En 1993, tout en étant pilote de F3000 britannique, David Coulthard était aussi le pilote d’essais officiel de Williams F1.
Cette position allait lui apporter, dans des circonstances évidemment inattendues et dramatiques, une opportunité de faire ses débuts en F1 dès la première moitié de saison 1994.
Après le décès d’Ayrton Senna à Imola, le 1er mai 1994, Williams convoqua Coulthard pour un test à Jerez (l’Ecossais raterait d’ailleurs un meeting à Pau en F3000).
Coulthard réussit à impressionner Frank Williams en bord de piste – assez pour convaincre le patron de Grove de remplacer directement Senna par Coulthard, dès le prochain Grand Prix.
En Espagne donc, Coulthard se qualifiait 9e, mais abandonnait sur casse moteur. Il finit par la suite 5e au Canada.
« Je n’aurais jamais voulu ou voulu imaginer qu’Ayrton soit tué, mais les circonstances m’ont tendu la main et c’est cette main qui m’a conduit à une carrière de 15 ans en Formule 1 » se souvient aujourd’hui Coulthard interrogé par le site de la F1.
Mais dès le Grand Prix suivant, en France, Williams, notamment sous la pression de Renault, décidait de remplacer le jeune Coulthard par le vétéran Nigel Mansell. Coulthard et Mansell permuteraient ensuite jusqu’à la fin d’année, comme si Williams ne faisait pas encore confiance à son ancien pilote d’essais.
Cependant, la mission qui avait été confiée à Coulthard, après Imola, était bien une « mission impossible », se remémore-t-il.
« Parce qu’il [Senna] était le meilleur, sinon l’un des meilleurs pilotes de l’histoire du sport... je n’aurais jamais pu le remplacer en tant que pilote. »
« Mais après avoir travaillé avec lui et passé du temps à faire des essais avec lui, je me suis rendu compte qu’il me soutenait incroyablement et c’est pourquoi j’ai obtenu ce volant, parce qu’il a vu en moi une éthique de travail et un engagement. »
« J’étais assis dans la Williams, je regardais le garage et je voyais Ayrton assis dans la Williams et [quand j’étais pilote d’essais] je me disais que la vie ne pouvait pas être plus belle que ça. Je me disais, je suis un fan de Formule 1, je suis assis dans la même voiture que l’un des meilleurs pilotes, si ce n’est le meilleur... En tant qu’individu, c’est un moment inoubliable. »
Une première victoire due à Senna
C’est donc avec Williams, à Estoril en 1995, que Coulthard remporta sa première victoire en F1.
Une victoire qu’il devait aussi aux conseils passés de Senna. Et Coulthard a un exemple précis et concret à donner.
« Il m’a donné des conseils, juste des petites choses, des choses que je trouvais idiotes. Il me disait par exemple : "Que fais-tu pour respirer ? »
« Et je lui disais : ’Qu’est-ce que tu veux dire ? »
« ‘Tu n’oublies pas de respirer ?’ me demandait-il.’ »
« J’ai répondu : ’Je n’y ai jamais pensé’. »
« Et il m’a dit : Je t’assure. Quand tu feras ton premier Grand Prix, tu seras essoufflé comme tu ne l’auras jamais été auparavant. Alors, souviens-toi toujours que lorsque tu arriveras sur la ligne droite, tu dois relâcher les mains du volant et respirer profondément. »
« J’en arrive à Estoril 1995… c’est mon 21ème Grand Prix, j’ai Schumacher derrière moi, j’ai une stratégie en trois arrêts aux stands, il est juste dans ma boîte de vitesses, je regarde mon muret des stands en pensant que je dois être au 25ème tour ou quelque chose comme ça ; c’était le 3ème tour. »
« Et je suis en train de faire de l’hyperventilation. Alors, je me suis souvenu qu’Ayrton m’avait dit de ne pas oublier de respirer et cela m’a calmé. »
« C’est une chose tellement simple, mais quand vous êtes dans le feu d’un Grand Prix et que vous êtes poursuivi par un pilote, il est si facile de l’oublier. »