collectif. La seule chose que tout le monde a en commun, c’est la voiture, et ses performances le dimanche après-midi, 23 week-ends par an - c’est ce qui nous intéresse tous. »
Renault, le point noir de l’aventure Red Bull ?
L’aventure Red Bull n’a tout de même pas été un long fleuve tranquille.
Quelle a été la plus grande difficulté rencontrée par Red Bull dans le sport ? Christian Horner pense notamment aux débuts de l’ère hybride, avec une unité de puissance Renault qui était hors-sujet.
« Nous avons eu tant de difficultés - c’est la Formule 1. »
« C’est le sport le plus compétitif au monde. Lorsque nous sommes arrivés dans ce sport, nous avons dû nous battre pour être compétitifs. Nous y sommes parvenus en un temps relativement court : nous avons rejoint la Formule 1 en 2005 et nous avons gagné en 2010. »
« En l’espace de cinq ans, nous avons transformé l’équipe en une organisation capable de remporter des championnats. Nous avons ensuite connu quatre saisons très réussies, puis un grand changement de réglementation en 2014. Avec le moteur que nous avions, nous ne pouvions tout simplement pas rivaliser avec nos adversaires, et c’était vraiment difficile pour tout le monde dans l’équipe à cause d’un élément que nous ne pouvions pas contrôler. »
« Nous n’avons pas pu rivaliser et le moral a commencé à flancher - et vous pouvez vous retrouver dans une spirale descendante, très, très rapidement. Mais nous avons réussi à arrêter cela et à nous concentrer sur les choses que nous pouvions contrôler. »
« Ce faisant, nous avons pu remporter des courses à chaque saison, sauf une au cours de ces années, sur des circuits qui convenaient aux caractéristiques de notre voiture ou aux opportunités que nous pouvions saisir. Une fois que nous avons obtenu un groupe motopropulseur compétitif que Honda nous a fourni, nous sommes soudainement revenus dans la course, nous sommes revenus dans le jeu, mais avec toute la faim et la motivation nécessaires pour redevenir une équipe gagnante et championne. »